Le 20 aoĂ»t 1955 marque une date sombre et dĂ©cisive dans lâhistoire tourmentĂ©e de lâAlgĂ©rie coloniale. Ce jour-lĂ , une vague de violence Ă©clate dans la rĂ©gion du Constantinois, au nord-est du pays. Les Massacres du Constantinois bouleversent Ă jamais le fragile Ă©quilibre entre les populations algĂ©riennes et europĂ©ennes.
Les attaques sont orchestrĂ©es par les indĂ©pendantistes du Front de LibĂ©ration Nationale (FLN), qui lancent une insurrection simultanĂ©e dans plusieurs villes clĂ©s comme Philippeville, Collo, Guelma et Constantine. Leur objectif est clair : faire exploser la prĂ©sence coloniale française par la peur, protĂ©ger la cause de lâindĂ©pendance algĂ©rienne, et affirmer leur puissance face aux autoritĂ©s françaises. Ce sont des milliers dâhommes qui se soulĂšvent, attaquent des civils europĂ©ens, des militaires et aussi certains musulmans considĂ©rĂ©s comme loyaux Ă la France. Ces attaques visent aussi Ă creuser un fossĂ© sanglant entre les communautĂ©s, pour renforcer la mobilisation autour de la lutte indĂ©pendantiste.
Dans ce contexte, la situation en AlgĂ©rie est dĂ©jĂ tendue. Depuis 1954, la guerre dâAlgĂ©rie de part et dâautre sâintensifie, avec une escalade de la violence dans les montagnes de lâAurĂšs et du Constantinois. LâarmĂ©e française dĂ©ploie de lourds moyens militaires pour tenter de contenir lâinsurrection, tandis que la population algĂ©rienne endure rĂ©pression, couvre-feux et arrestations. LâĂ©tat dâurgence bat son plein, et les divisions entre communautĂ©s se creusent jour aprĂšs jour. Câest un pays au bord du chaos, au cĆur dâun bras de fer oĂč aucun camp ne baisse les armes.
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La rĂ©action des forces françaises Ă ces massacres est immĂ©diate, brutale, et sans concession. LâarmĂ©e dĂ©chaĂźne une rĂ©pression fĂ©roce contre les populations musulmanes, multipliant bombardements, opĂ©rations militaires, arrestations massives, et destructions de villages entiers soupçonnĂ©s dâabriter des insurgĂ©s. Cette violence dâĂtat sâaccompagne aussi de reprĂ©sailles menĂ©es par des groupes de civils europĂ©ens armĂ©s, Ă©tablissant un cycle infernal de vengeance et de terreur. Des milliers dâAlgĂ©riens meurent dans les semaines qui suivent, et la rupture entre les communautĂ©s devient dĂ©finitivement irrĂ©parable.
En contemplant ce passĂ© douloureux, il est impossible de ne pas voir un parallĂšle troublant avec les cycles de violence qui se rĂ©pĂštent aujourdâhui ailleurs dans le monde. Ce schĂ©ma, qui alterne attaques, reprĂ©sailles et rĂ©pression, rappelle cruellement la tragĂ©die de Gaza. La peur et la vengeance provoquent inĂ©vitablement des actions inexcusables et irrĂ©versibles dont les consĂ©quences perdurent pendant des gĂ©nĂ©rations.
Illustration: Philippeville, quartier arabe, carte postale ancienne postée en 1905.