Roi Zog 1er en 1939

ZOG Ier : UN ROI MODERNE ET AUTORITAIRE 📆 1er septembre 1928

Le 1er septembre 1928, Ahmet Zogu s’autoproclame roi d’Albanie sous le nom de Zog Ier, une décision qui bouleverse le destin fragile de ce jeune État des Balkans. Homme d’État ambitieux et parfois controversé, il s’impose en maître incontesté et mène son pays sur la voie de la modernisation, même si son règne est marqué par un style autoritaire.

Zog Ier incarne un roi autoritaire, souvent qualifié de despote éclairé. Il concentre les pouvoirs entre ses mains tout en implantant des réformes majeures pour transformer une Albanie féodale en un État moderne. Il établit un code civil, pénal et commercial, supprime les privilèges de la féodalité, laïcise le pays et étend le suffrage universel, incluant pour la première fois le droit de vote des femmes. De même, il développe les infrastructures vitales comme les routes, les écoles et les hôpitaux. Mais derrière ce modernisateur, se cache un souverain à la cour fastueuse qui ne tolère pas l’opposition et devient de plus en plus méfiant, surtout après un attentat manqué contre lui en 1931.

Entouré de sa garde rapprochée, il passe beaucoup de temps à jouer au poker et à fumer des cigarettes parfumées, deux cents par jour dit-on. Sur le plan personnel, Zog Ier mène une vie sentimentale qui intrigue. Après une liaison avec une danseuse des Folies Bergère, il épouse en 1938 Géraldine Apponyi, une comtesse hongroise au charme discret, qui devient la reine d’Albanie. Leur fils, le prince Leka, naît à la veille de la tempête qui va emporter la monarchie albanaise.

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Le contexte géopolitique place Zog au cœur d’un jeu dangereux entre l’Italie et la Yougoslavie. L’Italie fasciste, ambitionnant de dominer les Balkans, exerce une très forte influence sur l’Albanie, jouant avec ses faiblesses pour s’installer durablement. La Yougoslavie, à ses frontières, s’oppose farouchement à cette présence italienne. Zog navigue entre ces deux puissances rivales, tentant d’affirmer l’indépendance de son pays, mais son équilibre est précaire.

Ce fragile édifice s’effondre en avril 1939. L’Italie envahit brutalement l’Albanie, empêchant Zog de défendre son royaume. Il fuit alors en exil, errant entre plusieurs pays européens avant de s’installer finalement à Londres. Là, il forme un gouvernement en exil, mais son règne en Albanie touche à sa fin. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays passe sous contrôle communiste. La monarchie est officiellement abolie, et Zog Ier meurt en exil en France en 1961, loin de la terre qu’il a marquée à jamais par son règne à la fois moderne, autoritaire et tragique.

Zog demeure un personnage complexe, à la fois symbole d’une Albanie en quête de modernité et reflet des difficultés politiques et géopolitiques des Balkans entre deux guerres mondiales. Son héritage suscite toujours fascination et débats parmi ceux qui regardent de près l’histoire tourmentée de cette région.


Illustration: Zog Ier en 1939. – Wikipédia