Hugues Duroy de Chaumareys est condamné à trois ans de prison le 3 mars 1817 pour sa responsabilité dans le naufrage de la frégate La Méduse. Il est reconnu coupable de l’échouage du navire, de son abandon prématuré et de la tragédie du radeau qui s’en est suivie.
Hugues Duroy de Chaumareys est un noble royaliste qui n’a quasiment plus navigué depuis l’Ancien Régime. Il obtient le commandement de La Méduse en 1816 grâce au retour de la monarchie, malgré son manque d’expérience récente. Sa nomination s’inscrit dans un contexte où la monarchie restaurée cherche à placer des officiers loyaux, parfois au détriment des compétences nécessaires.
Le naufrage de La Méduse se déroule le 2 juillet 1816. Chaumareys commet plusieurs erreurs de navigation : il distance les navires d’escorte, calcule mal la position du navire et ignore les avertissements de son équipage. La frégate s’échoue sur un banc de sable au large de la Mauritanie. Malgré les tentatives de renflouement, une tempête aggrave les dégâts en brisant la quille.
L’abandon du navire est décidé le 5 juillet. Les canots et chaloupes s’avèrent insuffisants pour transporter les 400 personnes à bord. Un radeau de fortune est construit pour accueillir environ 150 passagers. Le plan initial est que les chaloupes remorquent le radeau jusqu’au littoral. Cependant, deux heures après le départ, les amarres reliant le radeau aux canots se rompent, l’abandonnant en pleine mer.
La tragédie du radeau dure treize jours. Les provisions s’épuisent rapidement, provoquant des conflits. Certains se jettent à l’eau, d’autres sont passés par-dessus bord. La faim et la soif poussent les survivants à des actes extrêmes, y compris le cannibalisme. Sur les 150 personnes initialement embarquées, seuls 15 survivants sont récupérés par le brick Argus le 17 juillet.
A sa sortie de prison, il se retire dans la demeure de sa mère, le château de Lachenaud à Bussière-Boffy, où il accumule les dettes. A la saisie du château après sa mort, son fils se suicide.
Théodore Géricault immortalise ce drame humain dans son œuvre célèbre « Le radeau de la Méduse », peinte entre 1818 et 1819. Cette peinture à l’huile sur toile de grandes dimensions (491 x 716 cm) représente le moment où les survivants aperçoivent le navire de secours. Géricault réalise des recherches approfondies, rencontrant des survivants et étudiant des cadavres pour rendre la scène avec réalisme. L’œuvre marque une rupture avec la peinture néoclassique et devient une figure emblématique du mouvement romantique.
Illustration: Le radeau de la Méduse, Théodore Géricault, 1818-1819