D’ELLEN RIPLEY À AMÉLIE POULAIN 📆 25 avril 2001

Le 25 avril 2001, les salles françaises découvrent un film pas comme les autres : Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Ce conte moderne, signé Jean-Pierre Jeunet, s’apprête à colorer Paris d’une poésie nouvelle et à faire battre le cœur du cinéma hexagonal au rythme de ses petits bonheurs.

Imagine la genèse de ce bijou cinématographique…

Dans un coin discret de Montmartre, Amélie, rêveuse invétérée, observe le monde à travers la vitre embuée de sa chambre. Un soir, alors qu’elle fait des ricochets de pensées sur le canal Saint-Martin, elle aperçoit Jean-Pierre, pensif. Il cherche une histoire, une vraie, une qui ferait sourire les statues du Luxembourg et pleurer les nains de jardin. Amélie s’approche à pas de velours et, d’un souffle, lui glisse son secret :

« Et si un simple geste pouvait changer la vie des autres ? Et si Paris devenait un terrain de jeu pour une fée maladroite ? »

Jean-Pierre, les yeux brillants d’espièglerie, s’empare du fil d’Ariane tendu par Amélie. Il tisse alors un film où une jeune serveuse du Café des 2 Moulins sème la joie en secret, redonne le goût du voyage à son père, venge les humiliés, répare les cœurs cabossés et collectionne les petits plaisirs : faire craquer la crème brûlée, plonger la main dans un sac de grains, ou compter les orgasmes parisiens à la minute. Amélie, ange gardienne discrète, devient l’architecte du bonheur de ses voisins, tout en apprenant à apprivoiser le sien.

Jean-Pierre Jeunet, né au Coteau en 1953, a toujours aimé bricoler la réalité, la saupoudrer de magie et d’humour. Après avoir fait ses armes avec Marc Caro sur des courts-métrages et des œuvres à l’univers singulier (Delicatessen, La Cité des enfants perdus, Alien, la Résurrection), il revient en France pour écouter la voix d’Amélie. Avec sa caméra, il capte la lumière dorée de Paris, les détails insolites, les visages ordinaires qui deviennent extraordinaires sous son regard. Grâce à Amélie, il offre au monde un film qui ressemble à une boîte à souvenirs : chaque spectateur y trouve un peu de son enfance, de ses espoirs et de ses petits plaisirs oubliés.

Et si, ce soir, Amélie chuchote encore à l’oreille de Jean-Pierre, c’est pour lui rappeler que le bonheur est parfois caché dans les détails… et qu’il suffit d’oser le révéler.

Jean-Pierre aime à jouer des contrastes. Ainsi, il raconte la vie d’Ellen Ripley, une battante infatigable dans un univers d’Aliens cauchemardesques (« Alien, la résurrection », 1997), avant de passer en une foulée altière à celle d’Amélie Poulain, une rêveuse invétérée dans un Paris fantasmé (« Le fabuleux destin d’Amélie Poulain », 2001), avec le même plaisir enfantin.

Mais, imagine que le temps d’un faux pas il ait mélangé les scénarios…

Dans un futur pas si lointain, sur le vaisseau spatial Auriga, un clone du lieutenant Ripley ouvre les yeux pour la première fois. Elle ne le sait pas encore, mais dans ses veines coule un étrange cocktail d’ADN humain et alien. Ripley aime : la sensation du métal froid sous ses doigts, la symétrie parfaite des couloirs aseptisés, et observer les bulles d’air qui flottent dans l’eau recyclée. Elle n’aime pas : les regards en coin des scientifiques, l’odeur persistante du formol, ni les rêves où elle se réveille en reine alien.

Sur l’Auriga, chacun a ses petites manies. Le capitaine Elgyn collectionne les capsules de café, Vriess, le mécanicien, aime faire rouler ses roues sur les plaques métalliques pour entendre le tintement, et Call, la mystérieuse nouvelle venue, note les numéros de série des boulons oubliés. Personne ne sait vraiment pourquoi ils sont là, mais tous ont une bonne raison d’espérer que la journée sera ordinaire.

