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Autorisation de déplacement de 1720

IL Y A 300 ANS, LES ATTESTATIONS DE DÉPLACEMENT EXISTAIENT DÉJÀ 📆 4 novembre 1720

En pleine épidémie de peste qui dévaste la Provence en 1720, une attestation de déplacement datée du 4 novembre 1720 est rédigée. Ce document autorise un certain Alexandre Coulomb, un jeune homme de 28 ans au physique modeste et aux cheveux châtains, à quitter Remoulins pour se rendre à Blauzac, à condition que son lieu de départ soit exempt de toute suspicion de mal contagieux.

Signée par un juge-consul, cette attestation impose un contrôle strict des déplacements, mesure essentielle dans une période où la peste sème la terreur et décime la population. Ce document étonne aujourd’hui par ses ressemblances avec nos attestations modernes utilisées récemment pendant la pandémie de Covid pile 300 ans plus tard en 2020. Comme quoi, la gestion des crises sanitaires repose sur des principes anciens toujours d’actualité.

L’épidémie de peste de 1720 trouve son origine avec l’arrivée du navire Grand-Saint-Antoine à Marseille le 25 mai. Ce bateau revient du Levant, où la maladie sévit probablement, bien que les certificats sanitaires délivrés affirment le contraire. Durant son voyage, plusieurs membres d’équipage meurent de la peste et la cargaison, notamment des étoffes et balles de coton, est probablement infestée de puces porteuses du bacille. Malgré cela, une partie de cette cargaison est débarquée prématurément, favorisant la contamination du port. Ces négligences dans le contrôle sanitaire propagent rapidement la peste dans Marseille et la Provence, causant des dizaines de milliers de morts.

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Face à la menace, Marseille applique des mesures sanitaires strictes. Chaque navire arrivant doit respecter une quarantaine, souvent sur des îles proches, tandis que des certificats sanitaires tentent de garantir l’absence de contamination. Les marchandises suspectes sont soumises à des mesures de désinfection ou détruites. En cas de suspicion d’infection, des quartiers entiers sont mis en quarantaine, et la circulation des personnes soumise à l’obtention d’attestations. Ces dispositifs, bien que parfois contournés, visent à ralentir la progression de la maladie.

La lutte contre la peste repose donc avant tout sur l’isolement des malades dans des lazarets, la restriction drastique des déplacements et la désinfection des biens. Les autorités mettent en place des quartiers sous surveillance militaire, nomment des équipes chargées de collecter les cadavres et de nettoyer la ville. La médecine, impuissante face au bacille inconnu, s’appuie surtout sur ces actions préventives pour endiguer l’épidémie et protéger la population.

Ainsi, il y a trois siècles, lorsque la peste ravage Marseille, les attestations de déplacement incarnent la rigueur des mesures sanitaires mises en œuvre. L’épidémie rappelle que la maîtrise des déplacements et l’isolement sont des armes fondamentales contre les grandes maladies contagieuses, un principe qui traverse les siècles et nous parle encore aujourd’hui.

La peste est éradiquée grâce à la découverte en 1894 de la bactérie responsable, Yersinia pestis, par Alexandre Yersin, suivie de la compréhension de sa transmission par les puces de rats. Ces avancées permettent la mise en place de traitements efficaces, notamment les antibiotiques, et de mesures préventives visant à contrôler les rongeurs et assainir les zones infectées. La science et la médecine moderne, avec des traitements adaptés et des campagnes sanitaires, transforme alors encore une fois une maladie autrefois redoutable en une affection rare et contrôlée.

A conserver… au cas où 😉

Illustration: Attestation de 1720