Philippeville 1905

UNE COHABITATION IMPOSSIBLE SUITE AUX MASSACRES DU CONSTANTINOIS 📆 20 aoĂ»t 1955

Le 20 aoĂ»t 1955 marque une date sombre et dĂ©cisive dans l’histoire tourmentĂ©e de l’AlgĂ©rie coloniale. Ce jour-lĂ , une vague de violence Ă©clate dans la rĂ©gion du Constantinois, au nord-est du pays. Les Massacres du Constantinois bouleversent Ă  jamais le fragile Ă©quilibre entre les populations algĂ©riennes et europĂ©ennes.

Les attaques sont orchestrĂ©es par les indĂ©pendantistes du Front de LibĂ©ration Nationale (FLN), qui lancent une insurrection simultanĂ©e dans plusieurs villes clĂ©s comme Philippeville, Collo, Guelma et Constantine. Leur objectif est clair : faire exploser la prĂ©sence coloniale française par la peur, protĂ©ger la cause de l’indĂ©pendance algĂ©rienne, et affirmer leur puissance face aux autoritĂ©s françaises. Ce sont des milliers d’hommes qui se soulĂšvent, attaquent des civils europĂ©ens, des militaires et aussi certains musulmans considĂ©rĂ©s comme loyaux Ă  la France. Ces attaques visent aussi Ă  creuser un fossĂ© sanglant entre les communautĂ©s, pour renforcer la mobilisation autour de la lutte indĂ©pendantiste.

Dans ce contexte, la situation en AlgĂ©rie est dĂ©jĂ  tendue. Depuis 1954, la guerre d’AlgĂ©rie de part et d’autre s’intensifie, avec une escalade de la violence dans les montagnes de l’AurĂšs et du Constantinois. L’armĂ©e française dĂ©ploie de lourds moyens militaires pour tenter de contenir l’insurrection, tandis que la population algĂ©rienne endure rĂ©pression, couvre-feux et arrestations. L’état d’urgence bat son plein, et les divisions entre communautĂ©s se creusent jour aprĂšs jour. C’est un pays au bord du chaos, au cƓur d’un bras de fer oĂč aucun camp ne baisse les armes.

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La rĂ©action des forces françaises Ă  ces massacres est immĂ©diate, brutale, et sans concession. L’armĂ©e dĂ©chaĂźne une rĂ©pression fĂ©roce contre les populations musulmanes, multipliant bombardements, opĂ©rations militaires, arrestations massives, et destructions de villages entiers soupçonnĂ©s d’abriter des insurgĂ©s. Cette violence d’État s’accompagne aussi de reprĂ©sailles menĂ©es par des groupes de civils europĂ©ens armĂ©s, Ă©tablissant un cycle infernal de vengeance et de terreur. Des milliers d’AlgĂ©riens meurent dans les semaines qui suivent, et la rupture entre les communautĂ©s devient dĂ©finitivement irrĂ©parable.

En contemplant ce passĂ© douloureux, il est impossible de ne pas voir un parallĂšle troublant avec les cycles de violence qui se rĂ©pĂštent aujourd’hui ailleurs dans le monde. Ce schĂ©ma, qui alterne attaques, reprĂ©sailles et rĂ©pression, rappelle cruellement la tragĂ©die de Gaza. La peur et la vengeance provoquent inĂ©vitablement des actions inexcusables et irrĂ©versibles dont les consĂ©quences perdurent pendant des gĂ©nĂ©rations.


Illustration: Philippeville, quartier arabe, carte postale ancienne postée en 1905.