Nichée au cœur des montagnes arides de Jordanie, Pétra fascine par ses falaises de grès rose sculptées par le temps et l’histoire. Cette cité antique, longtemps oubliée et difficile d’accès, révèle aujourd’hui ses mille visages à tous ceux qui s’y aventurent. Sa redécouverte spectaculaire date précisément du 22 août 1812, quand un explorateur suisse, Johann Ludwig Burckhardt, déguisé en pèlerin musulman, pénètre pour la première fois dans cette cité mythique.
La redécouverte
Johann Ludwig Burckhardt est un homme fascinant. Né en Suisse en 1784, il est explorateur, orientaliste et géographe. Il a passé une grande partie de sa vie à étudier les langues, l’histoire, la culture et les géographies du Moyen-Orient. Pour mener ses voyages dans cette région où les étrangers sont mal vus, il choisit de se convertir à l’islam et d’adopter le nom de Cheikh Ibrahim. Cela lui permet de se fondre dans les sociétés locales et d’explorer des territoires jusque-là inconnus ou impraticables pour un Européen. C’est ainsi qu’il découvre Pétra, sans que cette cité étonnante n’ait encore été révélée à l’Europe.
Après la redécouverte par Burckhardt, les premières explorations suivies ont lieu en 1818 avec William John Bankes et une petite équipe d’explorateurs britanniques. Bankes passe plusieurs jours dans la cité, réalise des croquis et explore en détail les ruines, bien que le site soit encore hostile et que la méfiance des tribus locales complique leur séjour. Dix ans plus tard, en 1828, deux Français, Léon de Laborde et Louis Maurice Adolphe Linant de Bellefonds, entreprennent une véritable expédition archéologique pour relever précisément les monuments et dresser la première carte détaillée de Pétra, apportant une connaissance plus scientifique et approfondie de la ville.
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Lors de ces expéditions, on redécouvre une cité hors du commun, bâtie dans un décor naturel spectaculaire. Pétra révèle ses tombeaux monumentaux, comme celui du Trésor, délicatement sculpté dans la roche, ses théâtres, ses temples et ses places publiques. Le réseau hydraulique sophistiqué surprend par son ingéniosité, capable de capter les rares précipitations pour alimenter la ville. Chaque vestige témoigne d’une culture ouverte, riche en échanges, où se mêlent influences nabatéennes, gréco-romaines et orientales. Pétra apparait alors comme un véritable joyau architectural et historique, symbole d’une civilisation florissante au carrefour des routes commerciales antiques.

L’histoire de la cité
Pétra, située dans l’actuelle Jordanie, est célèbre pour avoir été la capitale du royaume nabatéen. Son histoire remonte à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., lorsque les Édomites, peuple sémite, occupaient déjà la région. Vers le VIe siècle av. J.-C., les Nabatéens, un peuple arabe commerçant, s’installent à Pétra et en font un centre prospère grâce à sa position stratégique sur les routes caravanières reliant l’Arabie du Sud, l’Égypte, la Syrie et la Méditerranée. Ces routes permettaient le commerce de l’encens, des épices et d’autres marchandises précieuses.
À son apogée, vers l’an 50 ap. J.-C., la cité hébergeait jusqu’à 25 000 habitants et s’étendait sur plus de 10 km². Les Nabatéens y bâtirent des tombeaux, temples, monastères et un réseau hydraulique sophistiqué qui captait et stockait l’eau, un exploit dans ce désert aride. La ville est aussi réputée pour son architecture taillée dans la roche rouge des falaises environnantes.
En 106 ap. J.-C., Pétra est annexée par l’Empire romain sous l’empereur Trajan. La ville continue alors d’exister, mais perd son importance commerciale au profit des nouvelles voies romaines et du commerce maritime. Elle subit plusieurs séismes majeurs, notamment en 363, qui endommagent profondément la cité. Au cours des siècles suivants, surtout au VIIIe siècle, Pétra est progressivement abandonnée.
Durant la période byzantine, la ville reste habitée et devient un centre religieux chrétien avec la construction d’églises et la présence d’évêques.
Pétra tombe dans l’oubli jusque sa redécouverte par l’explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt en 1812. Elle est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et reconnue comme l’une des merveilles du monde pour son histoire et son patrimoine architectural exceptionnel.
Illustration:
– La Khazneh est le monument « le plus célèbre » de Pétra. – Wikipédia
– L’esplanade du Deir. – Wikipédia
– Les deux aqueducs creusés dans les parois du Sîq pour acheminer l’eau. – Wikipédia
– Le Théâtre romain vu de face. Le mur de la scène a été détruit. – Wikipédia