CONGO-OCÉAN, UNE VOIE FERRÉE AU COÛT HUMAIN EXORBITANT 📆 6 février 1921

Le 6 février 1921, le chantier du chemin de fer Congo-Océan débute officiellement à Brazzaville, marquant le commencement d’un des plus grands projets coloniaux français en Afrique.

Le chemin de fer Congo-Océan (CFCO) est une ligne ferroviaire de 511 km reliant le port de Pointe-Noire sur l’océan Atlantique à Brazzaville sur le fleuve Congo, en Afrique-Équatoriale française. Construit entre 1921 et 1934, il comprend 12 tunnels, 172 ponts et viaducs, et des kilomètres de murs de soutènement en maçonnerie.

Le choix de construire cette voie est motivé par plusieurs raisons impériales et économiques. Le CFCO vise à désenclaver le territoire en contournant les parties non navigables du fleuve Congo, à faciliter l’exploitation des ressources naturelles de la colonie (oléagineux, coton, café, cacao, bois précieux, caoutchouc, or, cuivre et ivoire), et à assurer la « souveraineté financière » des maisons de commerce françaises en s’affranchissant de la dépendance au chemin de fer belge.

Les difficultés rencontrées lors de la construction sont nombreuses. Le massif du Mayombe, situé à 60 km de l’océan, présente un obstacle naturel redoutable : 800 mètres de dénivelé, une forêt épaisse, des torrents, des ravins abrupts, et un sous-sol instable. Le climat chaud et humide complique davantage les travaux. Le percement du tunnel de Bamba, le plus long d’Afrique à l’époque (1 694 mètres), s’avère particulièrement ardu.

Le coût humain du chantier est exorbitant. Bien que les chiffres varient, on estime qu’environ 17 000 à 20 000 travailleurs ont perdu la vie durant la construction. André Gide, qui visite le chantier en 1926, qualifie le CFCO d' »effroyable consommateur de vies humaines » dans son livre « Voyage au Congo ». Albert Londres, dans son reportage « Terre d’ébène », dénonce le travail forcé et les abus commis par les contremaîtres européens.

Au cours du XXème siècle, les suites données à cette affaire sont limitées. L’affaire tombe largement dans l’oubli après la période coloniale. Aucune reconnaissance officielle, réparation ou commémoration n’est mise en place pour les victimes ou leurs descendants. Ce n’est qu’au début du XXIème siècle que l’affaire commence à refaire surface dans le débat public, notamment avec une action en justice intentée en 2014 pour crime contre l’humanité.


Photos:
– Affiche de la ligne Congo-Océan. – Pinterest

– Point du Jour/ Les films du Balibari / ZED

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