Le 6 mars 1965, la série « Belphégor ou le Fantôme du Louvre » est diffusée pour la première fois en France sur la première chaîne de l’ORTF.
« Belphégor ou le Fantôme du Louvre » est un feuilleton télévisé français en quatre épisodes de 70 minutes chacun, réalisé par Claude Barma et adapté du roman d’Arthur Bernède. Diffusé entre le 6 et le 27 mars 1965, il captive près de 10 millions de téléspectateurs, un exploit remarquable à une époque où seulement 40% des foyers français possèdent un téléviseur. La série met en vedette un casting de renom, avec Juliette Gréco dans le rôle de Laurence Borel, Yves Rénier incarnant André Bellegarde, Christine Delaroche jouant Colette Ménardier, et René Dary dans le rôle du Commissaire Ménardier.
Belphégor, dans la mythologie, est une divinité complexe dont l’origine remonte à l’Ancien Testament. Initialement un dieu moabite associé à la fertilité, il évolue dans l’imaginaire chrétien en un démon représentant la paresse et la débauche. Souvent décrit comme un monstre hideux avec des cornes et une longue barbe, il peut aussi prendre l’apparence d’une belle femme pour séduire ses victimes.
L’intrigue se déroule à Paris durant l’été 1964. Un mystérieux fantôme vêtu d’une longue robe noire et portant un masque de cuir, nommé Belphégor, hante le département d’égyptologie du musée du Louvre. Des événements inquiétants se succèdent : disparitions, agressions et morts suspectes. La police s’avère impuissante face à ces phénomènes. Un jeune étudiant en physique, André Bellegarde, décide de percer ce mystère. Il mène l’enquête avec l’aide de Colette Ménardier, la fille du commissaire chargé de l’affaire. Leurs investigations les conduisent sur la piste d’un individu féru d’occultisme qui cherche à assouvir sa soif de pouvoir.
La série offre un aperçu saisissant des années 1960 en France. Elle reflète fidèlement la vie quotidienne parisienne de l’époque, montrant les Puces de Saint-Ouen, le Louvre avant la construction de la Pyramide, et les rues bordées de petits commerces. On y voit aussi la technologie et l’urbanisme de l’époque, comme les voitures conduites sans ceinture de sécurité et les numéros de téléphone avec préfixes littéraux. La mode vestimentaire est également représentative : serre-tête pour les femmes, costumes-cravates pour les hommes, et aucune femme ne porte de pantalon.
« Belphégor » laisse une empreinte indélébile sur les Français. La série crée un phénomène culturel sans précédent, suscitant des discussions passionnées dans les foyers et même des comportements extrêmes, comme des journalistes s’enfermant au Louvre pour tenter d’apercevoir le fantôme. Son impact est tel que même le général De Gaulle y fait référence dans une conférence de presse. Cette production ouvre la voie à d’autres séries populaires de mystère en France et reste ancrée dans la mémoire collective comme un témoignage vivant des années 1960.