Impératrice Ariane et Empereur Anastase

GAMES OF THRONE À CONSTANTINOPLE 📆 20 mai 491

À Constantinople, au Ve siècle, le trône impérial n’est pas un siège paisible, mais un champ de bataille où chaque sourire cache une dague, chaque alliance un piège. L’Empire byzantin vit au rythme des trahisons, des rumeurs et des coups d’État sanglants. Dans ce décor de chaos permanent, une femme se distingue : l’impératrice Ariane. Fine stratège, elle navigue entre les tempêtes, maîtrise les codes impitoyables de la cour et impose sa volonté dans un monde où la loyauté est aussi rare que la paix.

Le mariage qui change la donne

Le 20 mai 491, Constantinople retient son souffle. Le trône est vacant, la ville bouillonne de rumeurs, les factions se déchirent dans les palais. Ariane, veuve de l’empereur Zénon, se retrouve au cœur de la tourmente. Les prétendants se pressent, chacun prêt à tout pour s’emparer du pouvoir, y compris à verser le sang de ses proches. Mais Ariane surprend tout le monde : elle écarte Longinus, le frère de Zénon, dont la brutalité fait craindre une guerre civile, et porte son choix sur Anastase, un haut fonctionnaire réputé pour sa sagesse mais sans racines dynastiques. Ce mariage, célébré dans l’urgence et sous haute tension, apaise momentanément la ville. Mais derrière les festivités, chacun sait que la paix ne tient qu’à un fil, et que la moindre faiblesse pourrait rallumer l’incendie.

Ariane n’agit pas seulement par amour ou par devoir. Elle comprend que le choix de son époux est un acte politique majeur, capable de réorienter le destin de l’Empire. En s’unissant à Anastase, elle impose un homme de confiance, expérimenté et modéré, qui saura tenir tête aux factions rivales et restaurer l’ordre. Ce mariage est donc autant un acte de survie personnelle qu’un geste fondateur pour la stabilité de Byzance.

Ariane, l’impératrice stratège

Fille de l’empereur Léon Ier, Ariane n’est pas une simple spectatrice des jeux de pouvoir : elle en est l’une des grandes maîtresses. Dans ce monde où la famille est souvent le premier cercle de la trahison, elle apprend très tôt à se méfier de tous, même de sa propre mère Vérine ou de sa sœur Léontia.

Par ses mariages, elle offre la légitimité à Zénon, puis à Anastase. Mais ce don n’est jamais gratuit : elle s’assure de rester indispensable, de garder la main sur les décisions cruciales, et de ne jamais être reléguée au second plan. Son autorité naturelle et sa capacité à manœuvrer dans les coulisses font d’elle une actrice incontournable de la vie politique byzantine.

Ariane n’hésite pas à s’impliquer dans les complots les plus sombres. Elle participe à des tentatives d’assassinat contre le général Illus, dont la loyauté vacille, et manœuvre pour neutraliser sa propre mère lorsque celle-ci devient une menace. À la cour, chaque mot peut être un poison, chaque regard un avertissement. Ariane sait quand frapper, quand négocier, et comment retourner à son avantage les intrigues qui se nouent autour d’elle.

Sa réputation la précède. Une légende, peut-être exagérée mais révélatrice, raconte qu’elle aurait laissé enterrer vivant Zénon lors d’une crise d’épilepsie. Qu’elle soit vraie ou non, cette histoire illustre la peur et le respect qu’elle inspire, même aux plus puissants. Ariane incarne la dureté nécessaire à la survie dans un univers où la moindre faiblesse est fatale.

Zénon, un règne sous les poignards (474-491)

Le règne de Zénon est une succession d’épreuves, où la trahison est la seule constante.

En 475, en pleine nuit, Zénon doit fuir la capitale, trahi par sa belle-mère Vérine et son propre entourage. Basiliscus s’empare du pouvoir, mais son règne est un désastre. Les rues de Constantinople résonnent des cris de la foule, les palais bruissent de nouveaux complots. Finalement, Zénon revient, porté par la trahison de ceux qui avaient trahi pour Basiliscus.

