Défilé de la victoire à Moscou le 9 mai 2010

QUEL BEAU DÉFILÉ POUR LA PAIX ET LA CONCORDE !😉 📆 9 mai 2010

Ah, ce 9 mai 2010, ce moment inoubliable où la Place Rouge voit défiler, bras dessus bras dessous, les soldats de l’OTAN et ceux de la Russie, dans une ambiance presque bon enfant. On se souvient de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Pologne, tous venus saluer la victoire sur le nazisme, à l’ombre de missiles Topol-M fraîchement repeints pour l’occasion. Une parenthèse enchantée où la solidarité des Alliés est célébrée à grands renforts de fanfares et de discours sur l’amitié retrouvée.

Pourtant, cette participation de forces françaises, et plus largement de pays de l’OTAN, à ce défilé n’est pas exempte de critiques  :

  • cette participation envoie un signal ambigu, voire contradictoire, alors que la Russie continue de considérer l’OTAN comme une menace majeure à sa sécurité bien que l’Europe se soit largement désarmée près de vingt ans après la fin de la guerre froide.
  • l’instrumentalisation de la mémoire de la 2nde Guerre mondiale par le pouvoir russe fait du 9 mai une véritable religion d’État et un pilier de l’identité nationale, … certains États ex-soviétiques refusent d’être présent, ils rappellent le rôle de ce régime dans les déportations, la famine et l’imposition du communisme après 1945… un régime qui n’a jamais eu son Nuremberg et n’a jamais fait d’examen de mémoire.
  • la présence de troupes françaises à Moscou risque d’être interprétée comme une forme de naïveté stratégique, alors que la Russie poursuit une politique étrangère de plus en plus affirmée et que les relations avec l’OTAN restent tendues sur de nombreux dossiers sécuritaires.

A l’époque, d’autres pensent que faire défiler ensemble les héritiers du Normandie-Niemen et les Welsh Guards sur la Place Rouge va sceller une nouvelle ère de confiance et d’ouverture. On semble croire à une répétition générale pour une Europe de la sécurité collective, version balalaïka et chœurs de l’Armée rouge. Les stratèges de l’époque, tout à leur enthousiasme, n’ont pas encore consulté leur boule de cristal : ils ignorent que quelques années plus tard, la fraternité d’armes va laisser place à une guerre de sanctions, d’annexions et de menaces nucléaires :

  • Annexion de la Crimée et guerre dans le Donbass (2014)
    L’annexion de la Crimée par la Russie, acte jugé illégal par l’Union européenne, entraîne la suspension des sommets UE-Russie, la fin des négociations de partenariat, et l’imposition de premières sanctions économiques. Le soutien russe à l’insurrection dans le Donbass aggrave la crise.
  • Invasion à grande échelle de l’Ukraine (2022)
    La guerre de haute intensité lancée par la Russie contre l’Ukraine provoque une rupture totale avec l’Europe qui la perçoit comme une attaque directe contre sa sécurité et ses valeurs fondamentales. En réaction, l’UE ne peut qu’adopter des sanctions économiques et politiques sans précédent.
  • Campagnes de désinformation, cyberattaques et ingérences
    La Russie mène des campagnes de désinformation, des cyberattaques et des tentatives d’ingérence dans les processus démocratiques occidentaux, alimentant les tensions avec l’Europe.
  • Tensions énergétiques et dépendance au gaz russe
    La Russie utilise l’énergie comme levier d’influence pour diviser les Européens sur la question de la sécurité énergétique obligeant l’UE à s’engager dans une politique de rupture énergétique avec la Russie.
  • Questions de droits humains et de répression politique
    L’arrestation d’opposants comme Alexeï Navalny et la répression croissante contre la société civile russe contribuent à la dégradation des relations, l’UE dénonçant régulièrement ces violations des droits fondamentaux.
  • Divergences géopolitiques et historiques
    La Russie refuse l’élargissement de l’UE et de l’OTAN à ses frontières, notamment en Ukraine et en Géorgie, qu’elle considère comme relevant de sa sphère d’influence historique.

Moralité : on sait comment commencent les défilés, on ne connait que très rarement leur destination finale. Mais au moins, en 2010, on a eu droit à une belle démonstration d’optimisme… et à quelques souvenirs pour les collectionneurs d’images improbables.


Photos: défilé du 9 mai 2010 à Moscou, troupes américaines, troupes russes, troupes anglaises.

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