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LES SARDINIÈRES EN ONT GROS À DOUARNENEZ 📆 25 novembre 1924

Grève des sardinieres 1924

Le 25 novembre 1924, Douarnenez est en ébullition : une grève générale paralyse toutes les conserveries de sardines de la ville. Plus de 2 000 personnes, dont environ trois quarts de femmes, défilent dans les rues pour dénoncer des conditions de travail inhumaines et réclamer une augmentation salariale. Ce mouvement social, porté par des ouvrières surnommées les « Penn Sardin », dépasse rapidement la simple revendication économique pour devenir une lutte symbolique, soutenue par des militants féministes et communistes comme Lucie Colliard et Charles Tillon.

Les sardinières travaillent dans des conditions extrêmement pénibles. Elles enchaînent des journées de 16 à 18 heures dans des usines où la fraicheur du poisson ne laisse aucune marge de manœuvre. Sans glacières ni chambre froide, elles doivent conditionner rapidement le poisson fragile. Leur salaire dérisoire, environ 80 centimes de franc de l’heure, ne leur permet pas de vivre dignement. À cela s’ajoutent des horaires interminables, peu de pauses, un travail souvent nocturne et un manque total de protection sociale, avec même des enfants très jeunes à l’usine. Ces conditions insupportables exacerbent le ras-le-bol qui éclate en cette fin d’année 1924.

Cette grève intervient dans un contexte de crise de la pêche à la sardine, qui se traduit par une raréfaction du poisson à Douarnenez depuis plusieurs années. Les pêcheurs et les ouvrières des conserveries souffrent d’une baisse drastique d’activité, plongeant toute une région dans la misère. Cette crise économique et sociale nourrit le mécontentement et renforce la détermination des sardinières à obtenir justice.

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L’ampleur du mouvement est impressionnante : environ 2 200 salariés arrêtent le travail, paralysant complètement l’industrie locale. La grève dure 46 jours et connaît même des affrontements violents, notamment contre des briseurs de grève. Le maire communiste Daniel Le Flanchec, fervent soutien des ouvrières, est grièvement blessé dans ces heurts. Le mouvement prend rapidement une dimension politique, avec le soutien du Parti communiste et une forte médiatisation.

Le gouvernement réagit en prenant part à une médiation. Après plusieurs semaines de négociations difficiles, un accord est trouvé et scellé dans ce que l’on appelle le « contrat de Douarnenez ». Ce contrat fait passer le salaire horaire d’environ 80 centimes à 1 franc. Il reconnaît aussi le paiement des heures supplémentaires et du travail de nuit, ainsi que le droit syndical, une avancée majeure pour les sardinières. Cette victoire sociale immense transforme durablement les conditions de travail des ouvrières et inspire d’autres luttes ouvrières dans la région et en France, marquant un tournant pour les droits des travailleuses dans l’industrie sardinière.


Illustration: Grève des sardinières 1924 – Un groupe de grévistes femmes – ©Cedias – Musée social