Herbert George Wells auteur de La guerre des mondes et de L'homme invisible

LE CRÉATEUR DE « L’HOMME INVISIBLE » DISPARAÎT 📆 13 août 1946

Le 13 août 1946, Herbert George Wells s’éteint à Londres à l’âge de 79 ans. Sa mort marque la fin d’une époque pour la littérature d’anticipation et la pensée sociale. Visionnaire, auteur prolifique, polémiste et intellectuel engagé, Wells consacre sa vie à imaginer les futurs possibles de l’humanité, tout en questionnant ses choix. S’il éprouve, dans ses dernières années, une profonde désillusion face aux guerres mondiales et à la montée des régimes autoritaires, il laisse derrière lui une œuvre qui continue de nourrir la réflexion et d’inspirer créateurs et chercheurs à travers le monde.

Un pionnier de la science-fiction moderne

H.G. Wells séduit par une imagination foisonnante et sa capacité rare à associer la rigueur scientifique à une réflexion philosophique et sociale. Ses romans les plus célèbres — La Machine à explorer le temps (1895), L’Île du docteur Moreau (1896), L’Homme invisible (1897) et La Guerre des mondes (1898) — deviennent très vite des classiques universels. Ils abordent des thèmes allant des dangers du progrès scientifique à la rencontre avec l’Autre, qu’il soit extraterrestre ou issu d’expériences humaines radicales. En plaçant l’humain au cœur de récits extraordinaires, Wells invente une science-fiction engagée qui parle autant de notre futur que de notre présent.

Romancier et un réformateur social

Wells ne limite pas sa plume à l’anticipation scientifique. Il écrit des romans sociaux comme Kipps ou Tono-Bungay, ainsi que des essais visionnaires sur la politique et la société. Utopiste et socialiste, il imagine un État mondial pacifique, fondé sur la coopération et le partage du savoir. Ses écrits comme Une histoire des temps à venir ou Anticipations expriment à la fois un idéal de progrès et une crainte des dérives technologiques et politiques. En cela, il se rapproche des grands penseurs qui considèrent la littérature comme un outil de réforme et de prise de conscience collective.

Un innovateur dans le monde du jeu

En 1913, Wells publie Little Wars, le premier manuel de règles de wargame de loisirs. Dans ce livre, il formalise un système simple et accessible pour jouer à la guerre avec des soldats miniatures, cavalerie et artillerie, le tout sur un terrain aménagé. Contrairement aux Kriegspiel militaires de l’époque, ces règles se veulent amusantes et compréhensibles par tous. Wells y voit un moyen pacifique d’apprendre la stratégie et de stimuler l’imagination. Sans le savoir, il pose les fondations des jeux de figurines modernes, influençant des géants comme Warhammer ou Flames of War un siècle plus tard.

Wells et deux autres wargamers pratiquant un jeu de guerre selon les règles de Little Wars. - Wikipédia

Wells et deux autres wargamers pratiquant un jeu de guerre selon les règles de Little Wars. – Wikipédia

Des visions technologiques en avance sur leur temps

L’écriture de Wells dépasse le simple cadre du roman : elle anticipe des technologies qui bouleverseront le monde. Voyage dans le temps, bombes atomiques, chars d’assaut, voyages spatiaux, télévision par satellite, et même un « cerveau mondial » ressemblant à Internet et Wikipédia… Nombre de ces inventions apparaissent dans ses récits longtemps avant leur réalisation. Certaines idées, comme la bombe nucléaire décrite dans The World Set Free (1914), influenceront même des scientifiques de son époque. Ce lien entre imagination et avancées concrètes fait de Wells non seulement un écrivain, mais aussi un visionnaire scientifique.

Aujourd’hui encore, près de 80 ans après sa disparition, H.G. Wells continue de façonner notre culture. Ses œuvres restent étudiées, adaptées au cinéma, transposées en bandes dessinées, en séries, en jeux vidéo. Ses réflexions sur le progrès, la guerre et la responsabilité humaine résonnent avec une actualité marquée par les bouleversements technologiques et les crises mondiales. Que ce soit autour d’une table de jeu, dans les salles de cinéma ou dans les laboratoires, son influence reste palpable. Wells n’a pas seulement imaginé des mondes : il a donné à ses lecteurs les outils pour comprendre et interroger le nôtre.


Principales règles de Little Wars

  • Chaque joueur constitue une armée composée de soldats d’infanterie, de cavalerie et de canons, avec un total de points autour de 150 (1 point par fantassin, 1,5 par cavalier, 10 par canon).
  • Le terrain de jeu, appelé « le Pays », est aménagé avec des décors réalistes, et les figurines doivent être placées en respectant un espace minimal pour les déplacements et tirs.
  • Le jeu se déroule en tours chronométrés, d’environ une minute pour 30 soldats et un canon. Pendant son tour, le joueur déplace ses unités selon des distances prédéfinies (1 pied pour les fantassins, 2 pieds pour la cavalerie) et utilise l’artillerie.
  • Les canons sont activables seulement s’ils sont escortés par au moins quatre soldats à moins de six pouces.
  • Le combat se résout par le tir de projectiles miniatures : un soldat touché est considéré comme tué.
  • Les combats rapprochés (mêlées) interviennent lorsqu’unités ennemies sont proches. Des règles spécifiques déterminent pertes et prisonniers selon le nombre d’assaut et de défenseurs.
  • Les prisonniers peuvent être escortés et ramenés derrière les lignes pour réarmement.
  • La victoire se gagne en atteignant la ligne arrière adverse avec suffisamment d’hommes ou en éliminant de manière significative les forces ennemies.

Ces règles simples posent les bases des wargames modernes en figurines, mêlant tactique, stratégie et immersion ludique.


Illustration:
– H. G. Wells en 1920, photographie de George Charles Beresford. – Wikipédia
– Illustration d’un tripode dans l’édition belge de 1906 signée Henrique Alvim Corrêa. – Wikipédia
– Couverture de l’édition originale anglaise de 1897. – Wikipédia

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