Je soutiens le projet

Famille impériale japonaise

L’EMPIRE DU SOLEIL LEVANT RESTE ÉTERNEL 📆 22 octobre 2019

Le 22 octobre 2019, le Japon vit un moment historique avec l’intronisation officielle de Naruhito comme 126ᵉ empereur. La cérémonie se déroule dans la salle des Pins (Matsu-no-ma) du palais impérial de Tokyo, dans un décor solennel où se mêlent tradition, couleur et lumière. Naruhito proclame son accession au trône du Chrysanthème, accompagné de l’impératrice Masako dans cette transition d’une dynastie millénaire.

Devant plus de 2 000 invités venus de 180 pays, ce rituel symbolise la continuité d’une nation unie par le respect de ses traditions et l’attachement à son histoire. Le soir même, un banquet impérial réunit les chefs d’État et dignitaires étrangers dans un échange d’amitié et de vœux de prospérité. Cet événement marque l’aube d’une nouvelle ère — l’ère Reiwa — centrée sur la paix, le respect et la « belle harmonie ».

Une dynastie très ancienne

Le Japon est le seul pays au monde à n’avoir jamais connu de rupture dans sa succession impériale. Depuis plus de 2 600 ans, la lignée des empereurs se transmet sans discontinuer, un fait unique qui fait du Japon la plus ancienne monarchie héréditaire encore existante. Même lorsque les empereurs perdent leur pouvoir politique au profit des shoguns ou des régents, leur autorité spirituelle ne s’éteint jamais. L’empereur demeure la clé de voûte symbolique de la nation — un repère immuable dans les bouleversements de l’histoire. Cette constance nourrit la conviction que l’âme du Japon, au-delà des guerres et des crises, reste guidée par la lumière céleste de sa dynastie.

Tu apprécies mes contenus. Clique ici pour soutenir l'édition de cet almanach.

Le mythe fondateur du Japon plonge dans la légende shintoïste. La déesse solaire Amaterasu, considérée comme l’ancêtre des empereurs, envoie son petit-fils Ninigi sur Terre pour y instaurer l’ordre céleste. Elle lui remet les trois trésors sacrés : le miroir (symbole de vérité), l’épée (symbole de bravoure) et le joyau (symbole de bienveillance). C’est l’arrière-petit-fils de Ninigi, Jinmu, qui devient le premier empereur après avoir conquis le centre de l’archipel, guidé par la lumière du Soleil. En 660 av. J.-C., il s’installe à Kashihara et fonde la dynastie impériale, marquant l’union entre le divin et le terrestre. Depuis, ces trésors restent les insignes de la continuité impériale — témoins sacrés d’un pouvoir transmis par les dieux eux-mêmes.

Des shoguns à notre époque

À partir du XIIᵉ siècle, le pouvoir passe entre les mains des shoguns, chefs militaires suprêmes qui dirigent le pays sous la suzeraineté symbolique de l’empereur.

Minamoto no Yoritomo fonde en 1192 le premier shogunat à Kamakura, instituant un gouvernement militaire durable. Les shoguns Ashikaga puis Tokugawa perpétuent cet équilibre subtil où la force armée domine la politique tandis que l’empereur garde sa dignité sacrée.

L’époque d’Edo, sous Tokugawa Ieyasu, offre stabilité et isolement, permettant au Japon d’épanouir une culture raffinée et disciplinée. Mais à travers ces siècles, le trône du Chrysanthème demeure le cœur symbolique du pays, témoin silencieux d’un pouvoir spirituel jamais aboli.

Depuis la Constitution de 1947, promulguée à la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’empereur du Japon n’exerce plus aucun pouvoir politique direct. Son rôle est défini comme « le symbole de l’État et de l’unité du peuple ». Il ne gouverne pas mais agit sur avis du Cabinet, qui détient la responsabilité des affaires politiques. L’empereur nomme formellement le Premier ministre et le président de la Cour suprême, promulgue les lois, convoque la Diète et reçoit les ambassadeurs étrangers.

Ces fonctions cérémonielles ne sont pas anodines : elles incarnent la continuité institutionnelle, la stabilité et l’équilibre entre tradition et modernité. Son rôle spirituel et social complète celui du gouvernement démocratique, dirigé par un Premier ministre élu et soutenu par le Parlement bicaméral. Ce système, fruit du compromis entre respect ancestral et démocratie contemporaine, maintient un lien intime entre monarchie et peuple.

Aujourd’hui, l’empereur Naruhito engage son image au service de la paix, de la solidarité et de la mémoire historique, apparaissant souvent comme la voix apolitique mais morale du Japon moderne.

L’ère Reiwa

Le règne de Naruhito inaugure l’ère Reiwa, dont le nom — tiré d’un poème du Man’yôshû — symbolise la « belle harmonie ». Pour la première fois, un nom d’ère est choisi à partir d’un texte japonais, renforçant l’identité culturelle du pays. Reiwa évoque un idéal d’équilibre entre l’ancien et le nouveau, entre l’esprit de communauté et la modernité technologique. Sous cette ère, la monarchie japonaise conserve son aura sacrée tout en s’adaptant au monde contemporain. Naruhito et l’impératrice Masako incarnent un visage humain et proche du peuple, en accord avec leur mission : préserver la paix et la dignité nationale sans jamais gouverner.

À travers eux, le Japon vit toujours sous la lumière du Soleil levant — un empire éternel qui traverse les âges et continue de rayonner, entre héritage divin et humanité retrouvée.


Illustration:
– L’empereur Naruhito, l’impératrice Masako et la princesse Aiko pour leur photographie officielle du Nouvel An 2023. (Avec l’aimable autorisation de l’Agence de la maison impériale)
– L’empereur émérite Akihito et l’impératrice émérite Michiko, pour le Nouvel An 2023. (Avec l’aimable autorisation de l’Agence de la maison impériale)
– La famille du prince héritier, pour le Nouvel An 2023. De gauche à droite : la princesse Kako, le prince Fumihito, son épouse la princesse Kiko et le prince Hisahito. La fille aînée du prince, Komuro Mako, a quitté la famille après s’être mariée en 2021. (Avec l’aimable autorisation de l’Agence de la maison impériale)