A partir du 7 septembre 1943, la prison de Plötzensee sombre dans une violence extrĂȘme. AprĂšs de violents bombardements alliĂ©s qui frappent Berlin, lâĂ©tablissement pĂ©nitentiaire est gravement endommagĂ© et quelques dĂ©tenus parviennent Ă sâĂ©vader. Les autoritĂ©s nazies rĂ©agissent dans la panique et prennent alors des dĂ©cisions radicales.
La prison de Plötzensee, Ă Berlin, incarne une page particuliĂšrement sombre de lâhistoire allemande. DerriĂšre ses murs de briques rouges, au cĆur du quartier de Charlottenburg-Nord, hommes et femmes vivent aujourdâhui encore sous la discipline dâun Ă©tablissement pĂ©nitentiaire. Mais le site vit surtout dans la mĂ©moire collective comme lâun des hauts lieux de la rĂ©pression nazie et de la rĂ©sistance, lĂ oĂč des milliers de destins basculent entre 1933 et 1945.
Sommaire
Plötzensee, hier et aujourdâhui
Ă sa fondation, entre 1868 et 1879, Plötzensee accueille jusquâĂ 1 400 dĂ©tenus. Le lieu se transforme dĂšs lâarrivĂ©e des nazis au pouvoir en principal centre dâexĂ©cution des opposants politiques, des rĂ©sistants et des Ă©trangers condamnĂ©s par les tribunaux dâexception. Aujourdâhui, la prison continue de fonctionner, mais dans dâautres conditions et dimensions, sous la justice du Land de Berlin. Un mĂ©morial occupe dĂ©sormais lâancien hangar dâexĂ©cution, prĂ©servĂ© pour la mĂ©moire et le recueillement.
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Les nuits sanglantes de Plötzensee
Le 7 septembre 1943, Plötzensee devient le théùtre dâune horreur sans prĂ©cĂ©dent : le bĂątiment subit les dĂ©gĂąts de bombardements alliĂ©s, certains dĂ©tenus parvenant Ă sâĂ©vader. Les autoritĂ©s rĂ©agissent alors avec une brutalitĂ© aveugle : pour vider la prison et tuer dans lâĆuf toute agitation, elles ordonnent lâexĂ©cution immĂ©diate de plus de 250 condamnĂ©s Ă mort, en quelques nuits seulement. On pend ces hommes et ces femmes, par groupes de huit, sans jugement Ă©quitable, dans la prĂ©cipitation et le chaos.
LâexĂ©cution nâa rien dâune procĂ©dure stricte : la guillotine Ă©tant hors dâusage, on improvise une poutre Ă©quipĂ©e de crochets dans la salle dâexĂ©cution. Les prisonniers, arrachĂ©s Ă leur cellule, avancent menottĂ©s dans la nuit Ă la seule lumiĂšre des bougies. Les bourreaux agissent Ă marche forcĂ©e, parfois jusquâĂ se tromper de victimes. Hommes et femmes de nationalitĂ©s diverses â Allemands, TchĂšques, Polonais, Français â meurent les uns aprĂšs les autres, broyĂ©s dans la mĂ©canique de la terreur. La confusion, la violence, lâinhumanitĂ© rĂšgnent en maĂźtres : Plötzensee symbolise alors le sommet de lâarbitraire judiciaire nazi.
Mémoire et transmission
AprĂšs la guerre, Plötzensee reste en activitĂ© comme prison, mais la ville de Berlin choisit trĂšs tĂŽt de prĂ©server et transformer ce site chargĂ© de silence. DĂšs 1952, un mĂ©morial sâouvre sur place, autour du bĂątiment dâexĂ©cution conservĂ©, pour rappeler Ă tous le courage face Ă lâoppression, la diversitĂ© des victimes et lâabsolue nĂ©cessitĂ© du souvenir. Aujourdâhui, Plötzensee vit autant comme lieu de justice que comme un espace de mĂ©moire, dâĂ©ducation, de recueillement pour tous ceux quâinterpelle lâhistoire de la libertĂ© et de la rĂ©sistance.
Illustration: MĂ©morial de Plötzensee. – WikipĂ©dia