Le 23 octobre 2002, une prise d’otages spectaculaire débute au théâtre de Moscou, plongeant la Russie dans l’effroi. Cet événement, qui va durer trois jours, se terminera dans un bain de sang, soulevant de nombreuses questions et controverses.
La prise d’otages du théâtre Doubrovka est une action menée par un groupe d’environ 40 terroristes tchétchènes lourdement armés. Ils font irruption pendant la représentation de la comédie musicale « Nord-Ost » et prennent en otage 912 personnes, dont des spectateurs et des artistes. Les assaillants, dirigés par Movsar Baraïev, menacent de faire exploser le bâtiment, qu’ils ont piégé avec plus de 100 kg d’explosifs.
Cette action s’inscrit dans le contexte de la deuxième guerre de Tchétchénie, un conflit brutal opposant les séparatistes tchétchènes au gouvernement russe depuis 1999. Les preneurs d’otages exigent le retrait des troupes russes de Tchétchénie et la fin de cette guerre. La situation en Tchétchénie est alors catastrophique, marquée par des violations massives des droits humains, des disparitions forcées et une radicalisation de la résistance tchétchène.
Tu apprécies mes contenus. Clique ici pour soutenir l'édition de cet almanach.
La prise d’otages se termine tragiquement le 26 octobre au matin. Les forces spéciales russes diffusent un gaz incapacitant inconnu dans le système de ventilation du théâtre avant de donner l’assaut. Tous les terroristes sont tués, mais l’opération coûte également la vie à 130 otages, dont 124 à cause du gaz. La majorité des otages sont libérés, mais beaucoup souffrent de graves problèmes de santé suite à l’intoxication.
Cette issue tragique soulève de nombreuses controverses. L’utilisation massive d’un gaz dont la composition n’a jamais été révélée est vivement critiquée. Le manque de transparence des autorités russes, notamment sur la prise en charge médicale des victimes, est dénoncé. Certaines théories alternatives suggèrent que les terroristes étaient disposés à négocier davantage et que les principaux explosifs n’étaient pas armés au moment de l’assaut. Ces controverses alimentent encore aujourd’hui les débats sur la proportionnalité de la réponse des autorités russes face à cette crise.
Illustration: Photo Le Point 21/10/2012