Le 7 juillet 1815, la France ferme un chapitre tragique de son histoire : c’est la fin du règne éphémère de Napoléon II, celui que la postérité appelle « l’Aiglon ». À peine proclamé empereur par son père, Napoléon Ier, le jeune prince de quatre ans voit son trône lui échapper sous la pression des armées alliées et du retour des Bourbons. Paris tombe, l’Empire s’effondre, et l’enfant, loin de la scène politique, devient une figure aussi fascinante que poignante de la légende napoléonienne.
L’espoir d’une dynastie
Napoléon François Charles Joseph Bonaparte naît le 20 mars 1811 au palais des Tuileries, à Paris. Dès sa naissance, il reçoit le titre de roi de Rome, symbole éclatant d’une dynastie que Napoléon Ier veut fonder. Ce bébé impérial, entouré de faste et de dévotion, incarne l’espoir d’un empire durable. Mais derrière la lumière, l’ombre s’installe vite : son père, accaparé par les guerres, est souvent absent, et la France impériale vacille sous les coups des coalitions européennes. En 1814, alors que les Alliés approchent de Paris, l’enfant n’a pas trois ans lorsque sa mère, Marie-Louise d’Autriche, l’emmène en exil, franchissant le Rhin pour rejoindre la cour autrichienne.
Un règne fantôme
Après la défaite de Waterloo, le 22 juin 1815, Napoléon Ier abdique une seconde fois et proclame son fils empereur sous le nom de Napoléon II. Mais ce règne n’existe que sur le papier : le petit prince, alors en Autriche, n’a que quatre ans et ne met jamais les pieds sur le trône. Le pouvoir réel lui échappe totalement : le gouvernement provisoire français tergiverse, les Chambres refusent de le proclamer officiellement le 7 juillet, et Louis XVIII, soutenu par les armées alliées, reprend possession de Paris le lendemain. En à peine vingt jours, l’Aiglon voit son « règne » s’achever sans avoir jamais exercé la moindre autorité.
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La fin du rêve impérial
Après la chute de l’Empire, Napoléon II est emmené à Vienne, où il devient le duc de Reichstadt, titre offert par son grand-père, l’empereur d’Autriche. Il grandit à la cour autrichienne, entouré de luxe mais privé de liberté. L’Europe de Metternich veille jalousement à ce que le fils de Napoléon ne puisse jamais incarner une menace pour l’ordre établi. Jeune homme blond, élégant mais mélancolique, il mène une vie dorée et solitaire, loin de la France et de ses rêves de grandeur. Il meurt prématurément, à 21 ans, de la tuberculose, sans alliance ni descendance, emportant avec lui les espoirs de restauration impériale.


Une légende romantique
La figure de Napoléon II ne cesse d’inspirer la France, surtout après la mort de son père à Sainte-Hélène. Les bonapartistes voient en lui l’héritier légitime, le prince sacrifié, le symbole d’une grandeur perdue. Sa vie brève et tragique fascine poètes et écrivains : Victor Hugo lui consacre un poème, et Edmond Rostand immortalise sa légende en 1900 avec la pièce « L’Aiglon », où Sarah Bernhardt incarne le jeune empereur. Le surnom d’Aiglon, inspiré par l’aigle impérial de son père, devient le symbole d’un destin brisé mais lumineux, d’un rêve d’Empire inassouvi.
Illustration: Napoléon-François-Charles-Joseph Bonaparte, 1818-1819, Thomas Lawrence. – Wikipédia