Mais un matin, alors que la lumière artificielle éclaire à peine les couloirs, trois aliens s’évadent. Ils aiment : la chaleur des conduits, la peur dans les yeux des humains, et surtout, la liberté. Ils n’aiment pas : les portes verrouillées, les seringues, et la solitude.

Ripley, elle, se sent bizarrement chez elle parmi ces créatures. Elle les comprend, presque. Mais elle se souvient aussi qu’elle aimait autrefois la Terre, la pluie sur les vitres, et le goût du café brûlant. Alors, elle décide d’agir à sa façon : en semant de petits indices, en aidant discrètement les survivants à retrouver le chemin du vaisseau Betty, et en glissant, ici ou là, une remarque ironique ou un sourire en coin.

Au fil de l’aventure, Ripley croise des clones ratés (qui aiment les berceuses et les flammes rassurantes), un alien hybride qui cherche désespérément une mère, et des pirates de l’espace qui, malgré tout, rêvent d’un retour sur Terre pour retrouver les petits plaisirs simples : la croûte du pain, la caresse du vent, ou le parfum d’un vieux cuir.

Finalement, dans un geste aussi poétique que décisif, Ripley sauve la Terre d’une invasion, non pas par héroïsme, mais parce qu’elle préfère les petits bonheurs de l’humanité à la froideur de l’espace. Et tandis que le Betty s’envole vers l’aube, chacun se surprend à rêver, pour la première fois depuis longtemps, à un avenir meilleur.

« Dans l’immensité glacée de l’espace, Ripley a trouvé sa place : entre deux mondes, entre deux sourires, là où même un alien pourrait apprendre à aimer la crème brûlée.« 

Et imagine qu’il ait poursuivi dans la foulée avec Amélie…

Dans un Paris nocturne, froid et métallique, sous la lumière blafarde des néons, Amélie Poulain, jeune femme discrète et solitaire, travaille comme serveuse dans un bar intersidéral du quartier Montmartre-13. Depuis la disparition mystérieuse de sa mère dans un accident de métro (provoqué par une entité inconnue), Amélie vit dans la peur diffuse d’un danger tapi dans l’ombre, surveillant la ville à travers les écrans de surveillance de son petit appartement bunkerisé.

Un soir, alors qu’elle explore les conduits d’aération de son immeuble à la recherche de traces d’un voisin disparu, Amélie découvre une étrange boîte à souvenirs, couverte de mucus et d’étranges symboles organiques. En la restituant secrètement à son propriétaire, elle déclenche une série d’événements imprévus : des habitants du quartier commencent à disparaître, remplacés par des silhouettes furtives et silencieuses.

Convaincue qu’une créature extraterrestre rôde dans les entrailles de Paris, Amélie décide de mener l’enquête. Armée d’un détecteur de mouvements bricolé avec des pièces de Polaroid et de grille-pain, elle infiltre les caves labyrinthiques de la ville, croisant sur sa route une galerie de personnages aussi étranges que menaçants : un peintre paranoïaque qui ne sort jamais sans son lance-flammes, une concierge traumatisée par la perte de son chat, et un jeune collectionneur de photos d’identité fasciné par les mutations génétiques.

Au fil de ses investigations, Amélie comprend que la solitude et la peur ont transformé ses voisins en proies faciles pour l’entité tapie dans l’ombre. Pour survivre, elle doit affronter ses propres angoisses et fédérer les survivants, organisant la résistance dans les couloirs sombres du métro et les arrière-salles des bars désertés.

Dans un affrontement final, alors que la créature s’apprête à faire éclore une nouvelle génération dans les entrailles de la ville, Amélie utilise sa ruse et sa connaissance des passages secrets pour la piéger et l’éjecter dans les profondeurs du périphérique. Épuisée mais victorieuse, elle émerge à la surface d’un Paris crépusculaire, prête à goûter, enfin, à la chaleur d’un rayon de soleil et à la fragile possibilité du bonheur – tout en gardant un œil sur les ombres mouvantes du bitume.

« Dans l’espace urbain, personne ne vous entend rêver.« 


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