Le 6 septembre 1519, François Ier, roi visionnaire, signe lâacte de naissance du chĂąteau de Chambord. Ce jour-lĂ , il ordonne que commence la construction de ce qui nâest dâabord quâun chĂąteau de chasse, nichĂ© au milieu des terres marĂ©cageuses entre la Grande Sologne et le BlĂ©sois. Son rĂȘveâŻ: faire surgir de la forĂȘt un chef-dâĆuvre architectural qui affirme la splendeur et la puissance de la monarchie française.
Sommaire
Un paysage entre Blésois et Sologne
Ă lâaube de sa construction, le chĂąteau de Chambord sâĂ©lĂšve dans une nature Ă lâĂ©tat brut. Dâun cĂŽtĂ© sâĂ©tend la Grande Sologne, vaste territoire de forĂȘts, dâĂ©tangs et de marais, longtemps synonyme de pauvretĂ©, dâisolement et de terres humides oĂč la vie se montre rude. De lâautre, le BlĂ©sois, rĂ©gion de transition autour de la ville de Blois, offre la douceur des piĂ©monts ligĂ©riens, mĂȘlant forĂȘts, ruisseaux et villages traditionnels, marquĂ©s par lâhistoire du comtĂ© de Blois et son patrimoine royal.
François Ier Ă©tablit Chambord sur cette frontiĂšre naturelle, sĂ©duit par la richesse cynĂ©gĂ©tique de la Sologne et la proximitĂ© stratĂ©gique de Blois. Le roi rĂȘve dâun palais de chasse grandiose capable de magnifier ses exploits et dâimpressionner ambassadeurs et courtisans dans un paysage mystĂ©rieux et sauvage.
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La Sologne, terre de rudesse
La Sologne, et en particulier la Grande Sologne, incarne durant des siĂšcles le visage dâune campagne française rudeâŻ: marĂ©cages, maladies, cultures difficiles, population analphabĂšte⊠De nombreux ouvrages, tels «âŻLa Sologne traditionnelleâŻÂ» de GĂ©rard Bardon ou «âŻLa vie rurale en Sologne aux XIVe et XVe siĂšclesâŻÂ» dâIsabelle GuĂ©rin, tĂ©moignent de la misĂšre, de lâisolement et du courage de ses habitants confrontĂ©s Ă la duretĂ© du rĂ©el. La littĂ©rature solognote des XIXe et XXe siĂšcles, Ă travers des romans comme «âŻMartin lâenfant trouvĂ©âŻÂ» dâEugĂšne Sue ou les rĂ©cits de François Barberousse, humanise les figures de ces paysans, pour beaucoup prisonniers de la pauvretĂ© et du travail sempiternel de la terre.
Entre évolution et renaissance
Lâapparence actuelle du domaine de Chambord rĂ©sulte dâun long processus. Au XVIIIe siĂšcle, de grands amĂ©nagements transforment le parc avec lâassainissement des terres, la canalisation du Cosson et la crĂ©ation des jardins Ă la française. Ces travaux achĂšvent de donner au domaine sa monumentalitĂ©, enserrĂ©e dans un mur de 32âŻkm.
Au XIXe siĂšcle, NapolĂ©on III marque Ă son tour la Sologne. Conscient de la misĂšre qui frappe ses habitants, il engage une politique de modernisationâŻ: construction de routes agricoles, assainissement des terres, crĂ©ation de canaux et fondation de fermes modĂšles changent peu Ă peu le visage de la rĂ©gion. Son action dĂ©senclave la Sologne, stoppe la dĂ©sertification et injecte un espoir de prospĂ©ritĂ© dans une terre longtemps oubliĂ©e.
Mais câest au XXIe siĂšcle, avec la restitution fidĂšle des parterres en 2017, que le chĂąteau retrouve toute sa magie dâorigine, invitant les visiteurs Ă contempler ce palais des rĂȘves, flottant entre la grandeur de la Renaissance et la nature luxuriante de la Sologne.
Illustration: Tableau reprĂ©sentant le chĂąteau et son domaine rĂ©alisĂ© en 1722 par Pierre-Denis Martin. – WikipĂ©dia
