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Le docteur Marcel Petiot pendant son procĂšs

PETIOT : UN TUEUR EN SÉRIE SOUS L’OCCUPATION 📆 31 octobre 1944

Le 31 octobre 1944, le docteur Marcel Petiot est arrĂȘtĂ© Ă  Paris dans des circonstances singuliĂšres. CachĂ© sous le nom de capitaine ValĂ©ry parmi les Forces Françaises de l’IntĂ©rieur, il tente de passer pour un hĂ©ros de la RĂ©sistance. Il va alors devoir expliquer le charnier effroyable contenant les restes de nombreuses victimes dĂ©couvert chez lui sept mois auparavant.

Avant la guerre, Marcel Petiot est un personnage Ă  la fois brillant et trouble. NĂ© en 1897, il combat durant la PremiĂšre Guerre mondiale et en conserve des sĂ©quelles, notamment psychiques. Il devient mĂ©decin avec une grande rapiditĂ© et s’installe Ă  Paris. Son parcours combine succĂšs mĂ©dical et scandales, notamment des fraudes rĂ©pĂ©tĂ©es qui jettent une ombre sur sa carriĂšre. Sur sa terre natale, il s’essaie Ă  la politique locale, sans parvenir Ă  se dĂ©partir d’affaires troubles qui lui valent plusieurs dĂ©mĂȘlĂ©s judiciaires. À Paris, il mĂȘle habilement mĂ©decine officielle et pratiques illĂ©gales, alternant entre homme de savoir et manipulateur. Ce passĂ© ambivalent prĂ©pare le terrain Ă  ses actions criminelles pendant la guerre.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Petiot exploite la dĂ©tresse de ceux qui cherchent Ă  fuir la persĂ©cution. Sous couvert d’un rĂ©seau fictif, il promet Ă  des juifs, des rĂ©sistants ou des malfaiteurs la fuite vers l’AmĂ©rique du Sud contre des sommes importantes. Mais ses promesses ne sont que mensonges : il attire ses victimes dans son hĂŽtel particulier oĂč il les tue par empoisonnement, injectant parfois des substances mortelles en guise de faux soins. Il les dĂ©pouille de leurs biens, puis dissimule leurs corps dans une piĂšce triangulaire conçue pour les enfermer et les observer pendant qu’ils agonisent, avant de brĂ»ler ou dissoudre leurs restes dans des fosses Ă  chaux vive. Ce mode opĂ©ratoire cruel et mĂ©thodique rĂ©vĂšle un cynisme hors norme et un goĂ»t pour la manipulation.

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L’arrestation de Petiot est le fruit d’une erreur providentielle. BlessĂ© dans son orgueil par l’accusation publique de collaboration dans un article du journal RĂ©sistance, il dĂ©cide d’envoyer un droit de rĂ©ponse manuscrit pour clamer son innocence et affirmer qu’il est un officier rĂ©sistant des FFI. Cette lettre, prĂ©cieuse pour sa dĂ©fense, se retourne contre lui : les autoritĂ©s font analyser son Ă©criture, qui correspond Ă  celle de Petiot. Ainsi identifiĂ©, il est arrĂȘtĂ© Ă  la sortie d’une station de mĂ©tro, portant sur lui des fausses identitĂ©s, une arme et de l’argent. Cette capture met fin Ă  une longue fuite et permet d’ouvrir le procĂšs d’une des affaires criminelles les plus sordides de la guerre.

En mars 1946 s’ouvre le procĂšs de Marcel Petiot devant la cour d’assises de Paris. DĂšs les premiers jours, il revendique cyniquement soixante-trois meurtres, expliquant qu’il tue des traĂźtres et collaborateurs pour la patrie. Mais les preuves et les tĂ©moignages dĂ©mentent ses affirmations : les victimes sont majoritairement des civils innocents, souvent juifs, dĂ©possĂ©dĂ©s de leurs biens. Le docteur garde un comportement dĂ©sinvolte, allant mĂȘme jusqu’à s’endormir lors des audiences. Son avocat, maĂźtre RenĂ© Floriot, prononce une plaidoirie de six heures pour tenter de sauver son client, sans succĂšs. AprĂšs dĂ©libĂ©ration, Petiot est reconnu coupable de vingt-six assassinats avec vol et prĂ©mĂ©ditation. Il est condamnĂ© Ă  mort et exĂ©cutĂ© en mai 1946. Son procĂšs marque une Ă©tape majeure dans la justice d’aprĂšs-guerre et reste un exemple frappant des monstruositĂ©s commises sous l’Occupation.

L’affaire Petiot illustre tragiquement la face sombre de la guerre, oĂč des hommes exploitent la peur et la misĂšre pour assouvir leur aviditĂ© et leur soif de pouvoir. Marcel Petiot, docteur Satan de la rue Le Sueur, symbolise cette monstruositĂ© cachĂ©e sous le masque respectĂ© d’un mĂ©decin, capable de perversion et de cruautĂ© extrĂȘmes. Son histoire rappelle que mĂȘme en temps de conflit et de rĂ©sistance, les monstres humains peuvent surgir, exploitant la dĂ©tresse pour commettre les pires atrocitĂ©s.


Illustration: le docteur Marcel Petiot pendant son procĂšs


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