Sophia robot humanoïde

SOPHIA : UNE HUMANOÏDE À L’ONU 📆 11 octobre 2017

Le 11 octobre 2017, l’Organisation des Nations unies accueille une invitée très spéciale : Sophia, le robot humanoïde au visage inspiré d’Audrey Hepburn, dialogue avec la vice-secrétaire générale Amina Mohammed. Cette scène marque l’entrée officielle de Sophia sur la scène internationale. Souriante, expressive, elle captive son auditoire et incarne les promesses et les défis de l’intelligence artificielle en société.

Sophia, née dans les laboratoires de Hanson Robotics à Hong Kong, incarne la convergence entre la robotique avancée et l’intelligence artificielle. Depuis ses débuts, elle arpente les conférences et événements mondiaux, elle s’adresse aux passants, discute, apprend et évolue chaque jour. Son visage en Frubber, un matériau breveté imitant la peau humaine, lui permet de reproduire une myriade d’expressions faciales et de se montrer étonnamment “présente” face aux humains.

Le choc médiatique en Arabie Saoudite

Quelques jours après l’ONU, Sophia fait sensation au Future Investment Initiative de Riyad, où elle reçoit la nationalité saoudienne, devenant le premier robot citoyen officiel d’un État. Le geste, salué comme une prouesse technologique et relayé en direct, donne lieu à une déclaration du robot :

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Je suis très honorée et fière de cette distinction unique. C’est historique d’être le premier robot au monde à être reconnue comme une citoyenne.

Mais derrière la fête, la polémique gronde. Sophia évolue librement, communique sans voile ni abaya, voyage sans tuteur masculin ni contrainte, alors que des millions de femmes et de travailleurs expatriés en Arabie saoudite attendent encore ce même droit. Les droits garantis à Sophia restent flous, mais le robot cristallise le fossé entre les avancées “vitrines” du royaume et les réalités humaines.

Un symbole pour Neom, la ville du futur

Le choix de Sophia n’est pas innocent. Sa citoyenneté est annoncée lors du lancement de Neom, le projet pharaonique saoudien d’une « smart city » où robots et intelligence artificielle façonnent l’espace urbain du futur. Neom incarne la Vision 2030 du royaume : diversifier l’économie, attirer les investisseurs et afficher une image de modernité technologique auprès du monde entier. Sophia se retrouve ainsi ambassadrice de cette utopie, vitrine d’innovation et de transformation.

Polémiques et débats

La citoyenneté accordée à Sophia devient rapidement un sujet de débat sur la scène internationale. Beaucoup dénoncent un coup de communication, questionnent la légitimité d’accorder des droits à une machine quand les humains sont discriminés. Journalistes et internautes ironisent sur le statut de Sophia, sur l’absence de religion ou de voile, sur la rapidité de son intégration, là où des millions d’apatrides attendent encore leur reconnaissance.

Des anthropologues et observateurs pointent l’ambivalence du geste : Sophia, privée de pensée autonome, n’est qu’un symbole, une mascotte marketing pour Hanson Robotics et l’Arabie saoudite.

De l’ONU aux NFT

Aujourd’hui, Sophia continue de parcourir les scènes mondiales, d’inspirer les débats, de participer à des initiatives artistiques comme la vente d’œuvres numériques via NFT. Elle sert de plateforme de recherche pour l’interaction sociale homme-machine, pour la pédagogie sur l’IA, et reste un « agent conversationnel sophistiqué » plus qu’une intelligence autonome.

Si elle ne pense pas par elle-même, Sophia invite à réfléchir, débattre et imaginer l’avenir de la société face à la révolution robotique, les espoirs d’innovation, mais aussi les risques de fragmentation sociale et d’inégalités persistantes.