DÉCÈS DE CELLE QUE TOULOUSE-LAUTREC SURNOMMAIT MARIA LA GLU 📆 7 avril 1938

Suzanne Valadon, peintre autodidacte et figure marquante de l’art moderne, décède le 7 avril 1938 à Paris. Son parcours exceptionnel, des ateliers de Montmartre aux salons prestigieux, laisse une empreinte indélébile dans l’histoire de l’art.

Suzanne Valadon naît sous le nom de Marie-Clémentine Valadon le 23 septembre 1865 à Bessines-sur-Gartempe, en Haute-Vienne. Issue d’un milieu modeste, elle grandit à Montmartre avec sa mère blanchisseuse. Dès son enfance, elle travaille comme couturière, serveuse et blanchisseuse avant de devenir trapéziste dans des cirques. Une chute met fin à sa carrière acrobatique et la pousse vers le milieu artistique où elle devient modèle pour des peintres célèbres. Observatrice attentive, elle apprend les techniques picturales en autodidacte, car les écoles d’art lui sont inaccessibles en tant que femme. Elle commence à dessiner et à peindre en s’inspirant des artistes qu’elle côtoie.

Elle pose pour des maîtres tels que Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, Edgar Degas et Pierre Puvis de Chavannes. Ces artistes influencent son regard artistique, mais elle se distingue en développant un style personnel. Degas joue un rôle clé en l’encourageant à poursuivre ses créations et en achetant ses premières œuvres. Elle fréquente également André Utter et Georges Braque dans les cercles artistiques de Montmartre.

Son style se caractérise par une utilisation audacieuse de couleurs vives et contrastées, souvent appliquées en aplats. Elle cerne ses sujets avec des contours noirs marqués, donnant une présence sculpturale à ses œuvres. Ses peintures montrent une représentation réaliste des corps humains, souvent nus, sans idéalisation ni artifice. Elle explore aussi les natures mortes avec une intensité particulière et privilégie une approche moderne du quotidien.

Parmi ses œuvres emblématiques figurent La Chambre bleue (1923), qui subvertit les codes classiques des odalisques en représentant une femme moderne dans une posture décontractée ; Adam et Ève (1909), où elle peint un homme nu de face ; Les Baigneuses (1923), célébration vibrante du corps féminin ; et Trois nus (1920), une exploration réaliste du corps humain. Ces créations témoignent de son audace et de sa capacité à capturer la vérité brute des sujets.

Toulouse-Lautrec la surnomme « Maria la Glu » en référence au roman La Glu de Jean Richepin, soulignant son pouvoir d’attraction sur les hommes et sa personnalité magnétique. Ce surnom reflète aussi son indépendance et son caractère indomptable au sein du milieu artistique.

Son fils Maurice Utrillo, né en 1883, devient lui aussi un peintre renommé. Éduqué par sa grand-mère dans leur maison de Montmartre, il lutte contre l’alcoolisme dès son adolescence. Sous l’impulsion de Suzanne Valadon et du docteur Étlinger, il découvre la peinture comme thérapie. Maurice Utrillo se spécialise dans les paysages urbains de Montmartre et ses environs, devenant célèbre pour ses scènes mélancoliques et poétiques. Malgré leurs relations tumultueuses, Suzanne joue un rôle crucial dans son initiation artistique et reste une figure centrale dans sa vie jusqu’à sa mort.


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