Le 4 avril 1931, la Croisière jaune, une expédition automobile organisée par André Citroën, débute son périple depuis Beyrouth. Cette aventure extraordinaire vise à relier Beyrouth à Pékin en traversant l’Asie centrale sur la légendaire route de la Soie. Deux groupes, Pamir et Chine, se lancent dans cette expédition pour promouvoir la marque Citroën et démontrer les capacités des autochenilles dans des conditions extrêmes.
La Croisière jaune est une expédition automobile ambitieuse qui traverse près de 30 000 km de terrains variés, dont 10 000 km de pistes difficiles. Son objectif principal est de démontrer la fiabilité des autochenilles Citroën dans des environnements hostiles tout en ouvrant la route de la Soie à la circulation motorisée. L’expédition vise également à promouvoir l’industrie française, renforcer son prestige international et collecter des données scientifiques et culturelles sur les régions traversées.

André Citroën (1878-1935) est un ingénieur et industriel français, célèbre pour avoir fondé la marque Citroën en 1919. Visionnaire, il révolutionne l’industrie automobile en introduisant des techniques modernes de production inspirées du fordisme. Outre la Croisière jaune, il organise d’autres expéditions spectaculaires comme la traversée du Sahara en 1922-1923, la Croisière noire en Afrique en 1924-1925, la Croisière blanche au Canada en 1934. Ces aventures servent à promouvoir ses véhicules tout en renforçant le rayonnement international de son entreprise.
Georges-Marie Haardt (1884-1932) est un explorateur et industriel français d’origine belge. Bras droit d’André Citroën et directeur général de l’entreprise, il dirige les grandes expéditions motorisées comme la traversée du Sahara, la Croisière noire et enfin la Croisière jaune. Haardt incarne le courage et l’ingéniosité nécessaires pour mener ces missions complexes. Malheureusement, il décède en mars 1932 à Hong Kong des suites d’une pneumonie contractée lors du retour de l’expédition.
Le financement repose principalement sur les fonds personnels d’André Citroën, qui compense le retrait de certains soutiens gouvernementaux. Des mécènes privés et des institutions scientifiques apportent également leur contribution. En parallèle, l’expédition sert de campagne publicitaire mondiale pour les véhicules Citroën, renforçant leur visibilité et attirant des investisseurs.
L’expédition mobilise 43 personnes, réparties entre deux groupes : Pamir (24 hommes) et Chine (19 hommes). Parmi eux se trouvent des mécaniciens, scientifiques, cinéastes et artistes comme Alexandre Iacovleff. Elle utilise 14 autochenilles Citroën, conçues pour affronter des terrains variés grâce à leur système innovant de chenilles Kégresse.
Itinéraire du groupe Pamir :
- Départ de Beyrouth.
- Traversée du Liban, Syrie, Irak et Iran.
- Passage par l’Afghanistan avec ses montagnes escarpées.
- Franchissement du col enneigé de Burzil (4 132 m) dans l’Himalaya.
- Arrivée au Xinjiang (Chine), où il rejoint le groupe Chine à Kashgar.
Itinéraire du groupe Chine :
- Départ de Tianjin (près de Pékin).
- Traversée du désert de Gobi avec ses tempêtes de sable.
- Progression ralentie par des conflits politiques dans le Xinjiang.
- Rencontre avec le groupe Pamir à Kashgar avant leur arrivée commune à Pékin.

Les deux groupes rencontrent de nombreuses difficultés :
- géographiques :
- Traversée du désert de Gobi marquée par une chaleur extrême et des tempêtes.
- Franchissement du col Burzil dans l’Himalaya avec des routes impraticables nécessitant le démontage des véhicules.
- Rivières glacées où certains véhicules tombent sous la couche gelée.
- techniques :
- Pannes fréquentes nécessitant des réparations complexes.
- Explosion d’un bidon d’essence sous l’effet de la chaleur dans le désert.
- politiques :
- Le groupe Chine est retenu prisonnier pendant 12 jours par le maréchal King Shu-Jen au Xinjiang.
- Conflits entre musulmans et Chinois dans certaines régions traversées.
- logistique :
- Transport des autochenilles démontées sur plusieurs jours via mules pour franchir les passages impraticables.
La Croisière jaune rapporte plusieurs bénéfices majeurs. Elle prouve la fiabilité des autochenilles Citroën dans des conditions extrêmes et enrichit les connaissances scientifiques grâce aux données géographiques et ethnographiques collectées. En outre, elle renforce le prestige industriel français en démontrant son ingéniosité au monde entier. Et enfin, elle produit un riche contenu culturel sous forme de films documentaires et publications littéraires qui immortalisent cette aventure historique. Malgré les innombrables défis rencontrés, cette expédition reste un exploit emblématique qui allie prouesses techniques, exploration humaine et rayonnement national.
Carte publiée en 1931, pour permettre au grand public de suivre la progression de la mission. – Wikipédia
Photos: La croisière jaune ©AFP – Collection Cinema