Dans une salle sombre de l’hôpital de Toronto, ce 11 janvier 1922, l’atmosphère est lourde de désespoir. Des enfants gisent immobiles sur leurs lits, plongés dans un coma diabétique qui semble sans issue. Leurs visages pâles contrastent avec les yeux rougis de leurs parents, qui veillent en silence, résignés face à l’inévitable. L’odeur caractéristique de pomme flotte dans l’air, signe de l’acidocétose qui ravage leurs petits corps. Le temps semble suspendu, dans l’attente du Dr Frederick Banting qui s’apprête à tenter un traitement révolutionnaire. Il commence par le petit Leonard Thompson, 14 ans.
L’acidocétose diabétique est une complication grave du diabète, particulièrement fréquente chez les enfants atteints de diabète de type 1. Elle se caractérise par une accumulation excessive de corps cétoniques dans le sang, entraînant une acidité sanguine anormalement élevée. Les symptômes incluent une soif intense, des urines fréquentes, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et une haleine à odeur de pomme. Sans traitement, elle peut évoluer vers le coma et la mort.
Après l’injection d’insuline, un silence pesant s’installe dans la salle. Les parents retiennent leur souffle, osant à peine espérer. Les médecins observent attentivement, conscients qu’ils sont peut-être en train d’assister à un moment historique. Soudain, les signes vitaux des enfants commencent à s’améliorer. Leurs respirations deviennent plus régulières, leurs joues reprennent des couleurs. L’espoir renaît dans les yeux des parents.
Frederick Banting est un médecin et scientifique canadien né en 1891. Il est principalement connu pour sa découverte révolutionnaire de l’insuline. En 1920, Banting a l’idée d’isoler la sécrétion interne du pancréas pour traiter le diabète. Avec l’aide de Charles Best et sous la direction du Dr John Macleod à l’Université de Toronto, il commence ses recherches en mai 1921. En 1923, Banting reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine, conjointement avec John Macleod, « pour la découverte de l’insuline ».
Outre ses travaux sur l’insuline, Banting contribue significativement à la médecine aéronautique pendant la Seconde Guerre mondiale. Il étudie les effets des manœuvres de vol sur la circulation sanguine des pilotes et participe au développement de la combinaison anti-G. Banting s’implique également dans la recherche sur les armes chimiques et bactériologiques, ainsi que dans des études sur la silicose et le cancer.
Photos: Pinterest ; Banting, 1923, Wikipédia