LES ÉTATS-UNIS ACHÈTENT LES INDES OCCIDENTALES DANOISES 📆 31 mars 1917

Le 31 mars 1917, un événement historique se déroule dans les Caraïbes : les Indes occidentales danoises sont officiellement transférées aux États-Unis. Une cérémonie solennelle a lieu à 16h dans les îles Vierges, marquant la fin de plus de deux siècles d’administration danoise. Le drapeau danois est abaissé pour la dernière fois, tandis que le drapeau américain est hissé, symbolisant le changement de souveraineté.

En 1917, les Indes occidentales danoises, aussi appelées les Antilles danoises, se composent principalement de trois îles : Saint-Thomas, Saint-John et Sainte-Croix, ainsi que de plusieurs îlots voisins. Ces territoires, possession danoise depuis 1672, ont une histoire riche et complexe. Saint-Thomas, avec son port naturel profond à Charlotte Amalie, est un centre commercial important. Saint-John, la plus petite des trois îles principales, est connue pour ses paysages préservés. Sainte-Croix, la plus grande, est réputée pour ses plantations de canne à sucre. La population, d’environ 26 000 habitants, est majoritairement d’origine africaine, descendante d’esclaves amenés pour travailler dans les plantations.

Les États-Unis achètent ces îles pour plusieurs raisons stratégiques et économiques. Ils cherchent à renforcer leur position dans les Caraïbes et à protéger le canal de Panama, ouvert en 1914. La possession de ces îles offre une base navale idéale pour surveiller les voies maritimes de la région. Dans le contexte de la Première Guerre mondiale, les Américains craignent que l’Allemagne ne s’empare de ces îles pour en faire des bases de sous-marins. Cette acquisition s’inscrit dans la continuité de la doctrine Monroe, visant à limiter l’influence européenne dans les Amériques. Et enfin, les États-Unis voient un potentiel économique dans ces îles, notamment pour le commerce et le tourisme. Le prix d’achat est fixé à 25 millions de dollars en or, une somme considérable à l’époque.

Aujourd’hui, ces îles forment les Îles Vierges américaines, un territoire non incorporé et organisé des États-Unis. Elles jouissent d’un statut particulier au sein de la fédération américaine. Un gouverneur élu dirige le territoire, et une législature locale gère les affaires internes. Les habitants ont la citoyenneté américaine mais ne peuvent pas voter aux élections présidentielles s’ils résident sur les îles. Ils élisent un délégué au Congrès américain, qui a le droit de parole mais pas de vote. Ce statut hybride offre une certaine autonomie tout en maintenant des liens étroits avec les États-Unis continentaux.

L’économie des Îles Vierges américaines repose principalement sur le tourisme, qui représente plus de 70% du PIB et de l’emploi. Les îles accueillent environ 2 millions de visiteurs par an, attirés par les plages de sable blanc, les eaux cristallines et les parcs nationaux. Le secteur des services, notamment l’hôtellerie et la restauration, est donc prédominant. Le secteur industriel, bien que moins important, comprend le raffinage du pétrole (bien que la grande raffinerie Hovensa ait fermé en 2012), la production de rhum, le textile et l’électronique. L’agriculture et la pêche jouent un rôle mineur mais contribuent à l’économie locale. Les îles bénéficient également d’un statut fiscal particulier qui attire certaines entreprises et investisseurs.

Avant la colonisation européenne, ces îles ont une histoire riche et ancienne. Les premiers habitants connus sont les Ciboneys, arrivés entre 400 et 300 av. J.-C. Au IIe siècle de notre ère, les Arawaks, venus d’Amérique du Sud, s’installent sur les îles. Ils développent une culture avancée, pratiquant l’agriculture et la poterie. Vers le milieu du XVe siècle, les Caraïbes, un peuple guerrier, chassent les Arawaks et occupent les îles. Ces peuples vivent de la pêche, de l’agriculture et de la cueillette. Ils laissent des traces de leur présence sous forme de pétroglyphes que l’on peut encore observer aujourd’hui.

Pendant la colonisation européenne, ces îles connaissent une histoire mouvementée. Christophe Colomb les découvre en 1493 et les nomme « Las Once Mil Vírgenes » mais la première rencontre avec les Caraïbes tourne à l’affrontement. Les Espagnols ne s’y installent pas durablement, laissant la place à d’autres nations européennes. Les Danois s’établissent à Saint-Thomas en 1672, étendent leur contrôle à Saint-John en 1683, et achètent Sainte-Croix à la France en 1733. Les îles deviennent un centre important pour le commerce triangulaire et l’esclavage. La culture de la canne à sucre domine l’économie. Le Danemark est le premier pays européen à abolir la traite négrière en 1792, et l’esclavage est aboli dans les îles en 1848. Le déclin économique qui s’ensuit pousse le Danemark à envisager la vente des îles, ce qui aboutit à leur acquisition par les États-Unis en 1917.

Plusieurs personnalités remarquables sont issues de ces îles. Camille Pissarro, l’un des fondateurs du mouvement impressionniste, naît à Saint-Thomas en 1830. Tim Duncan, l’un des meilleurs joueurs de basket-ball de l’histoire de la NBA, est originaire de Sainte-Croix. Kelsey Grammer, célèbre acteur connu pour son rôle dans la série « Frasier », naît à Saint-Thomas. Alexander Hamilton, l’un des pères fondateurs des États-Unis, grandit à Sainte-Croix avant de partir pour l’Amérique du Nord. Ces personnalités illustrent la richesse culturelle et le potentiel humain de ces îles, malgré leur petite taille.


Photo: Charlotte Amalie, United States – Photo de Diego F. Parra – Pexels

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