DÉBUT DE LA GUERRE DES PÂTISSERIES ENTRE LA FRANCE ET LE MEXIQUE 📆 16 avril 1838

La guerre des pâtisseries, malgré son nom insolite, s’inscrit dans la logique très classique des conflits du XIXe siècle : une grande puissance européenne impose par la force ses intérêts économiques et diplomatiques à une jeune nation instable. Ce conflit, qui débute en avril 1838, oppose la France du roi Louis-Philippe à la République mexicaine, sur fond de revendications commerciales et de protection des ressortissants français.

Tout commence lorsqu’un pâtissier français installé à Mexico, Remontel, voit sa boutique saccagée lors de troubles politiques en 1832. Ce n’est pas un cas isolé : depuis l’indépendance du Mexique, de nombreux commerçants français subissent pillages et violences dans un climat de xénophobie croissante. Remontel adresse une plainte au roi Louis-Philippe, qui saisit l’occasion pour exiger du Mexique une indemnisation de 600 000 pesos pour l’ensemble des pertes subies par les ressortissants français. Le refus catégorique du gouvernement mexicain face à cette demande jugée exorbitante déclenche la crise. La France envoie alors une flotte devant Veracruz et pose un ultimatum, qui reste sans réponse.

Le conflit s’engage par un blocus naval du port de Veracruz à l’automne 1838. La flotte française, forte de 26 navires, bombarde la forteresse de San Juan de Ulúa, qui tombe le 27 novembre. Malgré la résistance du général mexicain Santa Anna, la supériorité militaire française s’impose. Le Mexique, incapable de briser le blocus, subit de lourdes pertes économiques et humaines. La guerre, essentiellement maritime, dure près d’un an, jusqu’à ce que la pression internationale et la situation intérieure mexicaine forcent le gouvernement à négocier.

L’Angleterre, soucieuse de préserver ses intérêts commerciaux au Mexique et d’éviter une trop grande influence française dans la région, intervient diplomatiquement pour favoriser une résolution rapide. Les États-Unis, alors en pleine expansion vers l’ouest, observent le conflit sans s’y impliquer militairement, mais soutiennent la France sur le plan diplomatique. L’Espagne, ancienne puissance coloniale, reste en retrait mais suit la situation avec attention, craignant un bouleversement de l’équilibre régional.

Le conflit se résout en mars 1839 grâce à la médiation britannique. Le Mexique accepte de promettre le paiement des 600 000 pesos réclamés par la France, ce qui entraîne la levée du blocus et le retrait des troupes françaises. Cependant, cette indemnisation ne sera jamais effectivement versée, le Mexique étant en grande difficulté financière.

L’absence de paiement de l’indemnité promise en 1839 reste un contentieux entre la France et le Mexique. En 1861, lorsque le président mexicain Benito Juárez suspend le paiement de la dette extérieure, la France, cette fois sous Napoléon III, s’appuie sur ce précédent pour justifier une nouvelle intervention militaire. Cette expédition, soutenue un temps par l’Angleterre et l’Espagne, vise à imposer un régime favorable aux intérêts européens et débouche sur l’installation de l’empereur Maximilien, avant de se solder par un échec retentissant pour la France.


Illustration: Prise du fort Saint-Jean-d’Ulloa, 27 novembre 1838, 1841, Horace Vernet. – Wikipédia

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