Assemblée nationale constituante de 1789

POURQUOI LES ÉTATS GÉNÉRAUX SE PROCLAMENT-ILS ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE EN 1789 ? 📆 9 juillet 1789

Le 9 juillet 1789, la France bascule dans une nouvelle ère. Ce jour-là, à Versailles, les députés réunis en États généraux se proclament Assemblée nationale constituante. Ce geste, loin d’être anodin, marque la naissance d’un ordre politique inédit, fondé sur la souveraineté nationale et la volonté de doter la France d’une constitution.

Dans une atmosphère de tension extrême, alors que le royaume est secoué par la crise financière, la peur du chaos et l’espoir d’un renouveau, ce sont des hommes déterminés qui portent la voix du peuple et s’apprêtent à transformer en profondeur la société française.

Un royaume en crise

À l’origine de ce bouleversement, une crise profonde secoue le royaume. Louis XVI, confronté à une situation financière catastrophique, convoque les États généraux à Versailles, espérant obtenir le soutien des trois ordres (clergé, noblesse, tiers état) pour des réformes fiscales urgentes. Mais très vite, les débats s’enlisent. Le mode de vote traditionnel – par ordre et non par tête – favorise le maintien des privilèges des deux premiers ordres et marginalise le tiers état, pourtant porteur des doléances de la grande majorité des Français. L’absence de compromis et l’incapacité du roi à arbitrer plongent l’assemblée dans l’impasse.

Naissance de l’Assemblée nationale

Face à cette situation bloquée, les députés du tiers état prennent l’initiative. Sous l’impulsion de l’abbé Sieyès, ils se proclament Assemblée nationale le 17 juin 1789, affirmant qu’ils représentent l’essentiel de la nation et qu’ils sont seuls habilités à légiférer et à autoriser la levée des impôts. Cette affirmation de la souveraineté nationale bouleverse l’équilibre politique traditionnel. Rapidement, des membres du clergé et de la noblesse rejoignent le mouvement, renforçant sa légitimité et son poids politique.

Le Serment du Jeu de Paume

Le 20 juin 1789, exclus de leur salle de réunion, les députés se rassemblent dans la salle du Jeu de Paume et prêtent un serment solennel : ils jurent de ne jamais se séparer avant d’avoir donné une constitution à la France. Ce serment, proposé par Jean-Joseph Mounier et dirigé par Jean-Sylvain Bailly, scelle l’unité des députés et leur engagement à transformer l’ordre politique du royaume. Il s’agit d’un acte de défi envers le roi et d’un engagement collectif à fonder un nouvel ordre basé sur la nation et non sur la monarchie absolue.

Proclamation de l’Assemblée nationale constituante

Après plusieurs semaines de tensions, de ralliements et de pressions populaires, l’Assemblée nationale se proclame officiellement constituante le 9 juillet 1789. Elle se donne pour mission de rédiger la première constitution de la France, d’abolir les privilèges et de réorganiser le pays en profondeur. C’est la fin de l’Ancien Régime : la souveraineté n’appartient plus au roi, mais à la nation, incarnée par ses représentants élus. Cette transformation ouvre la voie à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et à la monarchie constitutionnelle.

Les figures qui portent la Révolution

Derrière cette mutation, plusieurs personnalités émergent et incarnent l’esprit du temps :

  • Emmanuel-Joseph Sieyès, théoricien visionnaire, publie « Qu’est-ce que le Tiers état ? » et propose la transformation des États généraux en Assemblée nationale. Il défend avec force la souveraineté du peuple et inspire ses collègues à oser le changement.
  • Jean-Sylvain Bailly, astronome respecté, préside l’Assemblée nationale et dirige la séance historique du Serment du Jeu de Paume. Il devient le premier maire de Paris, symbole de la confiance des citoyens.
  • Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, orateur hors pair, galvanise l’Assemblée par ses discours et son courage politique. Il défend la nécessité d’une monarchie constitutionnelle et n’hésite pas à s’opposer frontalement au roi.
  • Jean-Joseph Mounier, avocat modéré, propose le Serment du Jeu de Paume et s’engage pour une constitution équilibrée, cherchant à concilier tradition monarchique et principes nouveaux.
  • Maximilien Robespierre, encore peu connu à cette époque, s’impose par son intégrité et son engagement pour l’égalité et la liberté. Il devient rapidement l’une des voix les plus écoutées et respectées de l’Assemblée.

Louis XVI face à la tempête révolutionnaire

Louis XVI, quant à lui, réagit d’abord par la résistance. Il refuse de reconnaître l’Assemblée nationale, ordonne la fermeture des salles et tente de disperser les députés. Mais la détermination des élus, le ralliement progressif du clergé et de la noblesse, et la pression croissante de la rue l’obligent à reculer. Le roi finit par accepter, contraint, la nouvelle donne politique. Son pouvoir absolu est désormais limité, et il doit composer avec une assemblée souveraine qui s’apprête à transformer la France en profondeur.

Une nation qui se réinvente

En ce 9 juillet 1789, la France se réinvente. Les députés, portés par l’espoir d’un monde plus juste, s’engagent à abolir les privilèges, à fonder un nouvel ordre politique et à écrire une constitution qui consacre la souveraineté nationale. Leur courage, leur ténacité et leur foi en l’avenir inspirent encore aujourd’hui tous ceux qui croient en la force du peuple et en la capacité d’une nation à se réinventer. L’Assemblée nationale constituante ouvre la voie à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, à la fin de la féodalité et à l’avènement d’une société fondée sur l’égalité et la liberté.


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