Le 29 juillet 1939, au terme d’une année marquée par un drame bouleversant, Marseille voit naître le Bataillon de marins-pompiers. Cette unité militaire spéciale entre en scène pour protéger la ville, forte de son histoire, de ses besoins spécifiques et de la volonté de bâtir un modèle d’excellence en matière de sécurité incendie.
Tout commence le 28 octobre 1938, sur la mythique Canebière, dans le grand magasin des Nouvelles Galeries. Ce jour-là, en début d’après-midi, un incendie éclate brutalement. Probablement dû à un mégot mal éteint ou une imprudence lors des travaux de modernisation, le feu embrase rapidement l’intérieur, attisé par un mistral violent. Le bois, les tapis épais et les tentures favorisent une propagation fulgurante. Marseille assiste alors à une scène dramatique : les pompiers municipaux arrivent, mais sont vite dépassés. Leur matériel vétuste, des échelles trop courtes, un réseau d’eau insuffisant, une pression faible, et l’absence de coordination rendent l’intervention très difficile. Le chef du corps est blessé, la foule immense – près de 10 000 personnes – bloque l’accès au sinistre, et les secours ont du mal à organiser leurs actions.
Ce sont les marins-pompiers de Toulon, plus équipés et disciplinés, qui viennent finalement en renfort et contrôlent le feu. Malgré leurs efforts héroïques, le bilan est lourd : 73 morts, principalement des employés et clientes du magasin, ainsi que de nombreux blessés. Le choc est immense pour Marseille et pour la France. Cette catastrophe révèle une urgence : réformer la sécurité incendie de la ville, moderniser les moyens et moderniser l’organisation pour éviter que cette tragédie ne se reproduise.
Ainsi, le gouvernement décide, sous l’impulsion d’Édouard Daladier, président du Conseil, de confier à une unité militaire le rôle de protection incendie. Le 29 juillet 1939, naît officiellement le Bataillon de marins-pompiers de Marseille, un corps professionnel, rigoureux et apolitique, directement rattaché à la Marine nationale. Cette unité remplace le corps municipal et vient avec des équipements modernes, une formation militaire et une discipline prolongée qui garantissent une efficacité accrue.
Cette création s’inscrit dans une histoire particulière où seules deux villes françaises bénéficient de brigades de pompiers militaires : Paris, avec sa célèbre Brigade de sapeurs-pompiers rattachée à l’Armée de Terre suite à l’incendie de l’ambassade d’Autriche en 1810, et Marseille, avec son bataillon naval. Ces villes, toutes deux stratégiques – Paris en tant que capitale politique et Marseille comme premier port méditerranéen –, requièrent ce statut militaire pour assurer une mobilisation rapide et une gestion rigoureuse des crises.
Le modèle militaire présente plusieurs atouts : hiérarchie stricte, formation permanente et neutralité politique. Cette organisation ne pourrait cependant pas être généralisée à tout le territoire français – trop coûteux -, mais cela ne signifie pas que nos sapeurs-pompiers civils, professionnels ou volontaires, ne couvrent pas tout aussi efficacement les besoins via les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS).
Illustration: photos © Marins-pompiers de Marseille
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