Le 13 juin 1897, John Bacon Curtis disparaît, emportant avec lui l’histoire fascinante d’un homme qui, parti de rien, a su transformer une idée simple en une réussite industrielle majeure. Son parcours, marqué par la ténacité, l’ingéniosité et le sens du commerce, laisse une empreinte durable dans la vie quotidienne de millions de personnes. Mais derrière ce nom, quel est donc le produit qui a changé sa vie et celle de tant d’autres ?
Qu’est-ce que John B. Curtis a inventé dans sa jeunesse et qui a fait sa fortune ?
A) La machine à coudre
B) Le chewing-gum
C) Les bretelles
D) Le bacon en fines tranches
Sommaire
Une jeunesse laborieuse
John B. Curtis voit le jour en 1827 à Hampden, dans le Maine, au sein d’une famille modeste. Très tôt, il se retrouve confronté à la dure réalité du travail manuel. Il quitte l’école avant d’obtenir un diplôme afin d’aider sa famille à subvenir à ses besoins. Il enchaîne les emplois agricoles, puis devient « swamper », chargé de dégager les broussailles et d’ouvrir des routes dans les forêts du Maine, un travail exigeant physiquement et peu rémunéré. Cette jeunesse marquée par l’effort forge chez lui une grande résilience et un solide sens des responsabilités. Il apprend à s’adapter, à travailler dur et à ne jamais reculer devant la difficulté, autant de qualités qui lui serviront plus tard dans sa carrière d’entrepreneur1.
L’étincelle de l’innovation
En 1848, la famille Curtis s’installe à Bangor, une ville dynamique grâce à l’industrie du bois. C’est là que John, observateur attentif, remarque une coutume locale : les bûcherons mâchent de la résine d’épicéa pour se rafraîchir la bouche et tromper l’ennui. Cette habitude, anodine en apparence, éveille sa curiosité. Avec l’aide de son père, il décide de transformer cette résine en un produit plus accessible et agréable. Ils commencent à fabriquer, sur une simple cuisinière domestique, leurs premiers lots de gomme à mâcher, qu’ils emballent sous le nom de « State of Maine Pure Spruce Gum ». Cette première tentative artisanale marque le début d’une aventure entrepreneuriale hors du commun.
Un entrepreneur sur les routes
Les débuts sont loin d’être faciles. Les commerçants locaux accueillent la nouveauté avec scepticisme et les ventes peinent à décoller. Refusant de baisser les bras, Curtis adopte une stratégie audacieuse : il devient vendeur itinérant. Il sillonne la Nouvelle-Angleterre, puis des régions plus éloignées, transportant ses boîtes de gomme de ville en ville, frappant aux portes, discutant avec les clients potentiels et leur faisant goûter son produit. Cette approche directe, exigeante et solitaire, lui permet de créer une première clientèle fidèle et d’installer peu à peu son invention dans les habitudes de consommation. Curtis incarne alors l’entrepreneur autodidacte, prêt à tout pour imposer son idée sur le marché1.
L’industrialisation
Face à l’augmentation de la demande, Curtis franchit une nouvelle étape. Avec son père, il fonde la société Curtis & Son et installe une usine à Portland, Maine. Il embauche jusqu’à 200 ouvriers et investit dans la mécanisation de la production, développant des machines capables de fabriquer jusqu’à 1 800 boîtes de chewing-gum par jour. Innovant sans relâche, il diversifie les saveurs et lance des marques comme « Licorice Lulu », « Yankee Spruce » ou « White Mountain ». Plutôt que de déposer des brevets, il préfère garder ses procédés secrets, misant sur la qualité et la variété pour fidéliser sa clientèle. Son slogan résume son éthique commerciale : « Donnez à un homme tout ce que vous pouvez pour son argent, tout en réalisant un profit équitable pour vous-même. » Par son audace et son sens de l’innovation, Curtis pose les bases de l’industrie moderne du chewing-gum.
Illustration: John Bacon Curtis, Geneaological and Family History, p526