Le 20 novembre 1917, la Rada centrale ukrainienne, assemblée représentative née du souffle révolutionnaire de 1917, proclame la création de la République populaire ukrainienne. Ce geste solennel marque la volonté de ce peuple de prendre en main son avenir, d’établir un État démocratique et autonome. Face aux tumultes de la révolution russe et à l’effondrement de l’Empire tsariste, cette proclamation exprime une aspiration profonde à la liberté et à la souveraineté, même si les défis à venir seront immenses.
Naissance d’une Ukraine libre et indépendante
Avant 1917, l’Ukraine ne constitue pas un État distinct mais plutôt un ensemble de provinces intégrées à l’Empire russe. Ces territoires, soumis à une administration impériale centralisée, se partagent entre gouvernements provinciaux comme ceux de Kiev, Kharkov, Ekaterinoslav, ou encore la Tauride. La population partage une langue, une culture et une histoire communes, mais ces richesses culturelles s’expriment sous le joug d’une politique de russification visant à diluer l’identité ukrainienne. Cette division administrative ne reflète pas les aspirations d’un peuple qui se sent uni par son héritage national et social.
C’est précisément ce lien culturel fort qui unit ces provinces ukrainiennes au tournant de 1917. La langue ukrainienne, la culture vibrante et les traditions partagées nourrissent un sentiment d’appartenance commune. La montée d’un nationalisme ukrainien authentique, porté par la Rada centrale, canalise ces aspirations. L’effondrement de l’autorité impériale russe crée une occasion unique. Ensemble, ces provinces tissent leur volonté collective d’autonomie pour affirmer une identité politique propre, distincte des influences russes du pouvoir central. Elles veulent aussi protéger leurs intérêts face à la révolution bolchevique qui s’annonce menaçante.
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Les bolcheviks, fraîchement au pouvoir à Petrograd, réagissent très négativement à cette première manifestation d’autonomie ukrainienne. Ils rejettent la République populaire ukrainienne qu’ils perçoivent comme une entité bourgeoise, incompatible avec leur projet révolutionnaire internationaliste centralisé. Dès fin 1917, ils installent leur propre régime à Kharkov, proclamant la République soviétique ukrainienne, déclenchant ainsi un conflit armé. Cette guerre civile opposera la jeune République à des forces bolcheviques déterminées à reprendre le contrôle de l’Ukraine à tout prix et à intégrer ce territoire stratégique dans la future Union soviétique.
Cette époque tumultueuse illustre la naissance douloureuse d’une Ukraine libre, porteuse de ses rêves d’indépendance, mais immédiatement confrontée à la dure réalité politique de la révolution russe et des ambitions bolcheviques. La proclamation du 20 novembre 1917 reste un jalon majeur dans la construction de l’Ukraine moderne, symbole d’un peuple qui refuse d’être effacé et qui aspire à vivre en maître sur sa terre.
Les dates principales de l’Ukraine depuis 1917
1917 – 1921 : Brève période d’indépendance
La chute du tsarisme provoque l’effondrement de l’empire russe. La République populaire d’Ukraine est créée le 20 novembre 1917, avec Mykhaïlo Hrouchevsky à sa tête. Cette courte période d’indépendance nationale prend fin en 1921 avec la conquête du pays par l’armée rouge de Lénine.
1921 : Intégration à l’URSS
La République socialiste soviétique d’Ukraine est officiellement intégrée à l’Union soviétique lors de sa création. Une politique d' »ukrainisation » est initialement mise en place dans l’éducation et la culture, avant d’être stoppée par Staline qui craint le nationalisme.
1932 – 1933 : Holodomor
Le 10 juin 1932, le chef du gouvernement ukrainien Vlas Tchoubar adresse une lettre à Staline déclarant : « Au moins cent districts (contre soixante et un en mai) ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence… »
L’Ukraine subit une terrible famine orchestrée par Staline, connue sous le nom d’Holodomor ou « extermination par la faim ». Cette tragédie fait environ 4 millions de morts à travers le pays.
1941 – 1945 : Seconde Guerre mondiale
L’opération Barbarossa est déclenchée par l’Allemagne le 22 juin 1941. Elle ouvre le front de l’Est qui sera le plus grand théâtre d’opération de la Seconde Guerre mondiale.
Initialement sous contrôle soviétique, l’Ukraine est envahie par l’Allemagne nazie au cours de l’été 1941. Le pays devient alors un champ de bataille majeur entre les forces soviétiques et allemandes. La population est divisée : certains collaborent avec les nazis, espérant l’indépendance, tandis que d’autres résistent activement à l’occupation. L’Ukraine subit d’énormes pertes humaines et matérielles. Au sein de l’Armée rouge, l’Ukraine contribue significativement à la défaite de l’Allemagne nazie. À la fin de la guerre, le pays retourne sous le joug soviétique.
1991 : Indépendance
Avec la désagrégation de l’URSS, l’Ukraine proclame son indépendance en août. Celle-ci est confirmée par un référendum en décembre, avec 90,35% de votes favorables.
2004 : Révolution orange
Une partie du peuple ukrainien se soulève pour contester l’élection présidentielle truquée et demander un rapprochement avec l’Union européenne. Cette « révolution orange » porte au pouvoir l’opposant Viktor Iouchtchenko.
2014 : Révolution de Maïdan et conflit dans le Donbass
De nouvelles manifestations pro-européennes aboutissent à la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovytch. En réaction, la Russie annexe la Crimée et soutient une rébellion séparatiste dans le Donbass.
2019 : Élection de Volodymyr Zelensky
Volodymyr Zelensky, ancien acteur et humoriste, est élu président de l’Ukraine. Son élection marque un tournant dans la politique ukrainienne, avec la promesse de lutter contre la corruption et de résoudre le conflit dans l’est du pays.
2022 : Invasion russe
Le 24 février, l’armée russe lance une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Malgré une résistance ukrainienne acharnée, la Russie parvient à prendre le contrôle d’environ 20% du territoire ukrainien.
Illustration: Photo de Derek French – Pexels
