MASSACRE DES MAMELOUKS DANS LA CITADELLE DU CAIRE 📆 1er mars 1811

Le 1er mars 1811, Méhémet Ali organise le massacre des chefs mamelouks à la Citadelle du Caire, mettant fin à leur pouvoir en Égypte.

Après le départ de Bonaparte en 1801, l’Égypte se trouve dans une situation de vide politique. Les Mamelouks, affaiblis mais non détruits, s’opposent aux forces ottomanes pour le contrôle du pays. Cette période de troubles voit s’affronter différentes factions, créant une instabilité propice à l’émergence de nouvelles figures politiques.

Méhémet Ali, d’origine albanaise, arrive en Égypte comme commandant dans l’armée ottomane envoyée pour combattre les Français. Habile stratège, il parvient à se faire nommer wali (gouverneur) d’Égypte en 1805, en s’alliant avec les notables locaux et en se présentant comme le défenseur du peuple égyptien.

Les Mamelouks, esclaves-soldats d’origine principalement turque et circassienne, dominaient l’Égypte depuis des siècles. Méhémet Ali les perçoit comme une menace à son pouvoir et à ses projets de modernisation. Leur puissance militaire et leur contrôle des terres fertiles en font des rivaux dangereux pour son autorité.

Méhémet Ali invite environ 470 chefs mamelouks à une cérémonie à la Citadelle du Caire, prétextant célébrer le départ d’une expédition militaire. Lorsque les Mamelouks entrent dans un passage étroit, les portes sont fermées et des mercenaires albanais, postés sur les toits, ouvrent le feu sur eux. Presque tous sont massacrés, à l’exception, selon la légende, d’un seul qui aurait réussi à s’échapper en sautant par-dessus les remparts avec son cheval.

Dans les jours qui suivent, le massacre s’étend à tout le pays. On estime que 3 000 à 5 000 Mamelouks et leurs proches sont tués. Ceux qui survivent fuient vers le Soudan ou sont exilés.

Après l’élimination des Mamelouks, Méhémet Ali consolide son pouvoir et entreprend de moderniser l’Égypte. Il réforme l’armée, l’agriculture et l’administration, développe l’industrie du coton et envoie des étudiants en Europe. Il étend également le territoire égyptien, conquérant le Soudan et menant des campagnes militaires en Arabie et en Syrie, ce qui le conduit à défier l’autorité ottomane.


Qui sont les Mamelouks ?

Les Mamelouks sont à l’origine des esclaves-soldats, principalement d’origine turque et circassienne, recrutés parmi des enfants capturés dans des pays non musulmans. Ils sont sélectionnés pour leurs capacités physiques et formés militairement, notamment en équitation et au tir à l’arc. Le terme « mamelouk » signifie « chose possédée » en arabe, reflétant leur statut initial d’esclaves.

Les Mamelouks prennent le pouvoir en Égypte en 1250, profitant de l’affaiblissement de la dynastie ayyoubide face à la septième croisade. Leur chef, Al-Muizz Izz ad-Dîn Aybak, épouse Chajar ad-Durr, veuve du dernier sultan ayyoubide, et s’empare du trône. Cette prise de pouvoir marque la fin de la dynastie ayyoubide et le début du règne des Mamelouks.

Le sultanat mamelouk est un État dirigé par d’anciens esclaves militaires affranchis, qui gouverne l’Égypte, la Syrie et le Hedjaz de 1250 à 1517. Ce système unique dans l’histoire islamique se caractérise par un pouvoir non héréditaire, où chaque nouveau sultan est choisi parmi les grands émirs mamelouks.

Le sultanat mamelouk se divise en deux périodes principales : les Mamelouks Baharites (1250-1382) d’origine turque, et les Mamelouks Burjites (1382-1517) d’origine circassienne. Parmi leurs réalisations notables, on compte l’arrêt de l’invasion mongole à la bataille d’Ayn Jalut en 1260 et la fin des États latins d’Orient en 1291. Les Mamelouks sont également reconnus pour leurs prouesses militaires et leur résistance face aux invasions mongoles en Syrie.

Le sultanat mamelouk prend fin en 1517 lorsque l’Empire ottoman conquiert l’Égypte. Les Mamelouks sont vaincus à la bataille de Mardj Dabīq près d’Alep en 1516, et le dernier sultan mamelouk est exécuté par le sultan ottoman Selim Ier le 13 avril 1517.

Après la conquête ottomane, les Mamelouks conservent une influence importante en Égypte. Ils forment toujours l’essentiel de la cavalerie égyptienne et continuent à rivaliser pour le pouvoir politique. Leur influence perdure jusqu’au début du XIXe siècle, notamment lors de l’expédition de Bonaparte en 1798. Cependant, leur pouvoir prend définitivement fin en 1811 lorsque Méhémet Ali ordonne le massacre de leurs chefs à la citadelle du Caire.


Illustrations (Wikipédia):
– Portrait de Méhémet Ali par Louis-Charles-Auguste Couder (1840).
– Cavalier mamelouk.

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