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LES DÉBUT DE LA PREMIÈRE SPEAKERINE FRANÇAISE 📆 8 décembre 1935

Suzy Wincker et les débuts de la télévision

Mesdames et Messieurs, bonsoir ! Evoquons aujourd’hui le souvenir de Suzy Wincker qui fait ses débuts à la télévision française le 8 décembre 1935, un soir mémorable où elle illumine l’écran naissant de Radiovision-PTT !

Née Suzanne Pauline Van Kerckhoven le 7 mars 1894 à Vanves d’origine belge, cette chanteuse et comédienne chevronnée, déjà habituée aux cabarets parisiens, aux music-halls, aux théâtres et même au cinéma avec des rôles dans des opérettes comme Monsieur l’Amour ou le film Aux urnes, citoyens ! en 1932, se pare d’une robe du soir élégante. Depuis le modeste studio rue de Grenelle à Paris, elle annonce avec grâce et assurance le programme inaugural, captivant une poignée de Parisiens émerveillés dans des lieux publics, et marque ainsi les balbutiements d’un média révolutionnaire encore balbutiant, bien avant les speakerines stars des années 1950 !

La naissance de Radiovision-PTT

Sachez, chers téléspectateurs, que Radiovision-PTT émerge comme la première chaîne de télévision généraliste publique nationale française, impulsée avec détermination par le ministre des PTT Georges Mandel dès les expériences de 1931 ! Elle adopte le système Barthélemy, un procédé électromécanique ingénieux et stable, préféré au système Baird pour sa fiabilité, qui analyse l’image via un disque de Nipkow rotatif percé de 30, 60 ou 180 trous en spirale tournoyant à vive allure devant l’objectif. Le signal visuel, en 180 lignes pour l’occasion, jaillit d’un émetteur installé sous le pilier nord de la Tour Eiffel, tandis que l’audio est relayé par les stations Paris-PTT et Tour Eiffel ; les diffusions, inaugurées officiellement le 13 février 1935, restent sporadiques et expérimentales jusqu’en 1939, interrompues par la guerre, avec une poignée de foyers équipés !

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Les postes de télévision primitifs

Figurez-vous que les premiers récepteurs, de modestes boîtiers en bois ou métal hauts de 40 à 60 cm et pesant 10 à 20 kg, abritent un écran dépoli rond ou rectangulaire de 10 à 20 cm de diagonale, où l’image monochrome saccadée prend vie par persistance rétinienne ! À l’intérieur, un disque de Nipkow identique à celui de l’émission tourne à 1000 tours par minute devant une lampe au néon ou un cratère dont l’intensité varie avec le signal reçu, synchronisé par un moteur électrique et amplifié pour compenser la faiblesse du flux hertzien via une antenne dédiée. L’État, via les PTT et des entreprises comme la Compagnie des Compteurs de René Barthélemy, déploie une dizaine de ces prototypes fragiles et coûteux dans des endroits publics parisiens – mairies, offices de tourisme, cafés comme Weber ou la Coupole –, loin des foyers privés inaccessibles en raison du prix exorbitant et de la technique encore immature !

La soirée inaugurale du 8 décembre

La foule des grandes occasions se tient devant les postes, à 21 heures précises ce dimanche soir, lorsque Suzy Wincker ouvre avec élégance l’émission d’une heure et demie de spectacle de variétés : Léon Jamane enchante avec son one-man-show d’imitateur virtuose, Colette Fleuriot et Georges Milton succèdent en sketches musicaux pétillants, avant un final rythmé de danses et chansons endiablées ! Environ 3000 curieux, venus des quatre coins de Paris, se pressent dans six lieux publics équipés de ces précieux postes, captivés malgré l’image faible, tremblotante et de faible luminosité due aux limites techniques, sous l’œil vigilant de techniciens prêts à intervenir.

Ce moment historique, surveillé de près, consacre le lancement officiel de la télévision française, un prodige vu par une élite de spectateurs émerveillés dans une atmosphère tamisée et électrique !