Creusement d'un tunnel d'évasion

LA « GRANDE ÉVASION » DE L’OFLAG XVII-A 📆 19 septembre 1943

Le 19 septembre 1943, 132 prisonniers de guerre français s’évadent de l’Oflag XVII-A, un camp situé en Autriche. Ils avaient préparé un tunnel long d’une centaine de mètres pendant plusieurs mois. L’opération, surnommée la « Grande évasion », est l’une des plus importantes évasions de la Seconde Guerre mondiale.

L’Oflag XVII-A

L’Oflag XVII-A se situe près d’Edelbach, en Autriche, et accueille en pleine Seconde Guerre mondiale des milliers d’officiers français et polonais faits prisonniers. Au sein du camp, la vie s’organise autour d’activités éducatives, artistiques et intellectuelles qui font de l’endroit une « université du camp » où officiers, recteurs et enseignants délivrent des diplômes reconnus après la guerre.

Malgré ces conditions particulières, les prisonniers considèrent comme leur devoir d’officier de tenter l’évasion et multiplient les essais, malgré le danger encouru et les échecs sanglants qui coûtent la vie à certains d’entre eux. Les 4 500 prisonniers vivent dans une tension constante entre le courage, la fraternité et l’espoir de retrouver la liberté.

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Organisation de l’évasion

Face à la difficulté et à l’échec des évasions individuelles, un groupe de détenus imagine et planifie un projet audacieux : creuser un tunnel sous le théâtre de plein air pour s’évader en masse. Ce théâtre, construit précisément pour la diversion, sert de couverture au chantier secret.

Les prisonniers détournent les déblais grâce à des tranchées de drainage autour de la scène, tout en masquant les travaux à la vue des gardes par l’installation de jeunes arbres et de décors. Pendant plusieurs mois, dans un espace exigu (50 cm de large sur 70-80 cm de haut), ils progressent centimètre par centimètre, élaborant un système d’ordre de passage, d’éclairage et d’alerte pour que chaque fugitif puisse s’échapper sans éveiller l’attention.

Déroulement de l’évasion

La météo favorable et l’absence de ronde des gardiens les soirs des 18 et 19 septembre offrent une fenêtre propice : chaque personne rampe dans le noir, amenant son sac, avant de rejoindre les champs alentour. L’opération s’accompagne de risques majeurs, tels que l’asphyxie dans le tunnel ou la mort promise à tout « civil » surpris hors de l’enceinte militaire.

La première vague d’évasion commence le samedi 18 septembre 1943, la seconde le dimanche 19, permettant à 132 officiers de franchir les barbelés grâce au tunnel d’une centaine de mètres de long, creusé sous la scène du théâtre. Chaque fugitif s’engouffre à tour de rôle dans le boyau, attend parfois pendant des heures dans le noir, puis sort discrètement dans la nuit pour rejoindre sa place numérotée à proximité de la sortie.

Bilan de l’évasion

Rapidement, le lendemain matin, lors de l’appel, les gardiens constatent la disparition massive et déclenchent une vaste chasse à l’homme dans la région, mobilisant tous les moyens disponibles. La plupart des évadés sont repris dans les heures ou jours qui suivent, certains abattus, d’autres envoyés en camps de discipline en représailles. Sur les 132 fugitifs, seuls cinq parviennent à rejoindre les lignes alliées ou à reprendre le combat avec les maquis, dont le lieutenant Cuene-Grandidier et quelques autres rejoignent les troupes du général Juin en Italie ou les maquis slovaques dans les Carpates.