À Marignan, du 13 au 14 septembre 1515, un jeune roi décide de changer le destin de l’Europe. François Ier, tout juste couronné, marche sur Milan pour y affirmer ses droits et son ambition.
La bataille prend place sous un soleil éclatant, sur une plaine maraîchère, et va durer seize heures dans un déchaînement de violence inédit. Face aux meilleurs piquiers suisses, réputés invincibles et alliés au duché de Milan, s’alignent 37 000 Français soutenus par la cavalerie et une artillerie innovante. Les combats font rage jusqu’à la nuit tombée. À l’aube, tout recommence, les Suisses semblent prendre l’avantage, mais le renfort inespéré des Vénitiens fait basculer le sort. Près de 16 000 morts jonchent le sol au soir du 14 septembre : Marignan devient un mythe et un tournant.
Sommaire
Une victoire aux répercussions continentales
La victoire de François Ier marque les esprits bien au-delà des frontières françaises. Elle consacre non seulement le roi comme chef de guerre mais propulse la France au centre de la diplomatie européenne. Le roi s’empare du duché de Milan, désormais porte d’entrée vers une péninsule italienne convoitée pour sa richesse et son rayonnement culturel.
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Cette conquête bouscule l’équilibre des puissances. La France impose sa nouvelle suprématie mais surtout, la bataille inaugure un cycle de traités et d’alliances, du Concordat de Bologne à la « paix perpétuelle » signée avec la Suisse, qui façonne l’Europe pour des décennies.
L’Italie : le cœur stratégique de l’Europe
Pourquoi Milan et l’Italie fascinent-elles tant François Ier ? Milan, place commerciale et capitale du luxe, joue le rôle de verrou stratégique dans la plaine du Pô. Posséder Milan, c’est contrôler un carrefour commercial qui irrigue toute l’Europe. Au-delà de l’économie, l’Italie demeure le foyer de la Renaissance : qui règne sur la péninsule se place au sommet du prestige et influence des arts, des sciences et des idées.
La Renaissance italienne attire rois et empereurs non seulement pour ses trésors, mais parce que l’Italie connecte toutes les grandes routes commerciales et financières du continent. Les territoires italiens, bien qu’éparpillés, servent de points d’appui diplomatiques, économiques et militaires. Maîtriser Milan ou Naples, c’est peser dans les alliances, imposer la puissance de sa monarchie et diffuser sa culture.
Le roi de France comprend qu’ancrer son autorité à Milan, c’est empêcher les Habsbourg de boucler leur ceinture autour du royaume et porter les couleurs françaises au cœur même du rayonnement européen.
La France et la crainte de l’encerclement
Après Marignan, la France ne goûte que brièvement au triomphe. Charles Quint, héritier des Habsbourg, rassemble sous sa couronne l’Espagne, les Pays-Bas, le Saint-Empire et le sud de l’Italie. François Ier réalise qu’il est encerclé par la puissance impériale, pris en étau à chaque frontière.
Ce sentiment d’encerclement pousse le jeune roi à innover dans sa diplomatie, allant jusqu’à s’allier à l’Empire ottoman pour briser l’hégémonie des Habsbourg. L’enjeu n’est pas seulement territorial : il s’agit pour la France d’empêcher son propre déclassement et de contenir les ambitions d’un empire qui aspire à dominer l’Europe chrétienne.
Une rivalité amenée à durer
À Marignan, ce ne sont pas seulement des piques et des canons qui s’affrontent, mais deux modèles de grandeur et d’avenir pour l’Europe. De cette bataille, François Ier sort avec une solide réputation et la France assoit sa place au centre des rivalités continentales. Mais le sang versé annonce un siècle de guerres italiennes et une rivalité durable avec les Habsbourg.
En ce 13 septembre 1515, l’Europe bascule dans une nouvelle ère où la France refuse d’être encerclée et aspire à rayonner bien au-delà de ses frontières.
Illustration:
РFran̤ois Ier vers 1530 par Jean Clouet, Paris, mus̩e du Louvre. РWikip̩dia
– Portrait de Charles Quint par Juan Pantoja de la Cruz (d’après Le Titien). – Wikipédia
– Détail d’une enluminure attribuée au Maître à la Ratière. – Wikipédia
– La campagne de Marignan. L’Histoire
