UN FILM CULTE POUR LES MORDUS DE VAMPIRES 📆 4 mars 1922

Le 4 mars 1922 sort en Allemagne « Nosferatu: Eine Symphonie des Grauens » (Nosferatu, une symphonie de l’horreur), un film muet d’horreur réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau.

« Nosferatu le vampire » est un classique du cinéma expressionniste allemand qui raconte l’histoire de Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire envoyé en Transylvanie pour vendre une propriété au comte Orlok. Ce dernier, qui n’est autre que le vampire Nosferatu, s’éprend de l’épouse de Hutter, Ellen, après avoir vu son portrait. Le comte voyage ensuite vers la ville de Wisborg, répandant une épidémie de peste sur son passage. Ellen, dotée de dons de médium, comprend que seul son sacrifice pourra sauver la ville du fléau vampirique. Le film se distingue par son atmosphère gothique et son esthétique expressionniste, créant une ambiance de terreur et de malaise qui a profondément marqué l’histoire du cinéma d’horreur.

Le vampire ne s’appelle pas Dracula car Murnau et le producteur Albin Grau n’avaient pas obtenu les droits du roman de Bram Stoker. Pour éviter des poursuites judiciaires, ils ont modifié plusieurs éléments : le nom du personnage principal est devenu le comte Orlok, l’action a été déplacée vers une ville allemande fictive, et l’apparence du vampire a été rendue plus grotesque et monstrueuse, s’éloignant du vampire séduisant décrit par Stoker.

L’histoire des copies du film est aussi dramatique que le film lui-même. Suite à un procès intenté par la veuve de Bram Stoker, Florence Stoker, un tribunal ordonna en 1925 la destruction de toutes les copies et négatifs du film. La société de production Prana Film fit faillite, compliquant la localisation des copies. Cependant, par miracle, au moins une copie survécut et parvint aux États-Unis, où l’œuvre de Bram Stoker était dans le domaine public. C’est à partir de cette unique copie que toutes les versions modernes du film sont issues. Des rapports mentionnent également la survie de copies françaises et allemandes. Les versions actuelles du film sont constituées de plusieurs copies assemblées, aucune copie complète n’ayant survécu.

Malgré un accueil mitigé à sa sortie, « Nosferatu » est devenu un film culte au fil du temps. Il a reçu des critiques très positives, obtenant 97% d’avis favorables sur Rotten Tomatoes. En 1995, le Vatican l’a même inclus dans une liste de 45 films importants à voir, le distinguant comme le seul film d’horreur recommandé par l’Église catholique. Il a également été classé vingt-et-unième dans la liste des « 100 meilleurs films du cinéma mondial » du magazine Empire en 2010.

« Nosferatu » présente plusieurs innovations techniques remarquables pour l’époque. Murnau a utilisé des effets spéciaux novateurs tels que le stop-motion (par exemple pour la sortie de Nosferatu du bateau) et l’image en négatif (lors du trajet en calèche vers le château). Le film intègre également des visions microscopiques, comme les déplacements d’organismes minuscules. Le travail sur l’éclairage est particulièrement sophistiqué, utilisant la lumière réelle des bougies et du feu, et créant un contraste marqué entre ombre et lumière. Des teintes colorées sont employées pour signifier différents moments de la journée : jaune pour le jour, vert/bleu pour la nuit. La mise en scène expressionniste, avec son cadrage symétrique perturbé par la présence distordue du vampire et l’utilisation symbolique des ombres, contribue à créer une atmosphère unique et terrifiante.


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