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KUBILAI, GRAND KHAN DES MONGOLS, ENTRE DANS LA LÉGENDE 📆 5 mai 1260

Le 5 mai 1260, le vent souffle fort sur les plaines de Mongolie. Les chefs de guerre, les nobles et les dignitaires se rassemblent : Kubilai Khan, petit-fils du lĂ©gendaire Gengis Khan, est proclamĂ© Grand Khan des Mongols. Ce jour-lĂ , un nouveau chapitre s’ouvre pour l’Empire mongol. Kubilai n’est pas seulement un chef de guerre, il est aussi un stratĂšge et un visionnaire. À la tĂȘte d’un empire immense, il se fixe un objectif audacieux : soumettre la Chine, ce gĂ©ant aux traditions millĂ©naires, et y installer un pouvoir durable. Son avĂšnement marque le dĂ©but d’une Ăšre de bouleversements et de transformations profondes pour toute l’Asie.

Un héritage impressionnant

Kubilai Khan naĂźt en 1215, au cƓur d’une dynastie qui ne connaĂźt que la victoire. Son pĂšre, Tolui, est le plus jeune fils de Gengis Khan, le fondateur de l’Empire mongol, et sa mĂšre, Sorgaqtani, une princesse rĂ©putĂ©e pour son intelligence et sa finesse politique. Cette lignĂ©e exceptionnelle façonne l’enfance de Kubilai : il grandit dans un univers oĂč la guerre, la diplomatie et la conquĂȘte sont le quotidien. Mais Kubilai ne se contente pas d’hĂ©riter d’un empire. Il se distingue par sa curiositĂ©, sa capacitĂ© Ă  apprendre des autres cultures, et son dĂ©sir de bĂątir un pouvoir qui ne repose pas uniquement sur la force des armes. Il rĂȘve d’un empire organisĂ©, prospĂšre, capable d’unir des peuples trĂšs diffĂ©rents sous une mĂȘme banniĂšre.

La conquĂȘte de la Chine

Quand Kubilai prend le pouvoir, la Chine du Sud rĂ©siste encore Ă  la domination mongole. La dynastie Song, retranchĂ©e derriĂšre ses murailles, oppose une rĂ©sistance farouche. Mais Kubilai ne recule devant rien. Il lance de vastes campagnes militaires, mobilise ses gĂ©nĂ©raux les plus talentueux, et assiĂšge les grandes citĂ©s du sud. Le siĂšge de Xiangyang, long et Ă©prouvant, marque un tournant : grĂące Ă  l’ingĂ©niositĂ© de ses ingĂ©nieurs et Ă  la puissance de ses armĂ©es, Kubilai parvient Ă  ouvrir la route du Yangzi Jiang. La prise de Hangzhou, capitale des Song, puis la bataille navale de Yamen en 1279, scellent le sort de la Chine du Sud. Pour la premiĂšre fois depuis des siĂšcles, la Chine entiĂšre est unifiĂ©e sous une seule autoritĂ©, celle de Kubilai Khan.

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Installation du pouvoir à Pékin

Kubilai Khan sait que pour durer, il doit faire plus que conquĂ©rir : il doit gouverner. En 1271, il fonde la dynastie Yuan et choisit Dadu (l’actuelle PĂ©kin) comme nouvelle capitale. Ce choix n’est pas anodin : il place le centre du pouvoir au cƓur de la Chine du Nord, tout en restant fidĂšle Ă  ses racines mongoles. Kubilai adopte les institutions, les rituels et le mode de vie chinois. Il se proclame empereur, prend un nom d’ùre, et fait frapper des monnaies Ă  son effigie. Il s’entoure de conseillers venus de tous horizons : Chinois, Mongols, Persans, et mĂȘme EuropĂ©ens. Son palais devient un carrefour cosmopolite, oĂč se croisent les idĂ©es, les marchandises et les cultures. Kubilai modernise l’administration, dĂ©veloppe les routes, le Grand Canal, et encourage le commerce. Il veut faire de la Chine un empire prospĂšre, stable et respectĂ©.

