Le 16 septembre 1974 naît sur la troisième chaîne couleur de l’ORTF une émission pas comme les autres. Ce jour-là, les petits Français découvrent un univers enchanté, peuplé de créatures douces et farfelues, avec pour guide un dinosaure orange au grand cœur : Casimir. L’Île aux enfants, pensée pour rassurer et éveiller les enfants à l’orée de la vie scolaire, devient instantanément un rendez-vous incontournable des fins d’après-midi.
Sommaire
Les débuts inspirés de Sesame Street
Au commencement, L’Île aux enfants n’est pas seulement une émission originale. Son essor s’appuie sur l’adaptation française du programme éducatif américain Sesame Street, créé dans l’intention d’éveiller les enfants par la télévision. À la rentrée 1974, l’émission se construit autour de modules importés, rebaptisés « Bonjour Sésame ». Ces séquences, combinant marionnettes, chansons et enseignements, s’insèrent dans le programme pour constituer la moitié de l’émission.
C’est pour compléter le temps restant que Christophe Izard conçoit la séquence de Casimir, donnant naissance à l’île qui deviendra bientôt indépendante. Dès janvier 1976, la part américaine disparaît : la production prend son envol avec des créations 100 % françaises, mais garde toujours ce souci d’apprendre en s’amusant.
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Une île merveilleuse pour grandir
L’Île aux enfants accueille chaque téléspectateur dans un « pays joyeux des enfants heureux ». Casimir, créature orange à pois jaunes inventée par Christophe Izard et Yves Brunier, règne sur cette île avec sa tendresse et sa passion pour le gloubi-boulga, mélange improbable devenu culte.
Aux côtés de Casimir évoluent François, l’animateur adulte complice, Julie et son kiosque de bonbons, Hippolyte le cousin vert et maladroit, Léonard le renard, M. du Snob l’aristocrate fantasque, Mlle Futaie et le facteur Émile. Chacun incarne la bienveillance, la gentillesse ou la drôlerie, invitant les enfants à explorer chaque petit défi de la vie quotidienne avec humour et curiosité.
Des programmes qui font rêver
Dans la cabane de Casimir et sur la place du village, l’émission alterne histoires tendres, jeux, chansons et modules éducatifs originaux. Le programme débute en partie avec « Bonjour Sésame », pour aider les plus jeunes à franchir le cap entre maternelle et école.
Dès 1976, L’Île aux enfants devient 100% française. Les enfants s’amusent avec Gribouille, la main qui dessine, la Noiraude, vache philosophe, la Linea avec son trait animé, ou encore les marionnettes d’Albert et Barnabé, Antivol l’oiseau mécanique, les Kanapouts et les Petites Voitures. Aucune journée ne ressemble à une autre, et chaque épisode offre une aventure à vivre ou un conseil pour se sentir grandir.
La recette mythique du gloubi-boulga
Si Casimir fascine, c’est aussi grâce à son fameux gloubi-boulga, ce plat tout droit sorti d’une imagination d’enfant affamé. L’ingrédient secret ? Mélanger dans un grand saladier de la confiture de fraises, des bananes écrasées, du chocolat râpé, de la moutarde forte, une saucisse de Toulouse crue mais tiède… et parfois une touche d’anchois ou de chantilly lorsque Casimir se montre audacieux. Ce plat, véritable clin d’œil à l’époque et à l’art du grand n’importe quoi culinaire, dépasse largement l’écran pour devenir un mot du langage populaire et une madeleine de Proust pour plusieurs générations.
Une tendre concurrence
Aux côtés de Casimir, d’autres émissions jeunesse marquent la télévision de leur empreinte : Récré A2 sur Antenne 2 avec Dorothée, Les Visiteurs du Mercredi sur TF1, Croque Vacances ou encore FR3 Jeunesse et Le Village dans les Nuages. Ces programmes rivalisent d’imagination, de nouveaux dessins animés, de marionnettes et de fables qui forgent la culture télé des enfants des années 70 et 80. L’Île aux enfants, elle, reste la pionnière, celle qui apprend à conjuguer le verbe s’amuser, à rêver et à grandir tout en douceur.
L’histoire de Casimir et de son île résonne aujourd’hui comme un merveilleux moment de télévision, une parenthèse enchantée qui continue d’inspirer la nostalgie et la joie aux petits et aux grands.
Illustration: Casimir et Julie la vendeuse de bonbons (Éliane Gauthier, née le 20 mars 1937, décédée le 29 septembre 2019)