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Ellis island 1930

FERMETURE D’ELLIS ISLAND, UN POINT D’ENTRÉE HISTORIQUE AUX ÉTATS-UNIS 📆 12 novembre 1954

Le 12 novembre 1954, Ellis Island ferme officiellement ses portes après plus de soixante ans d’activité comme centre principal d’immigration aux États-Unis. Ce jour-là, Arne Petersen, un marin norvégien en situation irrégulière, devient la dernière personne à franchir cette étape historique. Cette fermeture met fin à une époque où des millions d’hommes et de femmes, venus principalement d’Europe, ont passé par ce petit îlot dans le port de New York, avec l’espoir d’une vie nouvelle. Ce tournant reflète les profondes mutations des politiques migratoires américaines.

Un carrefour de l’immigration européenne

Entre 1892 et 1954, Ellis Island accueille environ 12 millions d’immigrants, en majorité venus d’Europe. Chaque jour, jusqu’à 5 000 personnes franchissent ce point d’entrée essentiel, provenant d’horizons divers tels que l’Europe du Nord, de l’Est, du Sud, ou le bassin méditerranéen. Pour nombre d’entre eux, c’est la première étape de leur rêve américain. Aujourd’hui, près de 40% des Américains peuvent retracer leur ascendance à ces immigrants. Ellis Island est ainsi devenue un symbole puissant de la diversité culturelle qui construit les États-Unis.

Évolution des règles à Ellis Island dans les années 1920-1930

Au fil des années 1920 et 1930, l’immigration change profondément. Les lois de quotas limitent fortement l’arrivée des nouveaux immigrants et Ellis Island devient un centre de sélection sévère. Il ne sert plus uniquement d’accueil, mais aussi de lieu de détention pour ceux qui ne respectent pas les règles d’entrée. Durant cette période, Arne Petersen, « détenu » pour séjour irrégulier, symbolise ce virage. Par ailleurs, l’immigration asiatique ne transite pas par Ellis Island, mais par Angel Island sur la côte ouest, où des contrôles stricts discriminatoires limitent cette arrivée.

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L’immigration asiatique via Angel Island

L’immigration asiatique, notamment chinoise et japonaise, rejoint majoritairement les États-Unis par le port de San Francisco, via Angel Island. Ce site devient le « Ellis Island de l’Ouest », mais avec une expérience souvent plus dure pour ces migrants. Dès 1882, le Chinese Exclusion Act impose de sévères restrictions, entraînant des détentions prolongées et des refus d’entrée fréquents. Angel Island porte les marques de ces luttes, inscrites dans des poèmes gravés par les migrants. Cette immigration est donc fortement filtrée, contrastant avec la plus grande fluidité sur la côte est pour les Européens.

La migration canadienne : un exode francophone

Parmi les flux migratoires nord-américains, de nombreux Canadiens français émigrent vers les États-Unis, attirés par des opportunités économiques. Ils forment des communautés francophones très présentes, notamment dans la Nouvelle-Angleterre, conservant langue et traditions. Ce mouvement est intense jusqu’aux années 1920-1930, puis ralentit avec la crise économique et le renforcement des contrôles frontaliers. Cette migration reflète des dynamiques transfrontalières fortes entre le Canada et les États-Unis.

L’émigration sud-américaine par le sud

À partir du début du 20e siècle, l’immigration sud-américaine, surtout en provenance du Mexique, connaît une montée significative vers le sud des États-Unis. Cette migration, motivée par le travail agricole et les besoins économiques des États frontaliers comme le Texas et l’Arizona, s’effectue principalement par voie terrestre, et non par port maritime. Ce flux est moins concentré qu’à Ellis Island et illustre une nouvelle dynamique migratoire, fondée sur la mobilité continentale, qui deviendra majeure au fil du siècle.

De l’abandon d’Ellis Island à la mémoire vive

Après sa fermeture, Ellis Island sombre dans l’abandon, laissée à l’état de vestige. Dans les années 1980, un projet de restauration la transforme en musée national de l’immigration. Elle devient un lieu de mémoire, retraçant les histoires de millions de personnes qui ont franchi cette porte. Aujourd’hui, Ellis Island témoigne du chemin vers l’intégration, des défis et des espoirs de ces migrants, incarnant un pan essentiel de l’identité américaine.

Ellis Island demeure ainsi bien plus qu’un simple point d’entrée géographique. C’est un symbole humain puissant, un témoignage vivant d’un passé riche d’espoirs, de luttes et de réalisations, qui continue de résonner dans la société américaine contemporaine.


Illustration: Cette photographie des années 1930 prise à Ellis Island montre les tours à dôme de cuivre du bâtiment principal, construit en 1900 après l’incendie de la structure initiale. L’embarcadère du ferry est visible, entaillant l’île sur la droite. Du côté de l’embarcadère se trouve l’hôpital, et au premier plan, les bâtiments administratifs. Photo de Bettman, Getty Image. – National Geographic