Jeanne Delozanne, surnommée « la grande Jeannette », est la dernière personne à subir légalement la torture en France le 11 février 1786.
Dans la nuit du 20 au 21 août 1785, un massacre brutal se déroule au moulin de Cuissat à Prouilly. Un groupe de six ou sept individus masqués fait irruption et assassine sauvagement presque tous les occupants : Nicolas Destouches, le meunier, et son épouse Marie Françoise Darvillier sont tués dans leur lit. Leurs filles Marie-Ange (9 ans) et Marie-Anne (5 ans) sont violemment frappées. Leur fils aîné Nicolas (13 ans) est tué dans l’écurie. Nicolas Reimbault, le garde-moulin, et Louis Poignard, un garde-moulin de passage, sont également assassinés.
Jeanne Delozanne, née le 4 avril 1736 à Prouilly, est une femme imposante mesurant plus de 1m80, d’où son surnom de « la grande Jeannette ». Elle est connue pour avoir proféré des menaces de mort à l’encontre de Nicolas Destouches. Les motifs exacts du massacre restent flous, mais pourraient être liés à un conflit concernant l’exploitation du moulin, que Jeanne et son mari avaient précédemment géré.
Le procès s’ouvre en décembre 1785. Trois des prévenus sont condamnés à mort par le supplice de la roue. Deux autres sont envoyés aux galères à perpétuité. Le 21 janvier 1786, Jeanne est condamnée au supplice des brodequins suivi d’une mort par pendaison.
Le supplice des brodequins consiste à bloquer les jambes du condamné entre plusieurs planches de bois, puis à y insérer progressivement des coins à coups de marteau. La pression croissante provoque une douleur atroce, pouvant aller jusqu’à l’éclatement des os. Ce supplice sert à obtenir des aveux ou des informations sur d’éventuels complices. Jeanne subit le niveau maximal de torture : la « question ordinaire » avec quatre coins, suivie de la « question extraordinaire » avec quatre coins supplémentaires, soit huit au total. Malgré cette torture extrême, la procédure n’est pas utile car les déclarations de Jeanne restent contradictoires face à la douleur insupportable.
Parmi les autres supplices notables de l’époque, on trouve l’estrapade (suspension et chute brutale), la cure par l’eau (ingestion forcée de grandes quantités d’eau), le supplice de la roue (membres brisés à l’aide d’une barre de fer), l’écartèlement, l’empalement, la flagellation, et divers types de torture par le feu. Ces méthodes cruelles visent à obtenir des aveux ou à punir les condamnés de manière spectaculaire.
Photos (Wikipédia):
– Moulin de Cuissat ou s’est déroulé le massacre.
– Urbain Grandier à la question, gravure de Jean-Baptiste Reville.