Le 10 aoĂ»t 1985, un grave accident nuclĂ©aire secoue la baie de Tchajma, en ExtrĂȘme-Orient russe, lors d’une opĂ©ration de recharge du combustible nuclĂ©aire Ă bord du sous-marin soviĂ©tique K-431, de classe Echo-II.
Le sous-marin est amarrĂ© dans la base navale de Chazhma, prĂšs de Vladivostok, lorsqu’une vague, provoquĂ©e par le passage d’un torpilleur Ă proximitĂ©, fait basculer le sous-marin et sa grue de ravitaillement. Ce basculement entraĂźne le retrait accidentel et simultanĂ© de toutes les barres de contrĂŽle du rĂ©acteur, dĂ©clenchant une rĂ©action nuclĂ©aire incontrĂŽlĂ©e appelĂ©e « prompt-criticitĂ© ».
Cette rĂ©action en chaĂźne provoque une explosion de vapeur majeure, qui souffle le couvercle du rĂ©acteur pesant douze tonnes et expulse le combustible nuclĂ©aire du compartiment du rĂ©acteur, dĂ©truisant intĂ©gralement ce dernier ainsi que la plateforme de ravitaillement. Un incendie se dĂ©clare ensuite pendant quatre heures. L’explosion libĂšre un important nuage radioactif, qui contamine une superficie dâenviron 3,5 km de long sur 200 Ă 650 mĂštres de large, principalement au nord-ouest de la base navale, notamment la pĂ©ninsule de Dunai.
La catastrophe cause la mort immĂ©diate de dix personnes, dont huit officiers et deux travailleurs, et deux autres meurent dans les mois suivants en raison des blessures ou des effets de l’irradiation. Environ 290 personnes sont exposĂ©es Ă des doses de rayonnement supĂ©rieures Ă 50 mSv, avec dix cas confirmĂ©s de pathologies dues Ă l’irradiation aiguĂ«. Parmi les exposĂ©s figurent notamment des pompiers qui combattent l’incendie et reçoivent des doses trĂšs Ă©levĂ©es de radiation.
L’accident reste tenu secret pendant plusieurs annĂ©es, et la zone contaminĂ©e nâest pas totalement dĂ©contaminĂ©e. De plus, la marine soviĂ©tique utilise la baie de Tchajma comme site de dĂ©charge de dĂ©chets nuclĂ©aires, contribuant Ă la pollution radioactive de la rĂ©gion et de l’environnement marin. Les contaminations radioactives se retrouvent dans les sĂ©diments marins et dans l’eau, le cobalt-60 et le cĂ©sium-137 Ă©tant les isotopes secondaires responsables de la pollution persistante.
Sans surprise, les autoritĂ©s ne rendent pas l’accident public et la zone contaminĂ©e reste en grande partie non dĂ©contaminĂ©e, une partie du site Ă©tant mĂȘme utilisĂ©e pour stocker des matĂ©riaux radioactifs. Le K-431 est retirĂ© du service en 1987 et stockĂ© dans une zone spĂ©cialement amĂ©nagĂ©e. Les efforts officiels de dĂ©mantĂšlement et de gestion du site sont lents et peu transparents. La communication sur les consĂ©quences se rĂ©vĂšle trĂšs limitĂ©e.
Illustration: Image générée par IA