Le 28 juin 1461, l’abbaye de Westminster résonne des chants et des acclamations : Édouard IV de la maison d’York est couronné roi d’Angleterre. À seulement 19 ans, vainqueur yorkiste dans une lutte dynastique sans merci, il incarne l’espoir d’un renouveau pour une nation déchirée par la guerre civile. Les regards de tout le royaume se tournent vers ce nouveau monarque, qui doit désormais prouver sa légitimité et ramener la stabilité dans un pays meurtri.
Sommaire
Henri VI : un roi faible
Le règne d’Henri VI, de la maison de Lancastre, marque le début de la guerre des Deux-Roses. Monté sur le trône dès l’enfance, Henri VI se montre incapable de gouverner un royaume aussi complexe et divisé. Sa personnalité timide, pieuse et indécise, son aversion pour la violence ainsi que ses crises de folie affaiblissent considérablement le pouvoir royal. La noblesse, frustrée par l’inefficacité du roi et la corruption de la cour, se divise en factions rivales.
La perte de la guerre de Cent Ans, notamment la chute de Bordeaux en 1453, discrédite encore davantage Henri VI et attise la colère populaire. La reine Marguerite d’Anjou, épouse énergique et ambitieuse, tente de défendre les intérêts de son mari et de leur fils, mais son action ne fait qu’exacerber les tensions. L’incapacité d’Henri VI à imposer son autorité et à maintenir la paix ouvre la voie à la montée en puissance de la maison d’York et précipite l’Angleterre dans la guerre civile.
Deux roses, deux familles rivales
La guerre des Deux-Roses oppose la maison d’York, qui arbore la rose blanche, et la maison de Lancastre, qui porte la rose rouge. Ces deux branches de la dynastie des Plantagenêt revendiquent le trône d’Angleterre, plongeant le pays dans une succession de batailles, d’alliances et de trahisons.
La Première bataille de St Albans en 1455 marque le début des hostilités : Henri VI est capturé par Richard d’York, qui affirme ses droits dynastiques. Après la mort de Richard d’York à Wakefield en 1460, son fils Édouard prend la tête du camp yorkiste et remporte la victoire décisive de Towton en 1461, ouvrant la voie à son couronnement. Mais la guerre est loin d’être terminée : les partisans des deux roses poursuivent leur lutte acharnée pendant encore plus de vingt ans.
Édouard IV : entre complots et revers
Édouard IV s’impose d’abord par la force et la détermination. Sa jeunesse et son charisme séduisent une partie de la noblesse et du peuple, lassés par l’instabilité. Il doit cependant faire face à de nombreux complots, notamment de la part de son ancien allié Richard Neville, comte de Warwick, surnommé le « faiseur de rois ».
Warwick se retourne contre Édouard, le chasse du trône en 1470 et rétablit brièvement Henri VI. Mais Édouard IV reprend le pouvoir l’année suivante après les batailles de Barnet et de Tewkesbury, marquant la fin de la maison de Lancastre avec la mort du prince héritier et d’Henri VI lui-même. Malgré cette victoire, son règne reste marqué par la méfiance, les tensions et la disparition mystérieuse de ses fils, les « princes de la Tour ».
Richard III : dernier roi d’York
À la mort d’Édouard IV en 1483, son frère Richard s’empare du trône sous le nom de Richard III, après avoir fait déclarer illégitimes ses neveux Édouard V et Richard, enfermés dans la Tour de Londres. Le règne de Richard III est bref et tourmenté : il fait face à la défiance de la noblesse, à de multiples complots et à la suspicion concernant la disparition des princes. Son autoritarisme et son incapacité à rallier durablement les grands du royaume affaiblissent sa position.
En août 1485, Henri Tudor, héritier lointain des Lancastre, débarque en Angleterre. Lors de la bataille de Bosworth, Richard III meurt au combat, abandonné par une partie de ses alliés. Il est le dernier roi d’Angleterre à périr sur le champ de bataille, et sa mort marque la chute définitive de la maison d’York et la fin de la dynastie des Plantagenêt.
Henri VII : la réconciliation des deux roses
Henri Tudor devient Henri VII après sa victoire à Bosworth. Pour apaiser le royaume et mettre fin à des décennies de guerre, il épouse Élisabeth d’York, fille d’Édouard IV, unifiant ainsi symboliquement les deux maisons rivales. Il crée la rose Tudor, fusion de la rose blanche d’York et de la rose rouge de Lancastre, qui devient l’emblème d’une Angleterre pacifiée. Son règne inaugure la dynastie Tudor et ouvre une période de stabilité et de renouveau pour le pays.

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