Le 7 mai 2007, l’archéologue israélien Ehud Netzer bouleverse le monde de l’archéologie biblique en annonçant la découverte tant attendue de la tombe d’Hérode Ier, dit Hérode le Grand.
La découverte de sa tombe
Après plus de trente ans de fouilles obstinées sur le site de l’Hérodion, une colline fortifiée à une douzaine de kilomètres au sud de Jérusalem, Netzer met au jour un sarcophage monumental en pierre ocre, orné de motifs floraux et de rosettes. Cette découverte, saluée par la communauté scientifique internationale, confirme enfin l’emplacement du tombeau du roi le plus controversé de l’Antiquité juive. Le mystère entourant la sépulture d’Hérode, longtemps alimenté par les récits antiques et les échecs des expéditions précédentes, cède la place à une certitude archéologique qui relance l’intérêt pour la vie et l’héritage de ce souverain hors du commun.
Un tyran sanguinaire
Hérode le Grand règne sur la Judée de 37 à 4 av. J.-C., à une époque charnière où se croisent les influences juive, romaine et hellénistique. Dès son accession au trône, il impose une autorité redoutable et ne recule devant aucun acte de violence pour consolider son pouvoir. Sa paranoïa le pousse à éliminer sans pitié toute personne soupçonnée de trahison, y compris au sein de sa propre famille. Il fait exécuter sa femme bien-aimée Mariamne, sa belle-mère, son beau-frère, puis trois de ses fils, tous accusés de complot. Cette série de purges sanglantes choque même ses contemporains. La tradition chrétienne, quant à elle, immortalise sa cruauté à travers l’épisode du « massacre des Innocents » à Bethléem, où Hérode aurait fait tuer tous les nouveau-nés mâles pour éliminer un rival potentiel, l’enfant Jésus. Qu’il s’agisse de faits historiques ou de récits symboliques, la réputation de tyran sanguinaire d’Hérode traverse les siècles, faisant de lui l’archétype du despote impitoyable.
Un grand bâtisseur
Mais Hérode ne se résume pas à la terreur. Il est aussi un bâtisseur visionnaire, animé par le désir de laisser une empreinte indélébile sur la terre de Judée. Il entreprend la reconstruction du Second Temple de Jérusalem, qu’il transforme en un édifice monumental, triplant la surface de l’esplanade et utilisant des matériaux précieux venus de tout l’Empire romain. Le Temple d’Hérode devient l’une des merveilles du monde antique, célébrée par les textes juifs et admirée par les visiteurs étrangers. Hérode ne s’arrête pas là : il fait ériger le port artificiel de Césarée, prouesse d’ingénierie maritime, des palais somptueux, des théâtres, des aqueducs et des forteresses imprenables comme Massada et l’Hérodion. Son ambition architecturale dépasse les frontières de la Judée, modernisant et embellissant la région selon les standards romains et hellénistiques. Par ses constructions, Hérode cherche à la fois à glorifier son règne, à stimuler l’économie locale et à s’attirer la faveur de ses sujets et de ses maîtres romains.
Un fin politique
Sur le plan politique, Hérode se révèle un stratège habile, capable de naviguer entre les puissances rivales de son temps. Roi client de Rome, il sait gagner la confiance de Marc Antoine, puis, après la défaite de ce dernier à Actium, celle d’Octave, le futur empereur Auguste. Grâce à sa loyauté et à son sens de l’opportunisme, il obtient la confirmation de sa royauté et même l’extension de son territoire. Rome lui accorde une large autonomie, tant qu’il assure la stabilité de la région et le versement des tributs. Face à la puissante Cléopâtre d’Égypte, Hérode doit céder temporairement certains territoires, mais il récupère ses possessions après la chute de la reine et la disparition du royaume lagide. Ces relations complexes témoignent de l’intelligence politique d’Hérode, toujours soucieux de préserver son trône dans un contexte international instable.
La fin
La fin d’Hérode est à l’image de sa vie : tourmentée et spectaculaire. Rongé par une maladie douloureuse, probablement une insuffisance rénale aggravée par la gangrène, il meurt à Jéricho en 4 av. J.-C., après une longue agonie. Son testament, approuvé par l’empereur Auguste, prévoit le partage de son royaume entre trois de ses fils : Archélaos reçoit la Judée, la Samarie et l’Idumée ; Antipas hérite de la Galilée et de la Pérée ; Philippe II gouverne les territoires du nord-est. Cette division marque la fin de l’unité du royaume hérodien. Rapidement, la Judée tombe sous administration directe de Rome, amorçant une nouvelle ère de domination impériale.