UNE CATASTROPHE QUI NE MANQUE PAS DE SEL… DE SUCRE 📆 15 janvier 1919

Le 15 janvier 1919, Boston est le théâtre d’une catastrophe industrielle sans précédent : une vague de mélasse déferle sur la ville, semant la destruction et la mort sur son passage.

La grande inondation de mélasse de Boston se produit lorsqu’un immense réservoir contenant 8,7 millions de litres de mélasse se rompt soudainement dans le quartier North End. Une vague collante de 2,5 à 4,5 mètres de haut déferle à une vitesse estimée de 56 km/h dans les rues de la ville. Cette masse visqueuse et dense détruit des bâtiments, arrache des structures de leurs fondations et soulève même un train de ses rails. Le bilan est lourd : 21 personnes perdent la vie et 150 autres sont blessées. Le nettoyage de la ville nécessite plus de 87 000 heures de travail, et l’odeur de mélasse persiste pendant plusieurs années.

La mélasse impliquée dans cette catastrophe est un sous-produit industriel du raffinage du sucre. Elle se compose principalement de sucres résiduels, d’eau et de minéraux. Cette mixture contient environ 70% de saccharose, ainsi que du glucose, du fructose et divers nutriments issus de la canne à sucre. Sa densité élevée et sa viscosité la rendent particulièrement dangereuse en cas de déversement massif.

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Cette mélasse sert à plusieurs usages industriels importants. Elle est principalement utilisée pour la production d’alcool, notamment le rhum, et pour la fabrication d’éthanol destiné aux spiritueux et aux munitions. Elle sert également d’édulcorant, étant à l’époque le plus utilisé aux États-Unis. L’industrie agroalimentaire, la parfumerie et la pharmacie galénique l’utilisent aussi comme solvant.

Une si grande quantité de mélasse est stockée à Boston pour plusieurs raisons. Premièrement, la ville est un centre important de production d’alcool et d’éthanol. Deuxièmement, l’accident survient la veille de la ratification du XVIIIe amendement interdisant la production d’alcool, ce qui pourrait expliquer l’accumulation de stocks en prévision de cette prohibition imminente. Enfin, une partie de la mélasse est destinée à l’exportation, notamment vers l’Angleterre pour la production de spiritueux.

Encore aujourd’hui, certains Bostoniens affirment que lors des journées de grandes chaleurs, une légère odeur de mélasse flotte dans l’air, rappelant cette catastrophe survenue il y a plus d’un siècle.


Photo: vue du quartier après la vague de mélasse. Wikipédia