Kubilai et Marco Polo

C’est dans ce contexte que Marco Polo, jeune VĂ©nitien intrĂ©pide, arrive Ă  la cour de Kubilai Khan vers 1275. Le Grand Khan, curieux de tout ce qui vient d’ailleurs, remarque vite ce jeune homme intelligent, capable de s’adapter et de comprendre les subtilitĂ©s de l’Orient. Il le prend Ă  son service, lui confie des missions d’émissaire et d’administrateur, et l’envoie parcourir les provinces de l’empire. Marco Polo dĂ©couvre alors une Chine fascinante, des villes immenses, des richesses insoupçonnĂ©es, des peuples et des coutumes incroyablement variĂ©s. Il rapporte tout Ă  Kubilai, qui apprĂ©cie ses observations prĂ©cises et son regard neuf. De retour en Europe, Marco Polo raconte ses aventures dans Le Livre des merveilles, faisant de Kubilai Khan une lĂ©gende vivante aux yeux des Occidentaux. GrĂące Ă  lui, l’image de la Chine et de son empereur franchit les frontiĂšres et nourrit l’imagination de l’Europe mĂ©diĂ©vale.

Un empire immense mais fragile

Sous Kubilai Khan, l’Empire mongol atteint une taille jamais vue : plus de 33 millions de kilomĂštres carrĂ©s, de la CorĂ©e Ă  la Russie, de la Chine Ă  la Perse. Mais cette immensitĂ© cache des failles. L’unitĂ© de l’empire n’est qu’apparente : les khanats frĂšres, en Asie centrale, en Russie et au Moyen-Orient, prennent peu Ă  peu leur indĂ©pendance. En Chine mĂȘme, la hiĂ©rarchie sociale imposĂ©e par les Mongols crĂ©e des tensions. Les Mongols et leurs alliĂ©s occupent les plus hautes fonctions, tandis que les Chinois Han, majoritaires, sont relĂ©guĂ©s au second plan. Les frustrations s’accumulent, la mĂ©fiance grandit. MalgrĂ© ses efforts pour intĂ©grer les Ă©lites locales et moderniser le pays, Kubilai ne parvient pas Ă  effacer le sentiment d’étrangetĂ© qui sĂ©pare les conquĂ©rants de leurs sujets.

Grandeur et décadence

AprĂšs la mort de Kubilai Khan en 1294, la dynastie Yuan perd peu Ă  peu de sa superbe. Ses successeurs manquent de charisme et de vision. Les luttes de pouvoir Ă  la cour se multiplient, la corruption gangrĂšne l’administration, les catastrophes naturelles et les famines fragilisent encore davantage le rĂ©gime. Les rĂ©voltes paysannes, comme celle des Turbans rouges, Ă©clatent un peu partout. La dynastie Yuan, isolĂ©e dans ses palais, perd le contact avec la rĂ©alitĂ© du pays. En 1368, un chef rebelle, Zhu Yuanzhang, chasse les derniers Mongols de PĂ©kin et fonde la dynastie Ming. Les Yuan se replient en Mongolie, oĂč ils survivent sous le nom de « Yuan du Nord », mais leur rĂȘve de domination sur la Chine s’achĂšve.

Un souverain légendaire

La lĂ©gende de Kubilai Khan doit beaucoup aux rĂ©cits de Marco Polo, qui, dans Le Livre des Merveilles, dĂ©crit l’empereur comme un souverain visionnaire et puissant Ă  la tĂȘte d’un empire fabuleux. GrĂące au regard Ă©merveillĂ© du voyageur vĂ©nitien, l’Europe dĂ©couvre une Chine sophistiquĂ©e et prospĂšre, et la figure de Kubilai s’aurĂ©ole de mystĂšre et de grandeur. Ce rĂ©cit transforme Kubilai en un personnage mythique, symbole de rencontre entre mondes et source d’inspiration pour l’imaginaire collectif.


Illustrations:
– Statue moderne du souverain mongol Kubilai Khan (1215-1294 apr. J.-C.). Place Sukhbaatar, Oulan-Bator, Mongolie. – Image originale de A. Omer Karamollaoglu
L’empire mongol Ă  son apogĂ©e