En 484, Illus, général en chef, change de camp après avoir été la cible de plusieurs attentats fomentés par Vérine et Ariane. Il libère Vérine, proclame Léontius empereur, et plonge l’Empire dans une guerre civile qui dure quatre ans. Les alliances se font et se défont, chaque victoire est suivie d’une trahison, chaque défaite d’une vengeance.

Zénon doit aussi composer avec les chefs ostrogoths, Théodoric Strabon et Théodoric l’Amale. Il les dresse l’un contre l’autre, promettant à chacun monts et merveilles, mais sachant qu’au moindre faux pas, ils pourraient fondre sur Constantinople. Ce jeu dangereux maintient l’Empire sur le fil du rasoir.

Le règne de Zénon est ainsi une longue succession de nuits blanches, de complots ourdis dans l’ombre, de trahisons familiales et de retournements de situation. Il ne règne jamais en sécurité, et doit sans cesse surveiller ses proches, ses généraux, ses alliés d’un jour. À Byzance, le pouvoir ne se donne pas : il se vole, il se défend, il se reprend.

Anastase, l’héritier du chaos (491-518)

Si Anastase monte sur le trône grâce à Ariane, il doit aussitôt affronter la violence d’un empire fracturé.

Lors de la guerre isaurienne (491-497), les partisans de Zénon, humiliés par l’ascension d’un étranger, se révoltent. Les combats font rage en Phrygie, les villages brûlent, les chefs rebelles sont capturés et traînés à Constantinople, exposés à la vindicte populaire. Mais même cette victoire ne garantit pas la paix : la haine couve toujours sous la cendre.

Lors de la révolte de Vitalien (513), ce général charismatique, rassemble une armée et marche sur la capitale, prétendant défendre la vraie foi contre les hérésies de l’empereur. Les rues sont le théâtre d’affrontements sanglants, la peur s’empare de la population. Anastase, maître dans l’art de la diplomatie perfide, promet monts et merveilles à Vitalien… avant de le trahir et de le faire éliminer.

Et puis, il y a les Bleus et les Verts, factions de l’hippodrome, qui transforment les gradins en champs de bataille. En 501, la ville s’embrase : 3 000 morts, des quartiers entiers incendiés, et le pouvoir impérial qui vacille à chaque clameur de la foule.

Le règne d’Anastase est marqué par une tension permanente. Les complots ne cessent jamais, la rue gronde, les palais murmurent, et l’empereur doit sans cesse composer avec la menace d’un coup d’État ou d’une insurrection populaire. Pourtant, grâce à l’héritage d’Ariane et à sa propre habileté, il parvient à maintenir l’Empire debout, à repousser les assauts et à réformer l’administration.

L’héritage d’Ariane (457-515)

Ariane ne se contente pas de survivre dans ce monde de chaos : elle impose son image, grave sa mémoire dans la pierre et l’ivoire. Au Louvre, un portrait en marbre la montre impassible, couronnée, le regard dur. Sur un diptyque d’ivoire, elle apparaît en souveraine, incarnation de la continuité dynastique. Mais derrière ces œuvres, c’est la trace d’une femme qui a su dompter le chaos, imposer sa volonté, et prouver qu’à Byzance, la force n’est pas toujours dans le glaive, mais souvent dans l’esprit et la ruse.

À Constantinople, la trahison est une seconde nature, la loyauté une faiblesse, et le pouvoir ne se conserve qu’au prix d’une vigilance de tous les instants. Ariane, en impératrice du jeu, traverse les tempêtes, manipule les hommes et survit là où tant d’autres sombrent. Dans ce Game of Thrones byzantin, elle reste l’une des rares à avoir triomphé, laissant derrière elle l’image d’une femme qui, dans un monde de chaos, a su imposer sa propre loi.


Illustration: Image générée par IA (Sora)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *