Dans l’effervescence des années 1950, la France rêve d’innovations aéronautiques capables de rivaliser avec les plus grandes puissances. Au cœur de cette aventure, un nom s’impose : Auguste Morel, pilote d’essai passionné. Une date marque l’audace de toute une génération d’ingénieurs : le 14 mai 1957.
Sommaire
Un pilote d’essai hors du commun
Né en 1921 près de Grenoble, Auguste Morel s’engage dans l’Aéronautique navale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après une formation de pilote en Angleterre, il rejoint la SNECMA (Société nationale d’étude et de construction de moteurs d’aviation) en 1952, une entreprise publique créée après-guerre pour doter la France d’une industrie de moteurs d’aviation de pointe. Rapidement, il se spécialise dans les essais en vol et devient l’un des rares pilotes à maîtriser les appareils les plus novateurs de son temps, du Gloster Meteor au SE.2010 Armagnac, en passant par les célèbres Mystère de Dassault. Morel s’illustre notamment en réalisant le tout premier essai d’un inverseur de poussée au monde, en 1952.
Un prototype minimaliste
C’est dans ce contexte que naît l’ATAR volant, un prototype réduit à l’essentiel : un turboréacteur ATAR monté verticalement, entouré d’une structure minimaliste et de quatre pieds stabilisateurs. L’objectif ? Tester la possibilité de décoller et d’atterrir à la verticale grâce à la seule poussée du moteur, sans ailes ni empennages. Ce « banc d’essai volant » permet aux ingénieurs de la SNECMA d’étudier la stabilité et le contrôle d’un engin entièrement propulsé par réaction, ouvrant la voie à l’ère du VTOL (Vertical Take-Off and Landing).
14 mai 1957 : 1er vol libre historique
Le 14 mai 1957, sur l’aérodrome de Melun-Villaroche, Auguste Morel prend place aux commandes de l’ATAR volant. Pour la première fois, l’appareil s’élève dans les airs sans aucune assistance, uniquement propulsé par la force de son turboréacteur. Ce vol libre marque une étape décisive : il prouve que le décollage vertical à réaction est possible et crédibilise les ambitions françaises dans ce domaine. Morel présente ensuite ce prototype spectaculaire lors du Salon du Bourget, suscitant l’admiration du public et des professionnels.
Après l’ATAR volant, Auguste Morel poursuit sa carrière d’essayeur sur le Snecma C-450 Coléoptère, un autre projet révolutionnaire d’avion à aile annulaire et décollage vertical. Mais le 25 juillet 1959, lors du neuvième vol d’essai, l’appareil se déséquilibre et s’écrase. Morel s’éjecte in extremis, gravement blessé, mettant fin à sa carrière de pilote d’essai et à l’ère du VTOL en France.
Photos:
– Auguste Morel au pied de l’ATAR.
– Auguste Morel aux commandes de l’ATAR.