Le 2 avril 1932, le film « Tarzan, l’homme singe » sort aux États-Unis. Réalisé par W.S. Van Dyke et produit par la MGM, il marque les débuts de Johnny Weissmuller dans le rôle de Tarzan et de Maureen O’Sullivan dans celui de Jane Parker. Ce film devient rapidement un classique du cinéma d’aventure et inaugure une série de douze films qui popularisent le personnage de Tarzan auprès du grand public.
« Tarzan, l’homme singe » raconte l’histoire de James Parker et Harry Holt, deux Anglais vivant au Congo, qui organisent une expédition pour découvrir le légendaire cimetière des éléphants, censé regorger d’ivoire. Jane Parker, la fille de James, rejoint l’expédition malgré les réticences initiales de son père. Au cours de leur périple à travers des paysages hostiles, ils rencontrent Tarzan, un homme sauvage élevé par des singes. Tarzan enlève Jane mais finit par tomber amoureux d’elle. Plus tard, l’expédition est capturée par une tribu pygmée qui veut les sacrifier à un gorille géant. Prévenu par son chimpanzé Cheeta, Tarzan intervient pour sauver Jane et ses compagnons avec l’aide d’un troupeau d’éléphants. À la fin, Jane choisit de rester vivre avec Tarzan dans la jungle.
Johnny Weissmuller, ancien nageur olympique, devient mondialement célèbre grâce à ce rôle. Né en Hongrie en 1904 et émigré aux États-Unis, il remporte cinq médailles d’or olympiques en natation et établit 67 records du monde avant de se tourner vers le cinéma. Son physique athlétique et son charisme font de lui l’incarnation idéale du héros sauvage. Weissmuller joue Tarzan dans douze films entre 1932 et 1948, devenant ainsi le visage emblématique du personnage.
Maureen O’Sullivan, actrice irlandaise née en 1911, est surtout connue pour son rôle de Jane Parker dans six films de la série *Tarzan*. Découverte par Frank Borzage en 1929, elle signe un contrat avec la MGM et devient rapidement une star hollywoodienne. Son interprétation de Jane apporte un mélange d’élégance et de force au personnage. En dehors des films Tarzan, elle joue dans des classiques comme David Copperfield (1935) et Anna Karenina (1935). Elle est également la mère de Mia Farrow.
Le personnage de Tarzan est créé par Edgar Rice Burroughs en 1912 dans le roman Tarzan of the Apes. Fils d’un lord britannique abandonné sur la côte ouest de l’Afrique après une mutinerie, il est adopté par une tribu fictive de grands singes appelée les Mangani après la mort tragique de ses parents. Élevé comme un animal sauvage, il découvre ses origines humaines en explorant la cabane laissée par ses parents. Grâce aux livres qu’il y trouve, il apprend seul à lire l’anglais bien qu’il ne sache pas le parler au début.
Dans les films avec Weissmuller, Tarzan évolue considérablement. D’un homme sauvage solitaire dans Tarzan, l’homme singe, il devient un protecteur bienveillant et père adoptif à partir de Tarzan trouve un fils (1939), où lui et Jane adoptent un enfant nommé Boy. Sa relation avec Jane se renforce au fil des films tandis qu’il défend inlassablement la jungle contre les menaces extérieures comme les chasseurs ou les envahisseurs étrangers.
Cheeta, le chimpanzé compagnon de Tarzan, est introduit dans les adaptations cinématographiques bien qu’il n’apparaisse pas dans les romans originaux. Cheeta joue un rôle comique important tout en aidant souvent Tarzan à transmettre des messages ou à mobiliser les animaux sauvages pour sauver ses amis.
Le cri emblématique de Tarzan devient l’un des éléments les plus célèbres du personnage grâce à Johnny Weissmuller. Ce « youyou sauvage », souvent décrit comme inspiré du yodel autrichien ou conçu avec des techniques audio innovantes pour l’époque, symbolise la puissance et la liberté du héros. Ce cri reste indissociable du mythe de Tarzan et est repris dans toutes les adaptations ultérieures.
Les pygmées du film sont interprétés par des acteurs nains blancs maquillés en noir pour représenter une tribu hostile vivant dans la jungle. Cette représentation caricaturale reflète les stéréotypes raciaux courants à Hollywood dans les années 1930 et contribue à renforcer une vision colonialiste.
Bien que salué pour ses qualités visuelles et son romantisme exotique lors de sa sortie, Tarzan, l’homme singe fait aujourd’hui l’objet de critiques pour son racisme implicite et sa vision colonialiste. Les populations africaines y sont souvent réduites à des rôles stéréotypés ou antagonistes tandis que la supériorité implicite des personnages occidentaux est mise en avant. Malgré cela, le film reste une œuvre marquante du cinéma d’aventure classique qui a durablement influencé l’imaginaire collectif autour du personnage de Tarzan.