1ère PUBLICATION DES ROBINSONNADES D’ALEXANDER SELKIRK 📆 25 avril 1719

Le 25 avril 1719, Daniel Defoe publie à Londres un roman qui va marquer durablement la littérature mondiale : Robinson Crusoé, dont le titre complet en français est « La Vie et les Aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut vingt-huit ans sur une île inhabitée sur la côte de l’Amérique, près de l’embouchure du grand fleuve Orénoque, à la suite d’un naufrage où tous périrent à l’exception de lui-même, et comment il fut délivré d’une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrit par lui-même ».

Dans ce roman, on suit le jeune anglais Robinson Crusoé, avide d’aventures malgré les mises en garde de sa famille. Il quitte l’Angleterre, affronte les dangers de la mer, l’esclavage chez les Maures, puis la vie de planteur au Brésil. Mais c’est un naufrage sur une île déserte, au large de l’Amérique du Sud, qui bouleverse son destin. Seul survivant, il apprend à survivre avec les moyens du bord, récupère des outils sur l’épave, cultive la terre, élève des chèvres, lit la Bible et tient un journal. Pendant de longues années, il vit dans la solitude, jusqu’au jour où il sauve un indigène menacé par des cannibales. Il le nomme Vendredi, en souvenir du jour de leur rencontre. Ensemble, ils affrontent de nouveaux dangers, libèrent des prisonniers, et finissent par quitter l’île après vingt-huit ans d’isolement, retrouvant la civilisation et la fortune. Ce récit, inspiré d’un fait réel, devient rapidement un immense succès et donne naissance au genre de la « robinsonnade », ces histoires de survie et d’aventure sur une île déserte.

Daniel Defoe, l’auteur, est un homme aux multiples vies. Né à Londres vers 1660, il est commerçant, journaliste, pamphlétaire, agent politique et écrivain. Engagé dans les débats de son temps, il connaît la prison à cause de ses écrits satiriques et politiques, et travaille même comme agent secret. Sa plume réaliste et son sens de l’observation font de lui l’un des pionniers du roman moderne, avec des œuvres majeures comme Moll Flanders ou Robinson Crusoé.

Le personnage de Robinson s’inspire directement de l’histoire d’Alexander Selkirk, marin écossais abandonné volontairement sur l’île de Más a Tierra, dans l’archipel Juan Fernández, au large du Chili. En 1704, alors qu’il est navigateur à bord du Cinque Ports lors d’une expédition corsaire dans le Pacifique, il entre en conflit avec le capitaine Thomas Stradling au sujet de l’état du navire, qu’il juge trop délabré pour continuer la traversée. Selkirk est débarqué et survit seul sur l’île pendant plus de quatre ans, chassant, pêchant, et affrontant la solitude, avant d’être secouru. Ironiquement, il a raison sur le danger : quelques semaines plus tard, le Cinque Ports fait naufrage, causant la mort de la moitié de l’équipage. Son incroyable aventure fascine l’Angleterre et offre à Defoe la matière de son roman.

L’île qui accueille Selkirk, rebaptisée depuis « île Robinson Crusoé », est aujourd’hui une réserve de biosphère chilienne réputée pour sa biodiversité et ses paysages spectaculaires. Peu habitée, elle attire chercheurs, aventuriers et curieux venus marcher sur les traces du célèbre naufragé.

Dans le roman, Vendredi incarne l’archétype du jeune indigène tel que l’imaginent les Européens du XVIIIe siècle. Il est docile, joyeux, curieux, et devient le fidèle compagnon de Robinson, qui lui enseigne la langue, la religion et les coutumes occidentales. Cette relation, marquée par la domination coloniale, reflète les stéréotypes de l’époque et la vision d’un « bon sauvage » à civiliser.

Dès sa sortie, Robinson Crusoé rencontre un succès fulgurant. Il est rapidement traduit, lu dans toute l’Europe, et influence durablement la littérature, la philosophie et même l’économie. Le roman inspire de nombreux auteurs et pédagogues, et devient un mythe universel, symbole de résilience, d’ingéniosité et de confrontation à la solitude.

Face à cet engouement, Defoe publie la même année une suite, Les Nouvelles Aventures de Robinson Crusoé. On y retrouve le héros, incapable de s’adapter à la vie anglaise, qui repart sur son île puis voyage en Asie, en Chine et en Sibérie, affrontant de nouveaux dangers et poursuivant sa quête d’aventure. Cette suite approfondit la réflexion sur la civilisation, la religion et le commerce, tout en conservant l’esprit d’aventure du premier volume.


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