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Jour de la citrouille

LE JOUR DE LA CITROUILLE EST ARRIVÉ 🎃 hin hin hiiin 📆 8 octobre

Aujourd’hui, 8 octobre, le calendrier rĂ©publicain nous invite Ă  honorer la citrouille, symbole d’automne et figure emblĂ©matique de l’imaginaire collectif. Le 17 vendĂ©miaire cĂ©lĂšbre « le jour de la citrouille », une date que les RĂ©volutionnaires placent au cƓur des rĂ©coltes pour souligner l’abondance de la saison et la valeur nourriciĂšre des lĂ©gumes du terroir. Dans le frisson du matin, cette fĂȘte Ă©voque la chaleur des potagers et la convivialitĂ© des tables familiales françaises.

La citrouille occupe une place centrale dans les jardins et les cuisines dĂšs que l’automne pointe le bout de son nez. C’est aujourd’hui, lorsque ses lourds fruits orange s’arrondissent au ras du sol, que les producteurs s’affairent Ă  la rĂ©colte. À la campagne comme en ville, les cuisines s’embaument de la douceur sucrĂ©e de la citrouille qu’on cuisine en veloutĂ©s onctueux, en gratins rĂ©confortants ou en tartes parfumĂ©es. Au fil du temps, elle traverse la tradition rurale et s’inscrit dans les souvenirs d’enfance, composant autant la soupe du soir que les jeux de dĂ©coupe autour de la table. Cette plante, humble et gĂ©nĂ©reuse, incarne le lien entre la terre nourriciĂšre et la convivialitĂ© saisonniĂšre.

Mais la citrouille, bien plus qu’un simple aliment, exprime Ă©galement la richesse du patrimoine agricole français. Son histoire commence loin d’ici, sur les terres d’AmĂ©rique du Nord, oĂč les peuples autochtones la cultivent il y a des millĂ©naires, la couplant au maĂŻs et au haricot dans la technique ancestrale des « trois sƓurs ». Avec l’arrivĂ©e des premiers explorateurs europĂ©ens, elle franchit les ocĂ©ans et s’épanouit dans les terroirs de France. Les rĂ©gions l’adoptent, dĂ©veloppant des variĂ©tĂ©s aux couleurs et aux saveurs distinctives : le potiron rouge vif d’Étampes illumine les marchĂ©s, la musquĂ©e de Provence enchante le sud, tandis que la Galeuse d’Eysines amuse par sa peau bosselĂ©e. Ces courges, fidĂšles Ă  leur rĂ©gion, gardent en mĂ©moire des gĂ©nĂ©rations de jardiniers et de cuisiniers, perpĂ©tuant traditions et secrets de famille.

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Il suffit d’observer la diversitĂ© des Ă©tals pour comprendre que la citrouille n’a cessĂ© d’évoluer, s’enrichissant au contact des hommes et des traditions locales. Leur chair se prĂȘte aussi bien aux plats mijotĂ©s de grand-mĂšre qu’aux desserts modernes, tandis que leurs graines grillĂ©es agrĂ©mentent les salades de notes croquantes. Dans chaque village, une histoire de courge se glisse entre le marchĂ© hebdomadaire et la recette transmise de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Les variĂ©tĂ©s françaises, sĂ©lectionnĂ©es au fil des siĂšcles, sont aujourd’hui les tĂ©moins vivants d’un patrimoine agricole adaptĂ© au climat, Ă  la conservation et au plaisir des gourmets.

Pourtant, la citrouille ne serait pas si universelle sans cette dimension lĂ©gendaire et mystĂ©rieuse venue de l’autre cĂŽtĂ© de la Manche. La tradition veut qu’en Irlande, la nuit de Samain — l’ancĂȘtre d’Halloween — un homme nommĂ© Jack, avare et rusĂ©, croise le diable dans une taverne. GrĂące Ă  une succession d’astuces et de pactes, Jack parvient Ă  tromper son funeste visiteur, obtenant Ă  plusieurs reprises la promesse que son Ăąme ne sera ni prise en enfer, ni admise au paradis. À sa mort, condamnĂ© Ă  errer dans les tĂ©nĂšbres, Jack n’a pour seule compagne qu’une braise ardente offerte par le diable, qu’il glisse dans un navet Ă©vidĂ© pour s’éclairer. Ce navet-lanterne, sculptĂ© de formes grimaçantes, devient alors en Irlande un symbole destinĂ© Ă  Ă©loigner les mauvais esprits.

La grande vague de migration irlandaise vers l’AmĂ©rique, au XIXᔉ siĂšcle lors de la famine de la pomme de terre, transforme cette coutume rurale : les Irlandais dĂ©couvrent sur le nouveau continent la citrouille, bien plus volumineuse et mallĂ©able que le navet. Elle supplante le lĂ©gume ancestral dans la tradition et devient, grĂące Ă  sa forme gĂ©nĂ©reuse et Ă  sa facilitĂ© de dĂ©coupe, le support rĂȘvĂ© pour les lanternes de Jack O’Lantern. Peu Ă  peu, les foyers s’illuminent de citrouilles sculptĂ©es pour repousser les Ăąmes errantes la nuit d’Halloween, et l’emblĂšme orange envahit l’automne mondial.

Dans la chaleur feutrĂ©e des foyers, la citrouille sculptĂ©e offre son sourire inquiĂ©tant ou malicieux sur les perrons. Les enfants rivalisent d’imagination pour donner Ă  leur lanterne un visage unique, tandis que la flamme vacille Ă  l’intĂ©rieur. C’est ainsi qu’Halloween s’étend, fusionnant cultures, souvenirs, crĂ©ativitĂ© et jeux. DĂ©sormais, en France comme ailleurs, la citrouille incarne tout Ă  la fois la fĂȘte, l’enfance et la magie — reliant le terroir paysan Ă  l’imaginaire collectif.


Illustration:
– Photo de Anderson Martins – Pexels
– Potiron (Cucurbita maxima) Ă  l’avant-plan et citrouille (Cucurbita pepo) Ă  l’arriĂšre-plan. – WikipĂ©dia
– Photo de Katrin Bolovtsova – Pexels

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