Scène culte du film L'Exorciste

« TA MÈRE SUCE DES [biiip] EN ENFER ! » 📆 11 septembre 1974

Le 11 septembre 1974, le film « L’Exorciste » sort en France, provoquant un véritable séisme dans le paysage cinématographique. Ce chef-d’œuvre de l’horreur, réalisé par William Friedkin, attire plus de 5,3 millions de spectateurs lors de sa sortie initiale, établissant un record pour un film d’horreur dans l’Hexagone. Aujourd’hui encore, « L’Exorciste » détient le record d’entrées en France pour un film d’horreur, avec un total de 6 699 322 entrées en comptant les ressorties.

Le film

Le film raconte l’histoire de Regan MacNeil, une fillette de 12 ans qui commence à manifester un comportement étrange et inquiétant. Sa mère, Chris MacNeil, une actrice célèbre, est désemparée face aux changements radicaux de sa fille et aux phénomènes inexpliqués qui se produisent autour d’elle. Après avoir épuisé toutes les options médicales sans obtenir de diagnostic clair, Chris se tourne vers l’Église catholique, soupçonnant une possible possession démoniaque. Deux prêtres, le père Lankester Merrin et le père Damien Karras, tentent alors de libérer Regan de l’entité démoniaque qui la possède à travers un exorcisme intense et terrifiant.

Depuis sa sortie, « L’Exorciste » a donné naissance à une franchise comprenant plusieurs suites et œuvres dérivées. Parmi les suites cinématographiques, on compte « L’Exorciste II : L’Hérétique » (1977), « L’Exorciste III » (1990), « L’Exorciste : Au commencement » (2004), « Dominion: Prequel to the Exorcist » (2005), et plus récemment « L’Exorciste : Dévotion » (2023). Une série télévisée intitulée « L’Exorciste » a également été diffusée de 2016 à 2017. La franchise a aussi inspiré des parodies comme « Repossessed » (1990) et « Scary Movie 2 » (2001), témoignant de son impact durable sur la culture populaire.

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L’exorcisme aujourd’hui

La pratique se poursuit

En 2025, dans une société marquée par la rationalité et le scepticisme, la quête d’exorcisme se maintient discrètement au fil des années. Des hommes et des femmes, parfois bouleversés par des phénomènes inexpliqués ou accablés par une souffrance qu’ils jugent d’origine surnaturelle, se tournent encore vers l’Église pour chercher une délivrance. Les prêtres exorcistes, désignés par leur évêque, reçoivent ces personnes, les écoutent avec humanité, puis discernent : s’agit-il d’une détresse psychologique, d’une maladie ou d’un trouble spirituel ? La préparation à l’exorcisme intègre aussi un volet médical, car l’Église refuse toute dérive superstitieuse ou abus envers les plus vulnérables. Les demandes, loin d’avoir disparu, persistent, et la pratique s’entoure aujourd’hui d’une grande prudence, de confidentialité et de respect de la personne.

Qu’est-ce qu’un exorcisme ?

Au cœur de la tradition chrétienne, l’exorcisme vise à libérer une personne, un lieu ou un objet de ce qui est interprété comme une emprise démoniaque, une possession ou une influence occulte. Lorsqu’une famille traverse une tempête d’angoisses, lorsqu’un individu se sent prisonnier d’un mal invisible et inexplicable, le recours au rituel d’exorcisme apparaît parfois comme l’ultime espoir. Cette cérémonie n’est jamais anodine : elle est abordée avec gravité, foi et discernement. L’exorciste incarne alors une médiation entre la personne souffrante, la communauté de l’Église et la transcendance, appelant explicitement l’aide divine pour restaurer la paix et la liberté.

Jésus et ses disciples

Au commencement de la tradition chrétienne, les récits évangéliques placent Jésus, « exorciste » par excellence, au centre d’un affrontement avec le mal invisible. Dans une synagogue, il délivre un homme, sous l’œil stupéfait de la foule ; sur la rive du lac de Tibériade, il libère le possédé de Gérasa d’« une légion » de démons qui s’enfuient dans un troupeau de porcs ; il redonne aussi la parole à des muets et délivre des enfants d’esprits malins. Jésus intervient sans crainte, par la simple autorité de sa parole, et offre à ses disciples le pouvoir d’accomplir à leur tour de tels gestes de délivrance. Les Actes des Apôtres montrent Pierre, Paul et les premiers chrétiens perpétuant ce ministère de libération, posant le geste de la main, proclamant la parole, priant avec foi pour la guérison et la liberté. Cette chaîne de foi, d’audace et de compassion relie jusqu’à aujourd’hui les exorcistes à leur mission première : rendre toute personne à la lumière.

Une liturgie codifiée

Aujourd’hui, avant tout, le parcours vers l’exorcisme commence par une minutieuse évaluation. Un dialogue s’instaure, associant parfois psychologues et médecins pour écarter les troubles psychiatriques ou neurologiques. Lorsque l’exorcisme est retenu, le rituel s’ouvre dans la sobriété : le prêtre, revêtu de l’aube et de l’étole violette, fait son entrée avec humilité et gravité dans le lieu de célébration. Il effectue le signe de croix, salue l’assemblée, puis procède à l’aspersion d’eau bénite, symbole de purification collective. Suit une liturgie de la Parole, où des passages bibliques, psaumes et évangiles sont proclamés pour rappeler la force libératrice de Dieu.

Vient alors l’imposition des mains, geste ancestral de bénédiction et d’intercession : le prêtre touche la tête de la personne et prie pour sa délivrance, tandis que la communauté, parfois constituée de proches, soutient dans la prière silencieuse. Les formules d’exorcisme – des prières à Dieu, suivies parfois d’une injonction directe adressée à l’esprit mauvais – sont récitées avec ferveur : « Je t’ordonne, esprit impur, au nom du Christ, de quitter ce serviteur de Dieu. » Parfois, un souffle symbolique ou le geste de la croix viennent renforcer l’action liturgique. Le rituel se conclut par des prières de protection, une bénédiction et, pour tous, l’action de grâce pour la libération obtenue ou espérée. Tout se déroule dans une atmosphère recueillie, sans effet spectaculaire, mais avec une intensité humaine et spirituelle forte.

Exorcismes célèbres

À travers les siècles, certains exorcismes marquent les esprits par leur intensité ou leurs conséquences. Anneliese Michel, jeune Allemande du XXe siècle, endure des dizaines de séances réunissant prêtres et proches : sa tragique mort interroge la frontière entre foi et troubles mentaux, mais son histoire inspire cinéma et littérature. Aux États-Unis, dans les années 1940, le jeune Roland Doe fascine l’Amérique : ses crises inexpliquées, les objets qui volent, la résistance aux rites sacrés deviennent la base du roman et du film « L’Exorciste ». D’autres, comme le cas extrême de Tanacu en Roumanie ou le supplice de Martha Brossier sous Henri IV, illustrent les dangers de l’excès et la nécessité de discernement. Derrière chaque cas, l’histoire d’une famille, d’une communauté, d’un prêtre ému par la détresse et bouleversé par le mystère de la souffrance humaine demeure incontournable.

Un acte de foi vivant et discret

Sous ses airs mystérieux, l’exorcisme témoigne avant tout d’une profonde humanité. Prêtre et fidèle cheminent ensemble à travers la peur, la honte ou la culpabilité. Le rituel ne vise pas l’effet, mais la consolation, l’espérance, la reconstruction du lien abîmé entre l’être humain et lui-même, entre une personne fragilisée et la communauté. Derrière la prière fervente et le geste liturgique, il s’agit de prendre soin, d’écouter avec respect une souffrance souvent indicible : l’exorcisme devient, dans sa modestie, l’image d’une Église qui refuse d’abandonner celles et ceux que le mal semble terrasser. En 2025, ce rite surprend encore par sa force discrète : dans le silence d’une chapelle ou le secret d’un bureau, il unit détresse humaine et espérance spirituelle, au cœur du grand récit de la foi vivante.


Illustration: Scène culte du film