Je soutiens le projet

Oktoberfest

đŸș PROSIT ! đŸ» 📆 17 octobre 1810

Chaque annĂ©e, Munich vit au rythme de l’Oktoberfest, la fĂȘte de la biĂšre, mais il faut remonter au 17 octobre 1810 pour comprendre l’origine de cette fĂȘte aussi lĂ©gendaire que populaire. Ce jour-lĂ , la ville cĂ©lĂšbre le mariage du prince hĂ©ritier Louis de BaviĂšre avec la princesse ThĂ©rĂšse de Saxe-Hildburghausen.

L’Ă©vĂ©nement ne ressemble en rien Ă  une rĂ©ception aristocratique figĂ©e : la citĂ© s’anime autour d’une grande course de chevaux organisĂ©e devant les murs de la ville, sur une vaste prairie rebaptisĂ©e Theresienwiese (« prairie de ThĂ©rĂšse »), en hommage Ă  la princesse. DĂšs la premiĂšre Ă©dition, l’enthousiasme est palpable. Munich ne compte que 40 000 habitants, mais 50 000 personnes affluent pour assister aux festivitĂ©s. Ce miracle d’unitĂ© que le roi Maximilien Ier veut prĂ©server s’enracine d’annĂ©e en annĂ©e. La course hippique fait office de spectacle phare, remportĂ©e par Franz Baumgartner, initiateur de l’idĂ©e. Ce succĂšs populaire encourage la ville Ă  renouveler l’évĂ©nement, qui ne changera jamais de lieu et qui deviendra la tradition incontournable qu’on connaĂźt aujourd’hui du premier samedi de la deuxiĂšme quinzaine de septembre (Ă  midi exactement), jusqu’au premier dimanche d’octobre (sauf si celui-ci est le 1er ou le 2 octobre auquel cas la fĂȘte est prolongĂ©e jusqu’au 3).

L’atmosphĂšre qui rĂšgne lors de cette premiĂšre fĂȘte de la biĂšre est vivante et chaleureuse. On ressent un vrai dĂ©sir de rassembler, de divertir et d’unifier les Bavarois fraĂźchement annexĂ©s au royaume. Des activitĂ©s sportives, mais aussi des dĂ©monstrations agricoles et des festivitĂ©s royales marquent la journĂ©e. Les premiĂšres annĂ©es, la fĂȘte est surtout une grande foire agricole destinĂ©e Ă  relancer l’économie rurale, imprĂ©gnĂ©e d’une solide dimension nationale. Pas encore de tentes Ă  biĂšre gĂ©antes ni de manĂšges : les plaisirs sont simples, la convivialitĂ© intense, et la biĂšre se partage dans de modestes baraques. On mise sur la course hippique, qui attire la curiositĂ© et l’enthousiasme du public au point de devenir le point d’orgue des festivitĂ©s. À partir de 1811, devant le succĂšs retentissant, la fĂȘte est reconduite chaque annĂ©e et commence Ă  installer ses premiĂšres constructions oĂč l’on peut se restaurer et boire.

Tu apprécies mes contenus. Clique ici pour soutenir l'édition de cet almanach.

Vers 1818, l’Oktoberfest prend un virage dĂ©cisif et se transforme progressivement en vĂ©ritable fĂȘte de la biĂšre. Les brasseries locales saisissent l’opportunitĂ© d’écouler leurs stocks de MĂ€rzen – une biĂšre brassĂ©e au printemps et conservĂ©e jusqu’à l’automne – pour Ă©viter le gaspillage avant la nouvelle saison de brassage. Des stands apparaissent, la biĂšre s’impose comme le cƓur de la fĂȘte, et la gastronomie bavaroise vient complĂ©ter l’offre. Cette nouvelle dimension populaire attire trĂšs vite une foule Ă©largie et donne Ă  l’Oktoberfest son identitĂ© brassicole. Avec la naissance des grandes tentes Ă  biĂšre Ă  la fin du XIXe siĂšcle et l’intĂ©gration de manĂšges et attractions, la fĂȘte prend une ampleur nouvelle.

Pour les brasseurs, l’utilitĂ© de l’Oktoberfest fait Ă©cho Ă  leur stratĂ©gie commerciale : ils profitent de l’afflux massif de visiteurs pour prĂ©senter leurs biĂšres, Ă©couler leur production et gagner en notoriĂ©tĂ© nationale et internationale. La fĂȘte devient un pilier de la culture bavaroise, mettant en avant les savoir-faire locaux, dynamisant le tourisme brassicole et fidĂ©lisant les amateurs venus de partout. Les brasseries munichoises, partenaires historiques de l’évĂ©nement, sont les grandes gagnantes de cette tradition : elles bĂ©nĂ©ficient ensuite d’une reconnaissance mondiale et prennent une part active au rayonnement Ă©conomique et culturel de la BaviĂšre.

Aujourd’hui, seules les biĂšres brassĂ©es dans la ville de Munich et respectant la loi de puretĂ© allemande (Reinheitsgebot) ont droit de citĂ© sous les tentes officielles. Six brasseries se partagent ce privilĂšge : Augustiner, Hacker-Pschorr, HofbrĂ€u MĂŒnchen, LöwenbrĂ€u, Paulaner et Spaten. Parmi les spĂ©cialitĂ©s, la MĂ€rzenbier – une lager ambrĂ©e autour de 6 % d’alcool au goĂ»t maltĂ© et houblonnĂ© – est la grande star de l’Oktoberfest. La Festbier rivalise aussi sur les tables, tandis que certaines tentes proposent une Doppelbock puissante ou une Dunkles Weissbier plus fruitĂ©e. Cette diversitĂ© s’apprĂ©cie exclusivement dans les “Maß” (mass), d’épaisses chopes en verre d’un litre, symbole de la fĂȘte et de la convivialitĂ© bavaroise. Les serveurs et serveuses circulent entre les tablĂ©es avec des piles de chopes, et la mesure est si sacrĂ©e que demander un demi-litre relĂšve de l’anecdote folklorique ! Le “Maß” naĂźt en terre cuite, puis en verre Ă  partir du XIXe siĂšcle pour garantir la transparence et la quantitĂ© promise. Il reste la star des festivitĂ©s, et les brasseries veillent Ă  ce que chacune porte leur sigle officiel.

L’Oktoberfest, au-delĂ  des litres de biĂšre servis et des chants rĂ©sonnant sous les tentes, demeure un grand rassemblement populaire. Elle cĂ©lĂšbre la convivialitĂ©, la tradition, le patrimoine brassicole et une gĂ©nĂ©rositĂ© populaire qui, depuis plus de deux siĂšcles, continue d’attirer et de rassembler le monde entier sur la mythique Theresienwiese.

Tout ceci ne doit tout de mĂȘme pas faire oublier que l’abus d’alcool est dangereux pour la santĂ©, alors un grand PROSIT ! đŸ» mais raisonnablement 😉


Illustration: Oktoberfest. – Pinterest


Pour poursuivre cette lecture