Henri IV - Louis XIII - Louis XIV

LE JOUR OÙ LA COURONNE DE FRANCE BASCULA 3 FOIS À 33 ANS D’INTERVALLE 📆 14 mai

Le 14 mai résonne comme une date-clé pour trois rois de France : Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. En l’espace de 33 ans, ce jour marque à la fois des morts, des naissances politiques et des héritages dynastiques qui façonnent le siècle. Derrière cette coïncidence calendaire se cachent des enjeux de pouvoir, des régentes influentes et les prémices de l’absolutisme louis-quatorzien.

Une date, trois destins

Le 14 mai 1610, Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie à Paris. François Ravaillac, un catholique exalté, poignarde le roi alors que son carrosse est bloqué par la foule. Sa mort laisse un pays en deuil et un héritier de 8 ans, Louis XIII, sous la régence de Marie de Médicis.

Trente-trois ans plus tard, jour pour jour, Louis XIII s’éteint au château de Saint-Germain-en-Laye. Atteint d’une maladie intestinale douloureuse (probablement la maladie de Crohn), il succombe à une péritonite après des mois de souffrance. Son fils, Louis XIV, alors âgé de 4 ans et demi, hérite d’un royaume dirigé par Anne d’Autriche et le cardinal Mazarin.

Deux morts royales, deux régences décisives

Henri IV : un assassinat brutal et public

Le 14 mai 1610, Paris bruisse d’activité alors que le roi Henri IV traverse la ville en carrosse pour rendre visite à son fidèle ministre Sully, malade. La rue de la Ferronnerie, étroite et commerçante, se retrouve rapidement embouteillée, forçant le carrosse royal à s’arrêter. C’est à ce moment précis que François Ravaillac, un homme animé par un fanatisme religieux, profite de la confusion pour s’approcher. Il grimpe sur la roue du carrosse et, armé d’un couteau, frappe le roi à deux reprises. Le premier coup, porté entre les côtes, n’est pas fatal. Mais le second, sous l’aisselle gauche, traverse le poumon et sectionne une artère majeure, déclenchant une hémorragie massive. Henri IV, surpris, n’a que le temps de prononcer quelques mots avant de succomber à ses blessures, baignant dans son sang. Transporté d’urgence au Louvre, il meurt dans l’après-midi, laissant la France orpheline d’un souverain qui avait su ramener la paix après des décennies de guerres de Religion. La violence de cet assassinat choque profondément le peuple et la cour, et marque durablement la mémoire collective.

Louis XIII : une longue agonie

Louis XIII vit ses derniers mois dans la souffrance et l’épuisement. Depuis le début de l’année 1643, il endure une série de symptômes de plus en plus graves : fièvres récurrentes, douleurs abdominales aiguës, vomissements et diarrhées sanglantes. Les médecins de l’époque, impuissants, multiplient les traitements traditionnels – saignées, lavements, purges – qui n’apportent aucun soulagement. Le roi, affaibli, ne quitte plus sa chambre à partir de la fin avril. Malgré la douleur, il reste lucide, s’entretient avec ses proches, règle les affaires du royaume et prépare son fils à lui succéder. Le 14 mai 1643, après avoir reçu les derniers sacrements et béni sa famille, il meurt à l’âge de 41 ans. L’autopsie révèle l’ampleur des dégâts internes : une perforation du rectum, une péritonite aiguë, des intestins boursouflés et un estomac envahi de vers. Cette mort lente et douloureuse contraste avec la brutalité de celle de son père, mais elle laisse tout autant le royaume dans l’incertitude.

Marie de Médicis et Anne d’Autriche : deux régences au cœur de la tourmente

À la mort d’Henri IV, la France se retrouve dans une situation délicate. Le jeune Louis XIII n’a que huit ans, et la menace d’instabilité plane sur le pays. Marie de Médicis, sa mère, s’impose rapidement comme régente. Elle fait valoir ses droits dès le lendemain de l’assassinat de son époux, obtenant du Parlement de Paris la reconnaissance de son autorité. D’abord prudente, elle conserve les conseillers d’Henri IV, mais s’entoure vite de favoris, notamment le couple italien Concino Concini et Léonora Galigaï, ce qui suscite la méfiance de la noblesse française. Marie de Médicis doit affronter de nombreuses tensions : la noblesse réclame plus de pouvoir, les protestants surveillent de près la politique religieuse, et les finances du royaume restent fragiles. Malgré ces défis, elle maintient l’unité du pays et prépare la majorité de son fils, même si sa régence se termine dans la contestation et l’éloignement du pouvoir.

Lorsque Louis XIII disparaît, la France connaît une nouvelle période d’incertitude. Louis XIV, âgé de seulement quatre ans et demi, ne peut exercer le pouvoir. Anne d’Autriche, sa mère, prend la régence, mais doit d’abord faire annuler le testament de Louis XIII qui limitait ses prérogatives. Avec l’aide du Parlement de Paris, elle obtient l’autorité pleine et entière sur le royaume. Anne d’Autriche s’appuie alors sur le cardinal Mazarin, son principal conseiller, pour gouverner. Ensemble, ils affrontent la Fronde, une série de révoltes parlementaires et aristocratiques qui menacent l’autorité royale. Par leur habileté politique, leur ténacité et leur capacité à diviser leurs adversaires, ils parviennent à préserver la dynastie et à préparer l’avènement du règne personnel de Louis XIV. La régence d’Anne d’Autriche, bien que marquée par les troubles, assure la continuité de l’État et renforce, à terme, le pouvoir monarchique.

À chaque disparition royale, la France s’en remet à la force, à la diplomatie et à l’intelligence politique de ses reines-mères. Marie de Médicis et Anne d’Autriche incarnent la stabilité dans la tourmente. Elles assurent la transition du pouvoir, protègent l’héritier du trône et maintiennent l’unité du royaume face aux ambitions de la noblesse et aux crises politiques. Leur action, souvent contestée mais toujours déterminante, permet à la monarchie de survivre aux épreuves du XVIIᵉ siècle et de préparer l’avènement d’un pouvoir royal renforcé, incarné quelques années plus tard par Louis XIV, Roi-Soleil mais aussi roi absolu.


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