Opération Market Garden

AVEC MARKET GARDEN ÇA PASSE OU ÇA CASSE 📆 17 septembre 1944

Le 17 septembre 1944, l’Europe retient son souffle. Portés par les réussites de la libération de Paris et d’Anvers, les Alliés se lancent dans une aventure plus que risquée. Des milliers de parachutistes sont lâchés au-dessus des Pays-Bas pendant que l’artillerie pilonne les lignes allemandes et que les chars foncent vers la frontière allemande. L’espoir d’une victoire rapide est palpable ; on rêve secrètement d’une paix pour Noël, d’un basculement décisif.

Un pari colossal

Le plan de Montgomery se déploie comme une mécanique audacieuse :

  • D’un côté, l’opération « Market » fait fondre sur le sol néerlandais les divisions parachutistes britanniques, américaines et polonaises. Elles se jettent sur les ponts d’Eindhoven, Grave, Nimègue et Arnhem, points vitaux, artères même de l’Europe envahie.
  • De l’autre, le XXXe corps britannique – mené par le général Horrocks – fonce depuis la frontière belge, son infanterie et ses chars poussés par la volonté de secourir les parachutistes, de tenir le corridor et de rejoindre le Rhin.

La précision, l’audace, la synchronisation sont les mots d’ordre : le succès dépend de la capacité de tous à atteindre chaque pont avant la réaction allemande.

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Une course contre la montre effrénée

Mais sur le terrain, la guerre refuse d’être aussi simple. Le front occidental s’allonge : les Alliés ont avancé vite, trop vite ; leurs lignes sont étirées, leurs ravitaillements peinent à suivre. Les soldats subissent la fatigue accumulée des précédentes offensives.

Face à eux, la Wehrmacht ne se contente pas de reculer : elle opère une résistance farouche, reliée aux redoutables bunkers de la ligne Siegfried. Les blindés SS et parachutistes allemands, malmenés mais déterminés, s’agglutinent autour de Nimègue et Arnhem. La bataille devient une course contre la montre, marqué par le stress, les embuscades, et le courage ordinaire des hommes.

Pourquoi un tel pari ?

Au sommet, la tension est palpable. Montgomery croit à la victoire rapide – il préfère l’audace à la prudence, la percée à l’avancée méthodique. L’objectif n’est pas seulement militaire, il est aussi politique : frapper fort, montrer la puissance alliée, mettre fin à la guerre avant que l’hiver ne tombe sur des soldats épuisés.

D’autres généraux, américains surtout, préconisent plus de prudence : ouvrir le port d’Anvers pour garantir la logistique, progresser plus lentement sur tout le front, préparer l’avenir plutôt que de tout miser sur un seul corridor. Mais la volonté politique, le prestige, l’envie d’en finir, l’emporte dans l’instant : Market Garden est lancé, avec toutes ses incertitudes.

Du triomphe à la débâcle

Au sol et dans les airs, l’opération commence pourtant par un coup d’éclat. Les parachutages, massifs et spectaculaires, réussissent leur effet de surprise : près de 89 % des hommes de la 82e Airborne atterrissent sur leur cible, les planeurs touchent terre malgré quelques pertes. Les premiers ponts tombent : le pont de Grave est pris, Eindhoven est tenu, mais à Nimègue et surtout à Arnhem, la résistance allemande se découvre dans toute sa férocité.

C’est alors que les communications radios du côté britannique lâchent, les unités se dispersent, les plans tombent entre les mains ennemies. Le corridor allié se transforme peu à peu en piège mortel : les Allemands contre-attaquent, piégeant les parachutistes britanniques à Arnhem, où les combats de rue deviennent un enfer. Au sud, les Américains peinent à avancer : les ponts à Son, Veghel et Nimègue sont disputés pied à pied, chaque mètre coûte cher.

Les répercussions de l’échec

L’opération culmine dans le drame : le XXXe corps britannique n’atteint jamais Arnhem, la ville devient le tombeau de milliers de parachutistes anglais et polonais. Plus de 17 000 soldats alliés sont tués, blessés ou capturés. La Wehrmacht reste maîtresse du Rhin et renforce la ligne Siegfried, prolongeant la guerre. Les rivalités éclatent entre les chefs alliés : certains accusent Montgomery, d’autres cherchent la faille dans la coordination.

Mais ce sont surtout les civils néerlandais qui subissent les conséquences : le nord du pays demeure occupé, la famine s’installe, le tragique “Hongerwinter” marque la mémoire collective. Market Garden, pari perdu, marque une rupture : la guerre ne se termine pas avant l’hiver, la délivrance est encore loin.

Market Garden, ainsi, reste l’histoire d’un immense pari : si ça passe, le Rhin est traversé, la guerre s’achève dans la foulée, l’Europe respire enfin. Si ça casse… c’est le sang, la faim, la tristesse d’un hiver qui n’en finit plus d’attendre la paix.


Illustration: Image générée par IA