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« SOLEIL LEVANT UN GRAND FEU L’ON VERRA » 📆 14 décembre 1503

Nostradamus peint par son fils Cesar

Le 14 décembre 1503, dans le doux village de Saint-Rémy-de-Provence, naît Michel de Nostredame. Ce bébé provençal ouvre les yeux sur une époque tourmentée par les épidémies de peste et les mystères célestes, bercé par une famille juive convertie qui lui transmet les premiers rudiments de médecine et d’astronomie. Dès son enfance, il trie les herbes et scrute les étoiles, semant les graines d’une existence où le savant et le visionnaire se confondront tout au long des siècles suivants.

L’apothicaire

Michel de Nostredame, ou Nostradamus comme il se latinise dans ses écrits, embrasse le métier d’apothicaire, ce boutiquier savant dont le nom évoque l’antique « apothecarius », gardien de remèdes précieux. Dans son officine encombrée de mortiers, alambics et pots d’épices exotiques, il prépare potions, onguents et sirops contre la peste qui ravage l’Europe, vendant aussi bien des conserves fruitées que des baumes cosmétiques. En 1552, il publie son Traité des fardemens et confitures, un trésor vivant de plus de 70 recettes où fraises, cerises et oranges se muent en marmelades sucrées, sirops revigorants ou parfums envoûtants, soignant à la fois le corps affaibli et l’âme délicate. À la Renaissance, cet homme aux mains calleuses par l’usage incessant des herbes unit commerce, médecine et art culinaire en une pratique noble, loin des charlatans itinérants qui promettent miracles éphémères, et s’inscrit dans une tradition héritée des Arabes et des moines, où chaque décoction raconte une histoire et un savoir ancestral.

Le prophète

Nostradamus compose Les Prophéties, son œuvre magistrale publiée en 1555 et enrichie jusqu’à sa mort, un vaste recueil structuré en « centuries » où chaque groupe de cent quatrains tisse en vers obscurs un voile sur guerres sanglantes, famines voraces et cataclysmes cosmiques. Ces poèmes, ciselés dans un français archaïque saupoudré de latin, grec et provençal, dépeignent un futur apocalyptique inspiré des prophètes bibliques comme Daniel ou Jean, évoquant pestes impitoyables, comètes funestes et empires qui s’effondrent. Les lecteurs, fascinés, y débusquent des échos troublants de la Révolution française, des guerres mondiales ou même de pandémies récentes, leur flou volontaire invitant chacun à projeter ses propres ombres et peurs, transformant ces lignes cryptiques en miroir éternel des angoisses humaines.

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L’apôtre des peurs collectives

La célébrité de Nostradamus jaillit comme une étincelle de ces quatrains malléables, que les esprits ingénieux plient après coup sur la mort tragique d’Henri II en 1559 lors d’un tournoi fatal, l’incendie dévastateur de Londres en 1666 ou l’ascension fulgurante de Napoléon. Ses almanachs annuels, diffusés dès les années 1550, attirent d’abord nobles inquiets et savants curieux dans une époque de guerres de religion déchirantes, où l’astrologie règne en reine des sciences occultes et où chaque étoile semble murmurer l’avenir. L’opacité poétique de ses mots, refusant toute clarté pour un voile de mystère, nourrit un engouement éternel qui traverse les siècles, transformant peurs collectives en légendes vivantes et en best-sellers posthumes, où confirmation biaisée et imagination galopante font de lui le prophète par excellence.

Astrologue et médecin royal

De son vivant, Nostradamus rayonne d’un prestige mesuré mais éclatant comme astrologue et médecin royal : en 1556, Catherine de Médicis, reine mère aux ambitions dévorantes, le convoque à Paris, ébranlée par un quatrain semblant annoncer la funeste lance qui perce l’œil d’Henri II lors d’un tournoi. Charles IX le nomme officiellement médecin et astrologue de la cour en 1564, et des figures comme Henri de Navarre – futur Henri IV – lui rendent visite dans sa maison de Salon-de-Provence, signe d’un respect profond chez les élites. Pourtant, ce voyageur sédentaire affronte critiques acerbes de catholiques rigoristes, protestants suspicieux et rivaux astrologues, écopant même d’une brève incarcération pour publication sans aval ecclésiastique.

Sa renommée demeure intime et élitiste, ancrée dans les cercles du pouvoir, avant d’exploser après sa mort en 1566 en un mythe immortel qui hante encore nos imaginations.


Titre: « SOLEIL LEVANT UN GRAND FEU L’ON VERRA Â» – Prophétie annonçant, peut-être, l’explosion atomique d’Hiroshima

Illustration: Portrait de Michel de Nostredame, médecin et astrologue de la Renaissance française, peint par son fils César de Nostredame (1553-1630 ?). – Wikipédia

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